Quand Laurence et Laurent vous demandent d’écrire une chronique pour leur site… Difficile de dire non! En tout cas, moi, j’ai toujours eu du mal à leur dire non… Sont tenaces… 😉 C’est comme ça qu’en 1999, je me suis retrouvée à écrire un premier texte pour Immigrer.com. J’ai fait cela presque chaque semaine durant 2 ans. Puis d’autres ont pris le relais. Avec plein de nouvelles expériences à partager que la mienne. Et je trouvais cela très bien comme ça.
Aujourd’hui, « on » me demande de faire un bilan de toutes ces années passées au Québec pour les 20 ans d’Immigrer.com… J’aime pas trop les bilans… Trop de choses se bousculent en même temps dans ma tête pour arriver à vous résumer toutes ces années si fortes de ma petite vie. Jamais été douée pour les résumés. Alors je vous préviens d’avance… ce sera du « en vrac »! comme ça vient. Ce ne sera pas vraiment un bilan. Plus un regard sur cette vie qui passe et ce que je ressens aujourd’hui. Pas sûre que ce soit véritablement une « chronique » et ce sera certainement un peu trop long… et imparfait. Comme moi.
Ah. Et si vous espérez que je vous donne le truc pour s’intégrer parfaitement, pour trouver la pilule du bonheur québécoise, euh… je n’ai pas la recette magique! Je ne suis pas une spécialiste du Québec, loin de là. Pas une spécialiste de l’immigration non plus. Pas du genre à tout réussir encore moins. Bref. J’essaie juste de faire de mon mieux, la plupart du temps. Alors, ce que je partage reste du vécu sans prétention. Et me concernant moi seulement, puisque je ne parlerai pas pour d’autres…
J’ai immigré au Québec lorsque j’avais 27 ans, pas d’enfant, avec l’homme de ma vie qui en avait 28, et évidemment plein d’espoirs, de projets et de vie dans mes bagages! 4 cantines de métal et 4 gros sacs de sports rassemblaient nos 2 vies. Nous les avons toujours… mais notre vie dépasse bien plus de ces bagages maintenant.
Quand je pense à toutes ces années, je suis heureuse d’avoir choisi de vivre ici. Aucun regret pantoute, juste un grand sourire dans la face quand je pense à ce grand saut que j’ai fait en ce mois de septembre 2000. J’ai encore dans la tête et le cœur mes émotions du moment où je suis montée dans cet avion sans billet de retour dans la poche.
J’ai toujours eu du mal à expliquer le pourquoi j’ai décidé de faire ÇA « exactement ». En fait, plein de raisons bien sûr, mais pourquoi le Québec ? Une partie de mon cœur répondrait que c’est parce que mon Papi adoré m’en parlait quand j’étais enfant… et je me rappelle qu’il aurait tant aimé poser ses pieds ici. Il n’a pas pu le faire. Il avait grandi sans avoir la chance d’aller à l’école mais il avait appris la mécanique vers l’âge de 10 ans et travaillé très jeune sur les premières autos de la ville en fumant des cigarettes sans filtre… jusqu’à travailler sur des moteurs d’avions. Il rêvait en regardant les avions s’envoler… Il aimait conduire vite. Il avait vécu plus d’une vie, plus d’une guerre, et avait rêvé du Québec. Et moi, qui aimait tant l’écouter, depuis mes 12 ans, j’avais ce coin de la planète dans ma tête qui me semblait un bon endroit pour atterrir dans une autre vie un jour… Alors imaginez mon sourire quand j’ai réalisé que mon chum, 15 ans plus tard, avait aussi l’envie de tenter notre vie ici ?! héhé… Reste qu’à chaque année qui passe, chaque début septembre depuis l’année 2000, je pense à mon Papi. (Toujours là, Papi. ) Je suis toujours là, à Montréal. Il nous arrive encore avec mon chum de nous regarder en souriant en nous disant : « Tu te rends compte ? On est à Montréal, là ! Au Québec ! On y est encore… »
On y est encore… Environ 6935 jours de vie ici.
Laurent m’a posé la question : qu’est-ce que ces 19 ans au Québec ont changé dans ma vie ?
