Ma petite routine
Je dois avouer, qu’en ce moment, je manque un peu d’inspiration. Il faut dire que j’ai épuisé pas mal de sujets et je me vois mal vous parler de l’hiver … parce que justement, cette année, y’en a pas.
Donc pas de pêche de glace, pas de patins sur l’étang, rien, rien rien !
Du coup je me suis demandée de quoi je pourrais bien vous parler et j’ai repensé à toutes les questions que je me posais avant de partir. Le gros point d’interrogation de l’époque c’était le travail. Parce qu’il faut bien l’avouer, on a tous des rêves, des envies de tout envoyer balader, de changer de vie, d’essayer des choses nouvelles, mais il ne faut pas non plus perdre totalement pied avec la réalité. En résumé : faut bien de quoi vivre.
Ce matin donc, je somnolais dans le métro, comme à peu près tout les matins, en me disant qu’il allait falloir que je trouve rapidement un sujet pour ma prochaine chronique. Puis j’ai regardé autour de moi et j’ai compris. Je me suis rappelée qu’il y a un peu plus d’un an de ça, j’aurais vraiment aimé avoir une description détaillée, remplie de petites anecdotes, sur la vie de tous les jours, une journée de travail, juste pour avoir un avant goût de ce qui m’attendait histoire de me rassurer un peu.
Alors voilà, je vais vous parler de ma petite routine. Rien de très palpitant, mais pas vraiment ennuyeux non plus. Une petite routine sympa, sans stress, sans course éperdue après le temps qui glisse entre nos mains. Loin, bien loin, de tout ce que je haïssais dans mon quotidien parisien.
Donc le matin, je me réveille. Le Canada ne faisant pas de miracle, j’ai toujours du mal à émerger et à mettre un pied par terre. Seule différence et de taille : je suis contente d’aller travailler et je suis toujours à l’heure.
Ma mère m’a même déclaré : « eh ben, comme quoi tout arrive ! Il aura fallu que tu ailles au Canada pour arriver à te lever le matin et à partir à l’heure ! ».
La raison est toute simple : tu arrives à l’heure, tu pars à l’heure. Une pointeuse dans la tête, à 17h30 je me transforme en courant d’air.
Mais bon, là on est le matin et j’ai pris ma douche en 4ème vitesse. Je prépare mon sac de sport en même temps que je m’habille et je dévalle les escaliers. J’enfile mes chaussures, mon manteau. Je claque la porte et remonte la rue rapidemment. Je jette un oeil à droite. Ouf, du monde à l’arrêt. Le bus n’est pas encore passé.
En un peu plus de 10 minutes je suis à la station de métro. Le trajet est agréable si ce n’est que mon demi-sommeil est gêné par les « oh my god » répétés des lycéennes qui monopolisent le fond du bus.
Juste le temps de commencer à être vraiment irritée que je suis déjà sur le quai en train d’attendre le métro.
Porte automatique. Sièges rouges. Places assises et la possibilité de dormir profondément car le chauffeur énonce clairement le nom de chaque station « the next station iiiiiis Bloor … Yonge’n Blooooor staaation » puis « this is Bloor, Bloor station ».
Bon j’avoue, ce matin j’ai failli louper ma station.
Je travaille dans une grande tour. Grande comme celles qu’on voit à la Défense.
Mon service occupe le 7ème étage en entier. Environ 120 personnes réparties dans des cubes. Même les managers.
La « big Boss » (directrice de 3 services) a un cube bien plus gros que les autres, mais un cube quand même, avec les même cloisons hautes comme 3 pommes, qui fait que tout le monde peut voir ce que vous faites. Au début j’avoue que c’est un peu dur. Surtout quand, comme moi, on est au bord de l’allée et témoin du va et vient permanent. Puis bon, c’est comme tout, un jour, ça nous gêne moins et le lendemain on y pense même plus.
Le matin j’arrive donc et je salue les gens de mon équipe, en français, puisqu’on est les « bilingues » du service.
