Déménagement et vie culturelle en région
1er juillet…. Ici, au Québec, c’est la fête nationale du déménagement…. Par une étrange coutume tirée du passé, tous les baux de location commencent le 1er juillet, et se terminent le 30 juin de l’année suivante. Je vous laisse donc imaginer la cohue qui règne entre ces deux jours. Les européens qui découvrent cette pratique, inhabituelle sur le continent, se disent que c’est de la folie (et ils ont raison….), et sont convaincus d’être assez intelligent pour échapper à cette tradition, en choisissant de déménager quelques jours avant, ou bien quelques jours après…..
Et bien bonnes gens, sachez-le, en règle générale, vous n’aurez le choix de rien du tout !
Effectivement, en pratique, rien ne vous empêche de quitter votre logement quelques jours avant la date fatidique. Mais qui vous dit que vous aurez le droit de rentrer dans votre nouvelle maison avant ce fameux 1er juillet ? Et oui, vous l’aurez compris, tout dépend du bon vouloir du précédent locataire de votre nouveau logement, qui lui-même, dépend du bon vouloir du précédent locataire de son nouveau logement, et ainsi de suite…. Bref, dans cette chaîne infinie, à moins d’avoir un bon gars qui s’est construit sa propre maison et qui peut aller l’habiter quand bon lui semble, il y a bien un neuneu qui vous dira que pour lui, il n’est pas question de quitter son « home sweet home » avant le dernier jour, parce qu’il a invité sa gang de chums à un barbecue party pour pouvoir profiter de son lac jusqu’à ce que son propriétaire le mette dehors….
Et c’est ainsi que je me retrouve dans le même cas que tout monde, à poirauter devant la porte du loueur de camions, en priant pour que le dernier Dodge ram 3500 ne soit pas loué par la personne qui me précéde dans la file…. Coup de bol, il en reste un. On m’offre maintenant le choix entre deux créneaux horaires : soit de 8 heures du matin à 16 heures, soit de 16 heures à 8 heures le lendemain matin…. Vu que je n’ai jamais été du matin, je choisi donc le second….
Et me voici en train de paqueter toutes mes affaires, qui, malgré mes estimations de comptable hors pair (hi hi hi….), représentent bien plus de volume que je ne me l’étais imaginé….
Le jour « J » arrive enfin, et avec lui, mon locataire suivant, au volant de son pick-up, traînant derrière lui une remorque pleine à craquer. On lui fait de la place, on lui offre le sous-sol pendant que mes affaires restent amassées au premier étage jusqu’à 16 heures. Direction ensuite ma nouvelle maison, où je constate avec plaisir que mon précédent locataire a bien avancé dans son déménagement, et qu’il ne lui reste plus grand-chose à emmener. Le premier étage étant déjà vide, me voici partie dans le grand ménage. A 16 heures pétantes, j’arrive enfin devant le loueur de camions, priant une nouvelle fois pour que le conducteur « du matin » de mon Dodge Ram n’ait pas eu d’accident notoire. Ouf. Le camion est bien là, en parfait état. Re-direction mon ancien logement, et voilà…. Je vous épargnerai les détails de ce que nous avons dû charger à Lac-Saguay et re-décharger à Ferme-Neuve, vu que la façon de déménager reste la même partout dans le monde, à part que les électroménagers sont, ici, deux fois plus encombrants…. Je vous informe cependant que la 46ème loi de Murphy reste, elle aussi, universelle : tout ce que vous avez pu rentrer dans une maison ne pourra pas forcément en ressortir aussi facilement, sans que vous compreniez vraiment pourquoi…. Et les canapés restent la bête noire des déménageurs, que ce soit à Montréal ou en région…. (N’est-ce pas, Isa, Mik et Cédric ???)
Me voici donc installée dans ma nouvelle maison. Première surprise à laquelle je n’étais déjà plus habituée, je peux aller chercher du lait à pieds, en 2 minutes à peine. Je dois dire que cela a parfois son charme….
Ensuite, je suis maintenant à 5 minutes en voiture de mon centre équestre, et là, c’est le bonheur total. Les réservations de dernière minute pour des promenades à cheval ne me font plus peur, et je fais parfois plusieurs allers-retours par jour, juste pour le plaisir. Dernier avantage, et non des moindres : un plein d’essence me fait maintenant quinze jours, alors qu’avant, j’en étais presque arrivée à connaître le signe astrologique du pompiste …. Bref, vous l’aurez compris, je suis bien. Mon lac et mon chalet ne me manquent pas trop, car pour le moment, je trouve trop d’avantages à être ici, même en plein ville !
Laissons à présent les histoires de déménagement de côté jusqu’à l’année prochaine, et aussi à l’intention d’un éventuel prochain chroniqueur, vu que je n’ai pas l’intention de réitérer l’aventure trop souvent !