Alors…
- Nombre de chums 😉 : un seul !!! toujours le même depuis un peu plus de 25 ans…
- Nombre d’enfants : 2 nés à Montréal (un ado et un pré-ado) + 1 chat
- Nombre de logements : 5 (4 déménagements les 2 premières années)
- Nombre de mètres de neige : selon les statistiques moyennes, environ 4000m (mais ça diminue au fil des ans… ) Presque 15000mm de pluie aussi… dont de plus en plus de verglaçantes l’hiver ces dernières années…
- Nombre de périodes de canicule irrespirables et collantes : autour de 45 (au moins 2 par été, 3 certaines années)
- Nombre de mitaines, cache-cous et tuques perdus : plus de 40… Je compte pas les vestes, les casquettes, les boîtes à lunchs et leurs divers contenants, les gourdes d’eau…
- Nombre de lunchs préparés avec amour (la plupart du temps) : plus de 6000… (!!!$%?&%*!) Autour de 15000 repas familiaux en plus… (ça remet des choses en perspectives…)
- Nombre d’élections : 17 (6 au municipal, 6 au QC, 5 au fédéral)
- Nombre de voyages en France : 4, mais bien plus souvent de visiteurs chez nous chaque année…
- Nombre de jobs : 3 jobs différentes pour mon chum, 6 pour moi dans 7 places différentes
- Nombre de voitures durant ces années : 3 pour mon chum qui en a besoin d’une pour travailler, 2 pour moi dans nos premières années ici, mais je n’en ai plus depuis maintenant 9 ans.
- Nombre de parties de jeux de société : plus de 4500… À cause de mon chum en grande partie ! On n’arrête pas un passionné… (lui en a joué bien plus encore) Mais, je dois reconnaître qu’on a rencontré beaucoup de gens qui comptent beaucoup dans notre vie grâce à ce…truc. De tous les coins du Québec. Y’a bien des passionnés de ce truc aussi ici.
- Nombre de coupe Stanley du Canadien… : 0 (pouvais pas passer à côté…)
- Nombre de Coupe Grey des Alouettes de Montréal : 3 (mais rien depuis 2010)
Et pourtant, nous ne voyons pas vraiment les années passer. C’est en regardant nos enfants grandir qu’on voit bien plus la vie qui avance… Nos deux garçons sont nés à Montréal. Et eux, se sentent-ils québécois? Oui, définitivement. C’est ce qu’ils disent. Un a plus l’accent français quand il parle et l’autre plus l’accent québécois, mais aucune idée pourquoi et j’aime ça. Mais dans tous les cas, ils parlent québécois, plus un dialecte ado aussi…genre… Je ne les ai jamais repris sur leur prononciation ou les expressions qu’ils utilisent car c’est leur culture, leur vie. J’aime les voir grandir comme ça. Ils sont allés à l’école québécoise, ont des amis de différentes origines et l’esprit ouvert. J’aime ça. Avec l’adolescence de notre plus grand, les questions identitaires sont plus présentes. Les échanges sur notre pays de naissance versus le Québec et nos choix de vie aussi. Mais je vois tous les jours à quel point la société dans laquelle ils grandissent ici est celle qui les construit. Nous l’avons aussi constaté lorsque leur cousin français est venu passer quelques semaines chez nous il y a quelques années. Le choc ! Là, on a réalisé à quel point ils étaient différents dans leur façon de communiquer, de voir la vie, et dans leur non verbal aussi, le rythme de vie. Et ce n’était pas seulement une question de personnalité. Vraiment. Mais bien une question de culture. C’était tellement étonnant pour moi de constater cela d’un coup. Parce que bon, ça se ressent moins via Skype. Bien plus dans le quotidien. Et je souriais. Parce que mes enfants ont cette vision de la vie propre au Québec, et qu’ils nous amènent à nous remettre en question souvent. Questionnant eux-mêmes nos différences, car bien évidemment, nous restons encore un peu français malgré tout hein. 😉 On ne sera sans doute jamais totalement québécois, ni plus vraiment français au final… un genre de mutants entre deux mondes.
Fin de la partie 1 de ce bilan
Wahoo, très super.
Vraiment le Canada est un pays a ne jamais mourir sans y être un jour.
J’ai un projet d’y être et m’installer et est aussi commencer une nouvelle vie, ce tout wahoo pays.
Bonjour Emma. Merci pour votre blog. Pour situer d’où je m’exprime, j’ai une fille de votre âge, immigrée aux Pays-Bas. Son expérience est très proche de la vôtre Elle s’ est attachée à ce que ses deux enfants (17 et 11 ans) soient parfaitement bilingues. Une richesse de plus. Au quotidien, ils sont de là où ils ont leurs copains de classe, leur équipe de sport, bref ils sont Néerlandais, sauf que tous les ans, ils viennent 15 jours dans notre campagne du Sud-Ouest et qu’ils adorent le confit de canard (mais détestent le fromage qui pue).