J’allume mon ordi, me logue sur le système et … commence à travailler. Ben oui ! C’est comme ça. Y’a bien une machine à café, mais pas les conversations qui vont avec. Si de temps en temps, rapidement, quand on vous demande ce que vous avez fait le week-end dernier pendant que vous attendez votre tour pour rincer votre tasse. Mais ça s’arrête là.
Bon généralement, 15 minutes après, je descends au Second Cup (Starbuck en mieux pour ceux qui ne connaissent pas) prendre mon café que je n’ai même pas besoin de commander car la fille me le prépare dès qu’elle m’aperçoit dans la file d’attente.
Efficace !
Je remonte, et je travaille.
De temps en temps, on fait une pause, on rigole avec son voisin de cube. On parle du dernier film qu’on a vu, du dernier bon restau.
Midi, je file au sport. Je dois dire que j’ai une chance pas croyable : on a une salle de sport sur place, gratuite ! Je travaille au 7ème, la salle est au 2ème. Un bon moyen de couper sa journée.
Si je suis fatiguée, je vais dans la salle à manger. Il faut ramener sa nourriture, mais les boissons sont gratuites. Il y a des micro-ondes, des tables, une télé, des billards, un babyfoot. Une autre salle permet de manger en silence, de lire les journaux ou piquer un petit somme sur l’un des canapés.
Le rêve ! Mais tous les employés sont bien disciplinés et n’y vont que sur leurs temps libres. La dernière fois j’imaginais comment celà se passerait si une boite française offrait tout ça… La machine à café risquerait d’être désertée !
Pour le repas du midi, au début je me demandais vraiment ce que les gens mangeaient et par extension, ce que j’allais devoir manger.
Finalement, la majorité ramène de chez eux et j’essaie au maximum d’en faire autant. Sinon, il y a un peu partout des food courts (- et là je voudrais bien que quelqu’un me donne le nom en français, parce que l’autre jour quand mon collègue m’a demandé la traduction, j’étais bien incapable de lui donner. J’ai tenté un vague « aire de repas », sans réelle conviction –) en bas des centres commerciaux ou des grandes tours de bureaux.
Imaginez quelque chose de grand, sans délimitations, avec au centre des tables et des chaises et tout autour différents stands de nourritures. En général plutôt fast-food avec invariablement : un chinois, un japonais, un grec ou libanais, un italien-pizza, un MacDo ou Burger King ou Harvey’s (bref vous avez saisi), un muffin-café-machin-chose qui est surtout rempli le matin.
Voilà pourquoi, généralement, vous finissez toujours par ramener de quoi manger de chez vous.
L’après midi, ressemble à la matinée. Le travail que je fais n’est pas très compliqué. La formation que j’ai reçu très bonne et elle continue. Pas plus tard que ce matin on a eu un petit « refresher » sur certaines procédures.
Du coup, bonne formation, manager accessible (le petit cube ça aide), bonne ambiance = pas de stress.
J’ai l’impression que je vais pouvoir évoluer rapidement car mon manager m’a déjà suggéré de regarder vers quels postes je souhaitais me diriger et qu’il pourrait me donner des formations dans ce sens.
Un gros changement par rapport à la France ! Je ne vais pas partir dans un long discours que vous connaissez tous déjà, la plupart pour l’avoir vécu. Mais sentir qu’on a du potentiel, qu’avoir des diplômes et moins de 35 ans c’est pas une tare et qu’on ne va pas pourrir pendant 5 ans à un poste sous qualifié sous prétexte que « y’en à 20 qui attendent derrière alors tu devrais t’estimer heureux » et bien ça fait vraiment plaisir.
Mais je m’égare. Il est 17h30, si on a besoin de moi pour des heures supplémentaires, on me demande si je suis d’accord et on me les paye. Sinon, je rentre chez moi, même trajet dans l’autre sens. Toujours de la place assise.
Lorsque le bus me dépose devant la station essence, je suis depuis longtemps en train de réfléchir à mon programme de la soirée. Une petite routine bien tranquille, une de celle qui laisse plein de place à la vraie vie.
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