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S’éloigner pour se rapprocher

Les posts de cette semaine ont largement contribué à mon inspiration de ce soir pour ma chronique qui se veut une fois de plus largement subjective et totalement personnelle et à ne pas généraliser pantoute ….

J’ai été fortement impressionnée par les liens familiaux si forts qu’ils influencent plutôt plus que moins les décisions de vie de certains d’entre nous. D’une certaine façon peut-être que j’envie cet attachement si fort, ce cordon ombilical toujours pas coupé. Mon mari aussi semble bien plus lié à son pays d’origine que moi au mien. Qu’est-ce qui ne va pas avec moi, hein ?!

Je suis née en Allemagne (de l’ouest), soeur unique et aînée de trois frères. Pas de vacances d’été ailleurs qu’à la maison jusqu’à l’âge de 9 ans – pas de voiture et pas le droit de regarder la TV chez la grand-mère en bas non plus …. une famille plutôt modeste mais heureuse. On vivait dans une belle vieille maison avec un énoooorme jardin dans un village de 4,000. Au lycée (qui en Allemagne commence tout de suite avec la 5e année de scolarité, et moi j’ai commencé après seulement 3 années de primaire comme toute ma « promo ») 4 km plus loin, moi et deux filles de mon village, on passait pour des paysannes, des pauvres, des que ça valait pas la peine de leur parler. Et c’est là que j’ai découvert mon don pour les langues, d’abord pour l’anglais. Deux ans plus tard, l’anglais s’est retrouvé relégué au 2e rang parce que je flippais sur la langue française. Je devenais la folle qui veut aller vivre en France, pfffft. Je ne vivais que pour cela : passer mon bac et aller vivre en France, rien d’autre. Enfin si, mon premier amour rencontré à même pas 15 ans, un Français bien sûr.

Quand j’ai annoncé à mes Parents qu’après le bac, à presque 19 ans, j’allais partir pour la France, ils n’ont pas essayé de me retenir mais ont chargé leur caravane de quelques meubles de 2e main pour remplir notre premier appartement. A cette époque, faire 600 km aller et autant retour avec une déjà vieille 404 diesel ou plus tard notre 4L ne nous tentait pas beaucoup, et je ne voyais ma famille que deux fois par an : une fois chez eux, une fois chez nous. Et là, je parle de seulement 600 km !!! D’un coup, j’étais devenue quelqu’un pour les 6 autres filles de ma classe (ben oui, on n’était que 9 pour 35 garçons en 10e année !!! oui, des classes de 44 en 1975, si si !) – imaginez, j’étais partie de chez moi vivre à l’ÉTRANGER, wow !!! Je crois que mon cordon ombilical a été coupé assez vite…. J’ai travaillé tout de suite, pas le temps de m’attarder sur ma petite personne – de toute façon, je VOULAIS vivre en France.

Dans mon cas, quitter le foyer familial était une aubaine – mon Père est un personnage très autoritaire (complexe d’infériorité à masquer), et j’aspirais à MA liberté. Je l’ai eue, même si je vivais avec mon amoureux. Jamais ma famille ne m’a manquée à cette époque-là. J’avais ma propre famille : mon mari, mon bébé au bout de 2 ans. Puis un boulot digne d’un super burnout pour qui en veut. Je n’aurais jamais pu « retouner chez Maman », même à 20 ans. Je suppose que j’ai un besoin farouche de prouver que je sais me débrouiller SANS les Parents, particulièrement les Parents. Bien qu’ils m’aient aidé souvent …. mais sans que je leur demande, na ! (Si, une fois, lors de mon divorce, mais ça m’a coûté d’appeler au secours !!!)

Et petit à petit, mon Père a dû reconnaître que sa fille pouvait survivre très décemment sans lui et sa science. Nos rapports sont devenus presque normaux ce qui a soulagé surtout ma Mère qui est comme moi, très sociale, et qui souffre de ne pas pouvoir avoir d’ami(e)s parce que mon Père est tellement « insociable ». Finalement, elle n’avait pas perdu sa fille, mais gagné un « beau-fils » qui en plus leur avait donné leur premier petit-fils. Ma Mère est devenue mon Amie. La distance ne compte plus, ou presque. Oui, j’aimerais la voir plus souvent, mais je ne suis pas certaine que nous nous apprécierions autant que lors de leur visite annuelle de quatre semaines ici au Québec.

Lorsque je vivais en France, on se voyait au total 5 jours par an. 600 km, je vous le rappelle …. rien quoi. Et aujourd’hui, en bonne fille à son Papa que j’ai écoutée sans le vouloir quand il m’a dit en 1975 « Va le plus à l’ouest que tu peux » (euh, je ne pense pas qu’il s’imaginait que j’irais SI ouest que ça quand même ….), je vis avec mes Parents un MOIS par an, et je ne compte pas les e-mails et courriers postaux traditionnels, et le téléphone bien sûr. Même mon Père a fini par se bonifier, l’âge aidant probablement (72 cette année, ma Mère 67). Si nous habitions plus près, jamais il ne serait capable de supporter nos petits garçons qui ont un tempérament et des voix qui dépassent son seuil normal de la patience….. Mais pour un mois, il est capable ! Oui d’accord, ma Mère le sermonne avant de venir. Mais il a accepté de jouer le jeu, un mois par an. Il a onze mois pour s’en remettre ….

Mon seul frère qui a aussi engendré la génération suivante (….) habite à seulement 30 km de chez eux. Mes Parents ne voient leur petite fille que quelques heures par mois et ne vivent pas AVEC elle comme ils vivent avec nous et nos garçons, leurs petits-fils.