Je suis venu au Quebec à l’epoque où René Levesque n’avais pas encore été élu chef de gouvernement et depuis je suis fasciné par la question de l’identité. Ça veut dire quoi un Québécois francophone « de souche » ? Ce que je lis dans votre blog, c’est que l’on construit soi-même son identité, avec ses racines et sa langue bien sûr, mais aussi avec ceux que l’on aime et ceux avec qui on travaille et on échange. Bonne suite à vous et aux vôtres.
Tellement vrai…
Bonjour Emma,
Un très beau témoignage ! Nous avons pour projet de partir vivre au Canada, c’est en cours !
On se forme davantage pour mettre toutes les chances de notre côté et partir avec notre loulou de 8 ans ! Justement, pour qu’il ait une autre vision de la vie, une ouverture d’esprit encore plus grand !
J’ai 28 ans et j’ai tellement hâte de partir…
Nous visons le New-Brunswick, cette province est un immense coup de cœur !
Belle soirée,
Laura,
Allo 🙂 J’avais 27 ans quand on a immigré. Je ne regrette rien. Mais ça n’a pas toujours été facile. Avec un enfant, j’imagine que ce sera encore d’autres défis. Je vous souhaite tout le bonheur du monde ! Bonne chance dans vos démarches et bon succès pour la suite. 🙂
J’aimerai bien me installer au canada avec mes enfants
Je vous souhaite de réaliser vos rêves et d’en être heureux. Bon courage !
Allo Emma, ton chum et vos loulous québécois presque pur souche !
Tu me semble bin fine, donne envie de venir te voir (vouarr) en chaire et en os ainsi qu’en émotions de vie.
Bye, Súper Carol une belge oui oui, belge à l’âme québécoise-espagnol.
Merci 🙂 On ne sait jamais !… la vie des fois… 😉
salut, moi ça fait depuis 1994 que je suis ici, et je me sens plus québécoise que n’importe qui, même celui né au Québec avant cette date.? j’ai lu ton CV en diagonale car je suis pas mal occupée pour le moment (j’ai une auberge, Le Cheval leu) viens faire un tour dans Lanaudière et nous dire bonjour, ça va nous faire plaisir.
Merci pour l’invitation 🙂 Je ne sais pas si je suis « plus » québécoise qu’une autre personne ici. J’essaie juste d’être moi pour ma part. c’est déjà d’la job ! ahah. Au plaisir !
bonjour.
suis-je taib kafalaga,ressortissant du togo,et migrant en italie depuis plus de dix ans.
a cet effet! je voudrais, si pouvais ! changer de residence si non du continent bien entendu.
cependant! si pouvais à partir de vous ! avoir des rensseignements precieux de là-bas.
merci de votre aimable comprehenssion.
Bonjour, Merci pour ce témoignage tellement sincère et bienveillant, nous sommes, ma femme et moi dans une démarche d’immigration et votre témoignage est une source d’inspiration.
Merci
Merci. Je ne peux dire si les conditions d’immigration qui sont certainement différentes aujourd’hui qu’il y a 20 ans feront une différence pour vous. Mais je sais quand même une chose : le regard que l’on porte sur ce que l’on vit au jour le jour fait la différence pour avancer plus positivement. Rester l’esprit ouvert. Mon chum et moi n’avions pas pour but d’améliorer nos conditions de vie lorsqu’on a fait le saut pour aller vivre au Québec, nous voulions simplement vivre différemment de ce que l’on avait connu jusque là. C’est certain que cela a influencé notre façon de vivre cette aventure. Bonne chance à vous dans vos démarches !
Waouh quel beau témoignage! Merci de partager ton expérience. Je me suis reconnue dans tes mots moi avec mon chum on a tout quitté y a un an pour venir au Québec avec nos enfants et notre chien. On a jamais été si heureux mes filles sont épanouies et grandissent dans un état d esprit qui ressemble au mien quand j etais petite…insouciante et innocente
Bien sûr on a fait des sacrifices pour pouvoir vivre notre rêve et on on fait encore d ailleurs mais quand on met tout dans la balance le choix est vite fait.
En tout cas merci à toi d avoir partager un bout de ta vie
Merci. Un prochain (long) bout s’en vient pour la suite… 🙂
Bonjour, Merci pour ce témoignage , nous sommes, ma femme moi ainsi que mes enfants sommes dans une démarche d’immigration nous allons prendre conseils de votre expérience.
Merci
Merci. Je ne sais pas si je suis de bon conseil. Ce que je sais par contre, c’est que nous avons immigrer mon chum et moi pas pour « améliorer » notre situation, mais pour vivre quelque chose de différent. Alors, c’est certain que ce fait a influencé notre façon de vivre notre immigration. Beaucoup de personnes ont des attentes par rapport au Québec que nous n’avions pas particulièrement. Mais chaque expérience est différente. Bon courage et bonne chance dans vos démarches !