Entre âme-soeurs (ou frères d’ailleurs)
Avez-vous remarqué combien notre entourage change à chaque pas décisif que nous faisons dans notre vie ? Si vous quittez le lycée avant le bac, vous serez souvent en compagnie d’autres personnes qui ont agi de cette façon. Vous tombez amoureux(se), et hop ! vous en connaissez plein autour de vous qui le sont aussi ! Vous allez à l’université ? Vos proches seront universitaires. Vous vous mariez, et c’est incroyable, on dirait que tous vos amis se marient la même année. Un bébé s’annonce…. mais pas seulement chez vous, chez au moins deux de vos amis également. Un divorce ? Même chose. Chômage ? Idem. Devenir grand-parents ? Cherchez pas, copie conforme. Et c’est comme ça pour les veufs et veuves et les retraité(e)s aussi.
Maintenant regardez bien : à chaque étape de ce genre, ce ne sont pas les mêmes ami(e)s !!! Alors je me demande, est-ce que nous cherchons inconsciemment la compagnie de personnes qui sont sensiblement dans la même phase de vie/situation que nous, ou est-ce que ce sont les rencontres qui se font ainsi comme conséquence de notre nouvelle vie ?
Une chose est certaine, on a beaucoup plus d’affinités entre gens avec le même style de vie, et comme sûrement quelques-uns d’entre vous, j’ai moi fait l’expérience que je ne puis pousuivre une vraie relation d’amitié par exemple avec une femme célibataire sans enfants même si le point commun c’est notre âge voire la fréquentation ensemble de la même école, de la même classe pendant des années, tout ça parce que moi, je suis mariée et j’ai trois enfants.
Et alors vient votre projet d’expatriation vers le Québec, ou ailleurs au Canada. Beaucoup d’entre vous ont témoigné des réactions de leur entourage. Beaucoup vous envient d’oser faire ce pas dans votre vie. Avec raison. Parce qu’ EUX, les autres, ceux qui restent PAR CHOIX, ben ils restent justement. Il arrive souvent un petit moment où eux désapprouvent votre choix de partir et vous ne comprenez pas comment ils peuvent rester. Et là il y a un cap à passer que seuls vos VRAIS amis pourront passer avec vous, ou vous avec eux.
Il semblerait presque que le choix d’immigration soit plus grave que d’avoir un bébé …. peut-être parce qu’un bébé, c’est « normal », dans l’ordre des choses, il y a une case pour l’étape « fonder une famille et avoir un bébé » dans le schéma de vie « classique ». Mais il n’y a pas de case pour « immigrer ». Curieusement, fonder une famille n’implique pas le rejet dégoûté de la vie de célibataire. Mais une immigration suscite d’innombrables questions et est souvent perçue comme une critique ouverte et non-justifiée du mode de vie que l’on veut quitter. Personne ne s’offusque de votre mariage, mais tout le monde juge d’une façon ou d’une autre votre intention/désir de quitter votre pays.
Alors dans votre nouveau pays, quel qu’il soit, vous aurez des amis immigrants, de votre pays puis des tous pays. Puis des amis du pays d’accueil parce que vous avez passé une autre étape : vous êtes chez vous dans votre pays d’accueil, vos racines arrachées de votre pays natal commencent tout doucement à s’enfoncer dans la nouvelle terre, trouvent de la nourriture sur place et n’ont plus besoin d’arrosage venant du pays d’origine, ou très peu, comme dessert mettons. Et vous vous apercevrez que certains de vos proches d’ « avant » et vous, vous n’avez strictement plus rien à vous dire. Parce que leur vie a continué sans vous, et vous avez pris la vôtre en main et la vivez à votre façon, comme eux vivent la leur à leur façon.
Alors on doit se dire qu’il faut aller de l’avant, que cela ne sert à dire de pleurer sur des amitiés perdues. Il y a tellement à découvrir dans notre nouvelle vie, et nous ne voulons pas vivre dans un passé que nous avons quitté. Je vous ivite à l’aventure de votre nouvelle vie, et que jamais votre curiosité ne s’arrête, quoi que vous fassiez dans cette vie qui commence avec une lettre brune entre vos mains !
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