Il y a longtemps que je ne suis pas venue ici. Si longtemps qu’il y a probablement peu de monde qui me connaisse encore.
Alors pourquoi revenir soudainement? Par nostalgie peut-être…. mais surtout, ne dit-on pas qu’on retourne toujours à ses premières amours? Et ce forum fut ma bouée et mon phare il y a 8 ans quand, avec tous les autres de ce temps, nous attendions que nos dossiers progressent leur chemin afin d’enfin atterir au pays.
Dans mon cas, j’ai foulé le sol québécois la première fois en août 2004 comme étudiante. Lorsque je suis retournée en France l’été suivant, mon dossier était déjà parti. J’ai emmené un québécois dans mes bagages cette année-là et nous sommes revenus en octobre 2006 donc pour le début de mon aventure de RP.
J’ai réfléchi un moment sur ce que j’aurais à raconter d’utile. Et finalement, je me rends compte que le plus utile est de dire que ma vie ici est d’une banalité… identique à celle que je vivais en France avant. Comme si j’avais toujours été au Québec en fait. Ce n’est pas négatif, c’est au contraire, pour moi, un exemple de mon intégration à la vie ici tout simplement.
J’ai connu les hauts et les bas en terme d’emploi. Mais je n’ai pas connu avant cet hiver une seule période de chômage. Elle s’est terminée assez rapidement d’ailleurs puisque mon réseau étant assez développé, j’ai trouvé un poste temporaire qui s’est prolongé et qui me permet d’enchaîner sur un contrat de travailleuse autonome puis un contrat de remplacement cet automne. Bref, je ne chôme pas, dans aucun sens du terme.
Parlant de réseau, je me souviens comme ce mot me paraissait à la fois si gros et si stupide. Un réseau? Pour me servir des gens? Pas pour moi! Et puis… j’ai commencé à travailler, à faire des activités, du bénévolat, à suivre des formations et j’ai rencontré des gens. Qui m’ont fait rencontrer des gens. Certains sont devenus des amis, d’autres des collègues et des ex-collègues de travail. Je ne me suis jamais servie des gens, mais tous nous avons un jour ou l’autre fait appel à nos capacités, à nos connaissances, pour combler une offre dans notre entreprise, pour finaliser un projet, pour acheter ou vendre une voiture, un sofa, un appartement. J’ai finalement un réseau assez large, avec des degrés de connaissances de très intimes à jamais rencontré de ma vie mais on s’est parlé une couple de fois au téléphone.
Et ce réseau m’aura permis de trouver 7 appartements, 4 emplois, 1 garderie, la quasi totalité de mon mobilier. Et dans ce réseau, certains venaient sur ce forum autrefois, d’autres sont repartis en Europe, ont déménagé dans l’Ouest ou n’ont jamais vécu au Canada (pensez large, le cousin de la soeur de votre voisine pourrait être un bel élément dans votre réseau un jour 😉 )
Côté habitudes de vie, je mange un menu multiculturel. Je cuisine à la française des plats québécois, à la québécoise des plats français et puis à ma façon tous les autres plats qu’il me plaît de cuisiner. Je parle pareillement un français pas mal mélangé. Bien qu’on me dise souvent que j’ai perdu de beaucoup mon accent français, ou qu’on pense que je sois arrivée ici à l’adolescence, je reste néanmoins française sur bien des choses. Je n’ai, par contre, par mon métier, pas eu le choix que d’adapter ma façon d’écrire et de parler à mon auditoire majoritairement composé de québécois et c’est tant mieux donc, c’est ce qui me permet de travailler cet été et l’année à venir ah ah
Côté implication dans la société québécoise, elle reste pas mal civile. Contrairement à bien du monde, je ne me suis pas précipitée pour ma citoyenneté et je ne suis donc encore que RP. Je ne vote pas plus en France, dont je suis complètement détachée, que ici. Les « grands » enjeux sociétaux au Québec se passent pour moi au coin de ma rue. Par mon implication bénévole autant que par mon emploi temporaire du moment, j’interviens auprès des familles et des enfants de mon quartier qui vivent des situations parfois très difficiles, plus difficiles que je ne l’ai jamais vécu en arrivant ici. C’est ma façon à moi de redonner la chance que j’ai eu. Là où on palabre du bien fondé de certaines mesures sociales, je vois au quotidien les impacts désastreux que leur abolition aurait sur des gens qui n’ont souvent vraiment pas l’étiquette populaire de profiteurs. Je pratique au quotidien les interventions en contexte multiculturel, de précarité, de difficultés psychologiques, d’isolement social. Un bain de réalité qui m’a permis ce printemps de réaliser que je suis choyée. Même si je pensais toucher le fond alors!
J’ai également plusieurs amis québécois, et beaucoup d’immigrants aussi. La vie étant faite ainsi, je ne crois pas que si j’avais déménagée au même âge ailleurs en Europe ou même en France, les choses auraient été différente, Je reste convaincue que n’importe où sur la planète, mon réseau amical aurait été composé de quelques locaux et de nombreux immigrants, comme c’est le cas ici. Ce qui sans doute aurait été différent c’est d’avoir autour de moi 3 amies proches d’universités qui ont immigré les unes après les autres sans concertation e que j’ai le bonheur d’avoir proche de moi. Quand je dis que je suis chanceuse!
La famille me manquera toujours, mais même en vivant en France je ne suis pas sûre que j’aurais pu les voir plus souvent et plus fréquemment. J’ai quand même la chance d’avoir ma maman auprès de moi minimalement une fois par année, pendant plusieurs semaines. Quant aux autres, je les verrais lorsque j’irai me balader dans le pays de mon enfance et en attendant, on se parle par Skype et autres médias sociaux du genre. Comme mon conjoint, québécois, le fait avec sa famille, toute au Québec aussi. Comme quoi…
Où je me vois dans 8 ans?
Je ne crois pas que je serai bien loin, mais qui sait? Si je devais le choisir et le prévoir, je partirais sac au dos avec mes deux enfants pour traverser le pays tranquillement pas vite en profitant des opportunités que la vie nous offriraient. C’est pas mal ce qui m’a réussi jusqu’à présent après tout. Bref, je crois que j’ai encore pas mal de chose à faire dans ce bout de la planète.
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