Un Québécois en France, épisode 2.
Il y a quelques mois je vous faisais un retour sur les premières semaines de Ti’Namour en France [1]. 6 mois se sont écoulés, il est venu le temps du deuxième bilan.
Ce sera par ailleurs l’occasion de faire une valse des ressources du forum, de vous tous, qui directement et indirectement, en faisant partager vos expériences, nous ont permis à nous autres encore sur le plancher des «vaches rouges, blanches et noires» de réaliser un bout de nos vies.
Côté job :
Malheureusement pour nous, les histoires avec l’intérim ne se sont pas arrangées. Devant le zèle de la dame de refuser de comprendre qu’un permis 2E Échange de Jeunes inclus l’autorisation de travailler sur des CDD (mais attention pas sur des contrats d’intérim), nous avons renoncé à passer par cette boîte (vous savez la belle enseigne rouge et blanche qui ont/avaient une flotte d’avions!) pour trouver du boulot.
Ti’Namour s’est mis en quête de façon plus sporadique et spontanée pour un boulot. Après avoir surmonté l’épreuve service à la terrasse d’un café sur le bord de mer (dur), Ti’Namour a connu un creux de vague.
Mais quelque chose me dit qu’il a du être chat dans une vie antérieure. Et comme Berlioz, O’Malley ou Toulouse [2], il retombe sur ses pattes!
Mon fieffé félin est sur le point de signer son premier contrat (revu à la hausse par le client!).
Enregistré au Québec comme travailleur autonome, le voila futur créateur d’une vitrine électronique d’un cybercafé de ma ville. Un « cyber » dont j’ignorais totalement l’existence mais où il se sent comme un poisson dans l’eau Et le plus drôle dans cette histoire, c’est que mon Félix à deux pattes l’a trouvé pile en face de l’agence d’intérim maudite!
Bon ceci dit, Ti’Namour n’étant pas du genre organisé comme garçon, c’est bibi (comprenez moi) qui s’y colle pour les devis, les cahiers des charges, les rédactions de contrats et autres tracasseries législo-administratives en vigueur dans le cadre d’une transaction Québec/France (d’ailleurs merci encore à Fortsympa qui a uvré pour la paix des ménages en répondant à nos questions comptables! Puis aussi à Marionnette et à son récit pour devenir travailleuse autonome mais j’y reviens ensuite). Bon le point positif dans tout ça c’est que étant en stage en communication, j’ai pu lui trouvé plein de modèles et lui faire ça comme la pro que je ne suis pas encore!
Bref, en paraphrasant l’autre je dirai « la petite entreprise ne connaît pas la crise! » [3]
Côté administratif :
Côté français, rien à signaler.
En revanche côté feuille d’érable, oh mes aïeux!
La désorganisation désormais révélée de Ti’Namour a frappé par 3 fois (ok Patrick, voici l’un de mes défauts Comme « qui se ressemble s’assemble » je suis totalement désorganisée aussi. La seule différence c’est que j’ai un réseau sur lequel compter, que sous la pression je performe et que je suis pleine de ressources. Mais si j’en crois mes responsables de stage, j’ai toute d’une grande communicante lol).
Administration prise 1.
La première expérience de gestion des administrations à distance nous est tombée dessus en même temps que les élections!
Non mais quelle idée franchement de faire ça cette année si vite!
Bref, nous (comprenez « je » ) faisons des recherches sur internet pour savoir comment se passe le vote d’un Canadien à l’étranger[4].
Finalement, je remplis les formulaires, les imprimes, les soumets à la signature de «Monsieur» puis les envoies par la poste.
Et là vous recevez les instructions pour voter, les listes des candidats et des enveloppes à mettre dans les enveloppes à mettre dans les enveloppes. De vraies gigognes censées protéger le secret du vote
Malgré la volonté de faire son devoir de citoyen, Ti’Namour n’a pas pu prendre part au scrutin, les bulletins de vote étant arrivés chez nous à deux jours du vote (il fallait les faire parvenir le lundi 23 janvier 19h, Heure d’Ottawa et nous les avons reçu le samedi précédent à midi Impossible, même avec Fedex ou UPS, qui ne garantissait pas moins de 48h en l’envoyant le lundi et pas moins de 72h en les envoyant le samedi pour une somme ridiculement outrageante).
Administration prise 2.
Cette fois c’est Marionnette et son récit [5] qui m’ont été d’une grande aide.
Ti’Namour parle de s’enregistrer comme travailleur autonome depuis que je le connais. Il décide finalement de le faire en février depuis la France!
Je connaissais la procédure grâce au récit de Marion, je lui fournis donc le tout. Il signe, on envoie.
Pour info : il suffit de se rendre sur le site du registraire des entreprises du Québec (REQ), de cliquer sur Démarrer entreprise puis sur Immatriculer votre entreprise et dans la liste qui apparaît de choisir entreprise individuelle.