Mes frères en général ? Oui, il y en a un qui me manque plus que les deux autres. J’adorerais les avoir ici au moins une fois, mais lui, Peter, souvent et même tout le temps. Mais ils n’ont pas de sous tous les trois. Si un jour moi, j’en ai assez, je leur paierai un vol, c’est officiel !

Mes ami(e)s d’enfance ? Tu parles ! Maintenant que je suis allée au Canada, je suis encore plus « quelqu’un » que quand je suis partie en Bourgogne, mais c’est quoi ça ? Les seules vraies Amies que j’avais en Allemagne et ensuite en France, elles m’écrivent encore et de façon totalement désintéressée. même si on n’est pas très assidues, mais on garde le contact.

J’ai fait un test ce Noël : nous avons un carnet d’adresses tellement bien rempli de personnes de nos familles respectives et des gens que nous connus au cours de notre vie, que ça nous coûte plus de $ 100 rien qu’en timbres pour envoyer nos voeux en France, Allemagne, Belgique, Hollande, Canada, États-Unis, Inde, et j’en passe ! Alors j’ai fait la liste bien précise parce que, honte à moi, pour certains, ils étaient sans nouvelles de nous depuis notre départ il y a presque 4 ans. J’ai dit que ceux qui réagiraient à notre lettre resteraient dans ma liste. Les autres, ils n’auront plus de courrier. Eh bien, ce ne sont pas ceux et celles que nous attendions qui nous ont répondu !

Ce que je veux dire c’est que nous comme individu, sommes liés à des personnes mais rien n’oblige ces mêmes personnes à ressentir la même chose pour nous. Chacun a sa vie et on se croise et on se sépare et on se retrouve, ou pas. N’est-ce pas déjà bien du travail que d’organiser que chacun de MA famille puisse s’épanouir à l’intérieur de notre cellule familiale qu’il faut encore tenir compte des AUTRES cellules familiales et amicales qui, comme quelqu’un l’avait bien dit, ne calqueront pas pantoute LEUR vie sur NOUS ?

Oui, ça fait mal. Ça dérange quand nos proches n’embarquent pas avec nous dans nos projets, voire essaient de les démonter pour nous garder auprès d’eux. Mais attends, quel Ami, quel Parent va changer sa vie radicalement et complètement pour moi ? Non non, ces décisions n’appartienennt qu’à nous, et il ne faut pas négliger le fait que seuls nous-mêmes pouvons les assumer ensuite, DEVONS les assumer.

Et je ne sais pas si le fait que nous ayons des enfants facilite les choses, mais lorsque j’étais à Denver pour deux ans, je n’avais pas d’enfant avec moi pendant les 18 premiers mois, et je ne ressentais pas le besoin de VOIR ou TOUCHER mes Parents toutes les semaines par exemple. Par contre, comme ma belle-mère était carrément tyrannique au travers du téléphone, j’ai beaucoup, mais alors BEAUCOUP utilisé l’internet pour me défouler auprès de mes Parents (mon chum qui est devenu mon 2e mari était très souvent en déplacement en Alaska, Vénézuela, Inde, you name it ….) pour leur dire mon indignation devant les choses humiliantes que je devais entendre, le harcèlement téléphonique que je subissais. Mon fils me manquait cruellement oui. Il avait 14 ans quand je suis partie au Colorado. Ça c’était TRES difficile, mais j’avais fait mon choix et lui l’avait accepté (il vivait avec son Père de toute façon qui m’avait fait sa crise de mari abandonné qui ne supporterait pas de vivre sans son fils…. hors sujet !).

En fait, maintenant mes Parents sont contents que j’aie déménagé si loin : ça leur fait de chouettes vacances, ils peuvent gâter leurs petits-fils pendant un mois, et à chaque fois au départ, ils me demandent OU nous allons habiter dans un an, histoire de commencer à se documenter et prévoir leur prochain voyage !!! Je ne sais pas quand, mais tu vois Papa, je t’écoute au-delà de tout ce que tu pouvais t’imaginer : nous allons aller encore plus à l’ouest, pas à cause des Russes que tu redoutais en 1975, toi et tous les Allemands d’ailleurs, mais parce que nous savons que les Rocheuses nous appellent, et nous allons rentrer chez nous le plus proche des Rocheuses possible avant la prochaine année bisextile !!! (je ne me mouille pas trop là …. ça nous laisse encore presque quatre ans, héhé)

Je vais perdre beaucoup plus en faisant ce pas parce que je me suis faite une vie ici en Estrie comme je ne l’avais jamais connue auparavant, socialement parlant, implications dans le village etc. Dans le fond, j’aimerais ça que d’emporter toute ma petite vie d’ici au pied des montagnes, mais …. je n’ai pas trouvé la lampe d’Aladin ! Les vrais amis resteront toujours nos amis. Les autres, on s’en tape, même si cela blesse pendant quelque temps.

Oh non, je ne suis pas superficielle pantoute, ne croyez pas cela. Je suis même maladivement fidèle (clin d’oeil à FrenchPeg ….), mais j’ai appris au moins une chose : il n’y a que moi qui puisse vivre ma vie, et que moi qui puisse assumer MES choix, et que moi qui puisse vivre MON rêve. Ceux qui veulent être du voyage dans mon cheminement sont plus que bienvenus, mais ceux qui veulent rester dans leur monde ont bien le droit de le faire aussi.

Ceci fût donc ma chronique de la semaine de réflexions profondes sur les relations humaines….

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