Je voudrais maintenant vous parler un peu de la vie culturelle en région, ou tout du moins dans la mienne. Comme vous le savez, je suis à présent journaliste pigiste pour un journal local, et il se trouve que de fil en aiguille, j’ai été promue spécialiste des évènements culturels. Un vrai plaisir pour moi, étant donné que cela me permet d’accéder gratuitement à toutes les expositions, festivals, et concerts de la région des Hautes-Laurentides. Et là, laissez-moi vous dire que je reste encore sidérée de voir la qualité de la vie culturelle ici ! Je ne compte plus le nombre d’expositions d’artistes, venus de Montréal ou d’ailleurs. Les artistes régionaux sont aussi mis à l’honneur par des expositions permanentes qui permettent de promouvoir les arts et les artisans et d’offrir un lieu où peuvent s’exprimer les talents locaux. Pour la 7ème année consécutive, une école d’été a même ouvert ses portes, pour permettre à la population de s’initier à toutes les techniques artistiques : gastronomie, peinture, sculpture, création de vitraux ou de bijoux, métiers d’art etc…. Toutes les matières, ou presque, sont enseignées par des artisans de la région.
Du côté musical, trois principaux festivals d’été sont au programme. Tout d’abord, grâce aux Concerts du Parc, à Mont-Laurier, vous pouvez assister tous les dimanches à un concert gratuit en plein air. Le genre musical y est très varié, et la programmation est de grande qualité. Pop, Rock, Jazz, Disco…. chacun peut y trouver son compte ! L’ambiance est en général familiale, décontractée, et très conviviale. Les amateurs de musique écoutent religieusement pendant que leurs enfants jouent aux alentours, agaçant parfois les personnes âgées qui, ayant amené leur fauteuil de jardin, profitent de cette ambiance festive pour se raconter les derniers potins….
On change ensuite de registre avec le festival classique des Hautes-Laurentides et le festival Boré-Art, qui proposent une fabuleuse programmation de concerts classiques, invitant des artistes de renommée souvent internationale ! Les concerts ont lieu alternativement dans plusieurs villages de la région, et il est absolument stupéfiant d’observer une telle qualité de programmation dans des villages dont la population dépasse rarement les 500 habitants. De plus, l’entrée est gratuite pour les moins de 18 ans !
Dans un autre registre encore, je ne compte plus les fêtes de village, dont la vedette est souvent tenue par des chansonniers ou des conteurs qui ajoutent une note populaire et folklorique toujours appréciée de tous. Les grands évènements locaux, comme le festival country de Val-Barette (au moins aussi important que celui de St Tite ! hi hi hi….) ou le festival des camionneurs de Mont-Laurier réussissent à faire se déplacer de grands artistes comme Marie-Chantal Toupin ou Dany Bédard pour animer leurs soirées.
Alors d’accord, le jour de la sortie mondiale de l’épisode III de Star Wars et du sixième tome de Harry Potter a été superbement ignoré ici, et on doit attendre en général environ 3 semaines de plus pour pouvoir profiter de ces phénomènes de société. Mais après tout, cela nous apprend juste à être un peu plus patients, et on se rend compte que finalement, on n’en meure pas….
Bien évidemment, je ne comparerais pas la vie culturelle de ma région avec celle de Québec ou de Montréal, mais je vous invite à venir vous laisser surprendre par sa qualité et sa diversité !
Et puis juste un exemple de ce qu’on ne trouvera jamais à Montréal…. la semaine dernière, j’étais à un concert de musique classique qui avait lieu dans l’église d’un village d’environ 350 habitants. L’église se situe juste à côté d’un grand lac de toute beauté, parsemé d’îles et pourvu d’une splendide plage de sable fin…. et bien je peux vous dire que le charme du lieu ajoute grandement à la magie et au bonheur que l’on ressent lorsque le concert prend fin, et que tout le monde se retrouve sur le parvis de l’église devant une bonne collation en compagnie des artistes.
Pour me reposer un peu de cette vie culturelle trépidante (hé hé….), me voici maintenant à la veille de ma première randonnée équestre de deux jours. Destination : le refuge du versant ouest de la Montagne du Diable ! Les chevaux et les bagages sont prêts, et ma cliente montréalaise vient d’arriver. Nous embarquons sur nos montures et nous voilà parties, papotant joyeusement tout en appréciant le paysage qui défile sous nos yeux. Lacs, barrages de castors, marécages, forêt, collines, c’est tout simplement splendide. Le soir, nous arrivons au refuge de bois rond qui nous abritera pour la nuit. La vue est magnifique. On voit à des kilomètres à la ronde, le réservoir du Baskatong s’étend à nos pieds, le ciel devient soudain bleu et rose, et nous assistons au plus fabuleux coucher de soleil que j’ai jamais vu….
Alors bonnes gens, sortez de vos villes, et venez passer vos vacances en région, vous ne serez pas déçus !
Quant à moi, après cette courte chronique, je vous laisse et m’en vais retrouver mes chevaux et ma montagne, ainsi que mon premier bébé poney, né la nuit dernière, qui me promet d’être un sacré loustic ! Je vous retrouverai après les vacances, pour de nouvelles aventures !
Bonnes vacances à tous !
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