Je contemple l’idée de poster ici ou dans le Lounge… j’hésite… je ne suis pas adepte du Lounge… j’irai donc ici – ah bah, ça parle d’un Canadien, ça parle de Montréal, je crois que ça correspond aux critères).
Il y a des jours, rien ne vaut une amie proche. Devant ceux qui pensent que nous Québécois sommes distants et superficiels dans nos amitiés, je proteste. Je n’ai effectivement pas eu beaucoup d’amies pendant ma vie québécoise. Mais celle(s) que je garde, elles seront dans ma vie pour toujours. L’ironie, c’est que ces amies, pour la plupart, des Québécoises, pour la plupart (encore) vivent… en France. Et elles me manquent beaucoup.
Tout ça pour vous dire que…
Samedi soir dernier, vers 18 h 30, j’étais au Vieux Port de Montréal. Après maintes tergiversations sur la pertinence d’aller vers le Marché Bonsecours, mon mari décide qu’étant donné la foule et l’heure tardive, il serait mieux de se diriger vers la voiture, ce que nous faisons. Nous marchons le long de la rue Notre-Dame. Deux hommes assis à une terrasse fument des cigares. Mon mari, sa fille (de 17 ans) et moi nous regardons avec une mine nauséeuse. Soudain, je LE vois.
Ses 6 pieds 4 pouces le font ressortir de la foule, déjà. Et puis, même s’il tente sans doute de se camoufler sous ses cheveux blancs et sa barbe, il a un charisme évident. Il a une chemise à manches courtes bleu « pétant ». La dame qui l’accompagne parle au téléphone. Elle donne des instructions à des gens de les rejoindre. Je peste. Elle n’aurait pas été au téléphone, elle n’aurait pas pu faire autrement que de faire comme un Québécoise sur deux, et s’extasier devant la blondeur de mes enfants. Ce n’est pas qu’ils sont plus beaux que les autres, mais je crois que voyant leur mère, les gens ne peuvent pas s’empêcher de se demander comment j’ai pu faire de si beaux enfants ! On aurait pu engager la conversation, et qui sait…. ah décidément, zut les téléphones portables.
Nous sommes à côté de LUI, il y a beaucoup de monde et nous devons nous frayer un passage avec les poussettes. Pendant une fraction de seconde, j’ai un moment de panique. Comment le dire à mon mari, qui ne le remarquera pas, je suis prête à parier.
Or, si j’avais été avec mes amies… Un seul coup d’œil vers elles, un seul battement de cil, haussement de sourcil, voire un frôlement de bras, un tressaillement…. en un instant, elles auraient compris, sans mot, sans avoir besoin de grimacer. Je n’irai pas généraliser, mais est-ce le fait de notre mixité, il y a des moments où mon homme français et moi n’atteignons pas cette onde de complicité. Nous n’avons pas les mêmes ondes à déceler… les stars. Pressentant cette difficulté, mais résolue à manifester à ma douce-moitié que nous sommes à côté d’un des acteurs que nous aimons le plus, je me tourne vers mon poupoux et, sachant que la subtilité ne fonctionnera pas, j’y vais d’une grimace, voire d’un exploit facial : la bouche en sourire pincé, les yeux exorbités, les sourcils tentant de pointer vers La Star en question.
Tout le monde aurait compris.
Mais mon mari dit tout haut, mais innocemment : « Hein, quoi qu’est-ce qu’il y a ? » pour que toute la rue Notre-Dame comprenne bien. Désespérée, j’enlève ma grimace et redresse la tête. La Star me jette un coup d’œil, je crois qu’il sait que je sait car ses yeux ont l’air de dire « je suis repéré ». Mais, nous sommes à Montréal, et nous les Montréalais, plein de classe, avons de la discrétion lorsque nous rencontrons des stars.
Nous continuons notre chemin et c’est là que je chuchote (d’ailleurs, je me demande comment j’ai pu chuchoter, j’ai les cordes vocales tellement endolories qu’elles me font encore mal). « C’est Donald Sutherland !!!!!!!!!!!!!!!! ». « Hein, c’est qui ? », dit mon mari encore plus fort. « C’est Donald Sutherland, meeeeeeeeerde, tu ne vas quand même pas me dire que tu ne l’as pas reconnu, on l’a frôlé ! ».
Eh ben oui, j’ai frôlé Donald Sutherland, et PERSONNE parmi ceux qui m’accompagnaient ne l’ont vu (ou si, mais de loin). Aaargh!!!
Donald Sutherland est Canadien, sa femme est d’origine québécoise (elle a eu un rôle dans « Au revoir, les enfants » de Louis Malle). Il est assez souvent à Montréal, paraît-il. Et je l’ai VU. Aaaaaaaaaaah que j’aime Montréal parfois… Et que mes amies me manquent, parfois…
JayJay
Origine: Canada
Résidence: Gatineau, Qc
Profession: Tech. en infographie
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