Bon faut justifier d’une adresse sur place et être muni d’une carte de crédit pour payer les 32$ demandés.
«hyperboria » est donc née en fin du mois de mars, pour le plus grand bonheur de toute la petite famille.
Administration prise 3!
Bon, cette fois c’est à Cocottes de récolter ses lauriers (ben oui j’ai exploité TOUT le forum, mais bon un réseau c’est aussi dans le virtuel qu’il se construit, non?).
Ti’Namour, dans sa précipitation de retrouver sa belle (comment ça mes chevilles enflent?), est parti un peu (trop) vite du Québec.
Oh il a certes pris le temps de faire faire un passeport international. Mais ce qu’il n’a pas pensé à faire, c’est de faire renouveler (oui oui, avec la photo et tout le tralala) son permis de conduire.
Or le permis international n’est valide et valable qu’accompagné d’un permis valide.
Le hic, c’est que depuis la France, il était difficile de se déplacer pour se faire tirer le portrait.
Et le second hic, c’est que si l’ambassade à Paris a pu me renseigner sur comment refaire son passeport, point d’infos sur le permis (ou j’ai pas trouvé, admettons).
De recherches en appel d’aide, le phénomène est réglé (mais pas encore les 92$ demandés hum).
Marche à suivre : appeler cocottes! Non, il suffit simplement de se rendre sur le site de la SAAQ et de faire une recherche pour un permis perdu ou volé à renouveler depuis l’extérieur du Canada [6]. On vous demandera de justifier de votre absence (mais un PVT, un contrat de travail ou un billet d’avion justifieront amplement l’affaire!).
Enfin côté culture.
On garde le fun pour la fin!
Rappelez-vous, il y a quelques moins nous avions laissé Ti’Namour au milieu des produits laitiers et des bouteilles de vins.
Autant le dire tout de go, on le retrouve pas nécessairement plus loin.
Eh oui, la bonne chère de la table française a opéré sur Ti’Namour.
Tant lors de la visite de la Belle Famille que celle des amis, nous parcourons sans relâche les petites brasseries et les petits restos qui ne payent pas de mine mais qui proposent un repas des plus succulents.
Du vieux Èze à Avignon, en passant par Marseille, Aubagne, Aigues Mortes ou les Saintes Maries de la mer, on a toujours eu le chic pour trouver des repas de gastronomie (sur son assiette d’ardoise, sa coupe de verdure ou son lit de sauce au chorizo) pour 10euros, soit le prix d’un resto moyen.
Ceci a donné des idées et des ailes à Ti’Namour qui nous a vu tour à tour propriétaires-gestionnaires d’un resto, une boulangerie, une fromagerie
Je crois que le restaurant est né de la daube de taureau à la camarguaise. La fromagerie quelque part entre les fromages corses de mon oncle à Noël et le Montdor fondu à moins que ce ne soit de la raclette
Au niveau relationnel, le choc se prolonge entre la culture nord-américaine et la culture très latine de Marseille.
Comme un certain Nadeau (non pas Laurence mais plutôt Jean-Benoît), il s’est interrogé sur le protocole du Bonjour/Aurevoir dans les magasins.
Il a suivi les manifestations anti CPE et le jeu de la République. De son point de vue de québécois mais aussi au travers du mien et de celui de mon père, qui sauf tout le respect que je lui donne, est un syndicaliste extrême-gauchiste convaincu. Vous imaginez déjà sans peine les belles discussions autour de la table le soir entre nous!
En un mot comme en cent, si je devais emprunter les paroles d’un autre pour décrire le sentiment de Ti’Namour face à la France, ce serait les très prosaïques
« Ça boit le petit noir ou le petit vin [rouge]
Ça cherche la bagarre et du boulot souvent
Ça lève le poing, ça bouge, ça manifestationne[]
Ça fait de l’huile d’olive et du couscous poulet
Ça trinque à la pétanque, au comptoir, chez Marseille
Ça Brassens à tout va []
Ça camembert[] »
Bref, c’est ça la France [7], son patrimoine culinaire, culturel et naturel. C’est tout ça, ma France.
C’est l’image que j’emporte de chez moi, de Marseille, de là-bas!
[1] http://www.forum.immigrer.com/index.php?showtopic=33690
[2] « Ev’rybody Wants to Be a Cat » dans «Les Aristochats», 1970, studios Walt Disney, réalisé par Wolfgang Reitherman, 78 minutes
[3] «Ma petite entreprise» par Alain Bashung
[4] http://www.elections.ca/content.asp?section=ins&document=index&dir=ire&lang=f&textonly=false
[5] http://www.forum.immigrer.com/index.php?showtopic=33794&hl=
[6] http://www.saaq.gouv.qc.ca/permis/perte_vol.html
[7] « C’est ça la France ! » de Marc Lavoine
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