Depuis plusieurs années, le Canada connaît une hausse importante de l’immigration internationale, ce qui a contribué à une augmentation rapide de la population dans les grandes provinces comme l’Ontario, le Québec et la Colombie-Britannique. Cette croissance démographique, stimulée par un afflux constant de nouveaux arrivants, a exercé une pression accrue sur le marché locatif, en particulier dans les centres urbains. Le manque de logements disponibles, la hausse des loyers et la forte demande en logements abordables sont des problématiques qui inquiètent de plus en plus de locataires, propriétaires et urbanistes.
En réponse à cette situation, les gouvernements fédéral et provinciaux ont tenté d’ajuster leurs politiques de logement et d’immigration pour mieux équilibrer les besoins en habitations avec l’accueil des nouveaux résidents. Toutefois, malgré ces efforts, le marché locatif reste tendu, notamment au Québec, où les arrivées de nouveaux résidents internationaux continuent de croître, accentuant les défis déjà présents. Cette année encore, la tendance se poursuit avec une augmentation des flux migratoires au Québec, alors que l’Ontario et la Colombie-Britannique connaissent un ralentissement.
Croissance de la migration internationale au Québec
Selon les données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), plus de 105 000 immigrants et résidents non permanents sont arrivés au Québec entre janvier et juin 2024. Pour la même période en 2023, ce chiffre s’élevait à 92 631, représentant une augmentation d’environ 14 %.
Francis Cortellino, économiste à la SCHL, travaille actuellement à finaliser l’étude annuelle du marché locatif, prévue pour publication à la mi-décembre. Cette analyse, toujours très attendue par les regroupements de locataires et de propriétaires, promet de fournir des insights précieux sur la crise du logement qui touche la région de Montréal et d’autres secteurs du Québec.
Comparaison avec l’Ontario et la Colombie-Britannique
En raison de l’actualité entourant le débat sur l’immigration, M. Cortellino a partagé ces nouvelles données sur LinkedIn. « On s’attend à une année encore très forte », a-t-il expliqué, en se montrant surpris par la diminution du nombre de nouveaux arrivants dans d’autres provinces.
Entre janvier et juin 2024, l’Ontario et la Colombie-Britannique ont respectivement connu des baisses de 18 % et de 12,7 % dans le nombre d’immigrants et de résidents non permanents par rapport à la même période de 2023. Toutefois, malgré cette baisse, l’Ontario reste en tête avec 207 656 nouveaux arrivants durant cette période, suivie par le Québec, puis la Colombie-Britannique avec 79 856.
Pour l’instant, la SCHL dispose des données jusqu’en juin 2024. « Il sera intéressant de suivre les chiffres des six derniers mois de 2024 pour voir si cette tendance se confirme », a ajouté M. Cortellino. Ces statistiques ne prennent cependant pas en compte les départs d’immigrants, qui s’élèvent à environ 2 500 pour le Québec, soit environ 2,4 % des 105 000 nouveaux arrivants.
Pression sur le marché locatif
Le 26 octobre dernier, le gouvernement fédéral a révisé à la baisse ses objectifs d’immigration permanente, passant de 500 000 à 395 000 résidents permanents pour 2025, dans le but de limiter l’impact sur le marché du logement.
« Plusieurs facteurs contribuent à la pression sur le marché locatif, la forte croissance de la population en est un », a souligné M. Cortellino. Il a également rappelé que la migration internationale joue un rôle important dans cette croissance. Toutefois, selon lui, cette pression ne s’explique pas seulement par la migration : « Les jeunes restent beaucoup plus locataires qu’avant », a-t-il précisé.
Suspension des demandes de résidence permanente au Québec
Face à cette situation, le gouvernement du Québec a récemment pris des mesures pour contrôler la croissance de l’immigration permanente. Le 31 octobre 2024, le ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Jean-François Roberge, a annoncé la suspension de la réception des demandes de sélection permanente dans le cadre du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) – volet Diplômés du Québec, ainsi que l’arrêt des invitations à présenter une demande de sélection permanente dans le Programme régulier des travailleurs qualifiés (PRTQ).
Cette suspension est en vigueur jusqu’au 30 juin 2025 au plus tard et vise à limiter le nombre d’admissions de personnes immigrantes dans des programmes d’immigration permanente.
Ces mesures s’inscrivent dans un contexte de forte croissance du nombre de résidents non permanents et ont pour objectif de mieux encadrer l’immigration sur le territoire québécois. Le gouvernement prévoit également inclure l’immigration temporaire dans sa prochaine planification pluriannuelle de l’immigration, prévue pour le printemps 2025, et envisage un scénario de réduction des seuils d’immigration permanente.
Source : La Presse
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