8 novembre 2001
Chibougamau
Ouf…. j’ai enfin réintégré mes pénates, Largo me réchauffe les pieds pendant
que je digère la délicieuse pizza que Manu a confectionnée, dans la pure
tradition italienne et non chargée d’infâme pepperoni…. je suis vidé…. c’est
que, une semaine de 50 heures de travail compte seulement 7 jours, même ici..
M’enfin, le travail a aussi une autre signification ici dans le Grand Nord :
entre mes animations avec un groupe d’hommes devant une bière, mes games de
pool et la préparation de randonnées à cheval et à motoneige dans les bois
avec ma gang de jeunes, j’en viens à oublier un peu la notion de
métro-boulot-dodo….Demain, c’est le 8 novembre. Il y a exactement 6 mois,
nous quittions le pays de la bière, des frites et du chocolat pour celui de
la molson, de la poutine et des guimauves grillées.
Mai : nous laissons derrière nous 25 années de notre vie et débarquons à
Montréal avec 3 sacs, le chien et une divine sensation de liberté. Nous
sommes pour la première fois de notre vie sans domicile fixe et perdus dans
un monde que nous connaissons à peine. Nous dépensons une partie de nos
maigres économies pour un vieux Jeep Cherokee qui nous emmènera à la
découverte du Québec, en quête d’une place agréable où nous pourrons nous
installer…. ben, si on a le choix, autant en profiter….
Juin : nous arrivons flapis à Chibougamau après une route interminable à
travers des espaces boisées. Exténués, nous dormons quelques heures dans le
char au bord d’un lac. Un peu plus tard dans la journée, nous trouvons un
logement près du lac, le prix est dérisoire…. nous avons peine à le croire,
le proprio est tellement fin qu’il nous emmène chez lui pour qu’on choisisse
tout ce dont on a besoin pour se meubler. La même semaine, je décroche ma
première job, j’y suis toujours.
Juillet : vacances scolaires…. on flambe le reste de nos sous et on profite.
Septembre : je reprends la vie active et m’intègre complètement à la
mentalité de mes collègues de travail (avec des petits problèmes de langue
parfois)
Octobre : Manu déprime un peu, elle sait qu’elle n’aura pas de travail dans
sa branche à moins de reprendre des études. Je signe un second contrat de
travail comme intervenant dans une maison de jeunes.
Novembre : mes boss se mettent en quête de trouver un emploi pour Manu, elle
commence à recevoir des propositions de toutes parts…. Puis, on me propose le
poste de coordinateur de mon organisme…. dans quelques jours, j’engage Manu
(je serai son chef, mais ça il faut pas lui dire…. elle râle….)
En fait, notre niveau de vie a vraiment augmenté…. chaque jour on réalise que
notre choix d’immigrer n’était pas un doux rêve…. le mythe américain a
commencé et nous ne voyons à date que des avantages par rapport à notre vie
passée…. À partir de maintenant tout nous paraît possible et désormais on ne
prête plus l’oreille aux bons conseils de ceux qui savent toujours ce qui
est bon pour nous…. on fonce, tranquillement.
Kroston
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