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dimanche , 24 novembre 2024
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Le Yin et le Yang….

Bon. Et bien me voilà à pieds …. En effet, ayant un peu approfondi son expertise, le garagiste a finalement constaté que la pièce à 50 $ ne suffirait pas pour remettre ma voiture en état, et qu’il fallait maintenant changer tout le moteur…. Ben voyons…. Une voiture datant de 2001, achetée il y a à peine 9 mois et payée 11 500 $… Vous imaginez ma réaction. Le premier moment d’écoeurement passé (une bonne partie de mes économies était passée dans l’achat du véhicule en question), me voici de nouveau au téléphone avec ma fameuse garantie complémentaire, pour leur expliquer que je vais leur demander un peu plus que le remboursement de ma facture de remorquage. Et là, bonjour la cata. La garantie complémentaire veut que le garage les appelle pour leur donner toutes les explications techniques et le garage commence à en avoir marre de s’occuper d’une Kia alors qu’ils sont estampillés Hyundai. Le garage traîne donc un peu la patte, et ce n’est qu’au bout d’une semaine que je pourrais leur demander de procéder à l’estimé complet exigé par la garantie complémentaire. L’estimé sera finalisé 4 jours plus tard, auxquels il faut rajouter encore deux jours avant qu’un représentant de ma garantie complémentaire ne vienne sur place pour examiner le moteur. Le représentant repart avec le dossier sous le bras, en promettant de le faxer immédiatement au siège social de ma garantie qui, je vous le donne en mille, se trouve aux Etats-Unis dans une ville actuellement dévastée par le cyclone Rita…. Et là, on tombe carrément dans le burlesque…. voire dans l’absurde…. Ca fait donc maintenant un mois que ma voiture est immobilisée, je ne sais toujours pas si les réparations vont être couvertes ou pas par ma garantie, je présume de toute façon que dans un cas comme dans l’autre, ça prendra encore quelques semaines avant que ma voiture soit réparée, la facture s’allonge pendant tout ce temps, et…. Je suis toujours à pieds…..
Mettant à profit mon immobilité forcée (j’ai bien à ma disposition un vieux gros pick-up, mais rien que de le faire démarrer, j’en ai déjà pour 20 dollars de gaz), je décide de faire mes comptes.
Côté recettes, le centre équestre est au point mort, ou presque. Plus de clients. Le journalisme, c’est super sympa, mais ça paye 1 facture sur 10.
Côté dépenses, il y a l’éventuelle future facture de la voiture, l’huile de chauffage pour l’hiver, la révision de la fournaise, les fenêtres que je suis en train de faire changer, les chevaux qui continuent de manger, les courses, les factures diverses….
La soustraction est vite faite, et l’évidence s’impose…. Il faut que je trouve un job de plus. N’importe quoi, mais ça urge.
Je n’ai même pas le temps de monter un plan de bataille que le téléphone sonne :
– Bonjour, ici Bureautech, à Mont-Laurier. Vous aviez appliqué pour un travail chez nous il y a deux mois, et nous souhaiterions vous rencontrer…. Demain, jeudi, ça vous convient ?
– …. heu…. oui ?
Vous qui commencez à être habitués à ce que je vous dise que le monde est petit, vous ne serez pas surpris d’apprendre que je connais déjà deux employés de cette entreprise, dont l’un d’eux est le seul français de Mont-Laurier qui participe au forum d’immigrer.com
Le vendredi, donc, je passe une petite entrevue de 20 minutes. Tout se passe bien, malgré ma crainte de devoir caser dans la conversation que mes billets d’avion pour le mois de novembre étaient déjà réservés pour un petit aller-retour en France de 3 semaines….
Le lundi, coup de fil…. Je suis prise…. Et le mardi, je prends mon premier café avec mes nouveaux collègues de travail….
C’est marrant cette aptitude que j’ai de passer de la plus grande malchance du monde à la plus grande chance qui puisse m’être offerte. Je n’ai presque plus de sous, je casse ma voiture, je n’ai pas d’huile pour me chauffer cet hiver, mon centre équestre ne marche plus, et j’ai donc besoin d’un travail d’urgence.
Deux jours après, je trouve miraculeusement un boulot, qui se transforme miraculeusement d’un temps partiel en un temps plein parce que le boss a changé d’avis, dans une entreprise dont je connais déjà miraculeusement deux salariés, qui miraculeusement habitent dans le même village que moi et qui peuvent me donner un lift tous les jours.
J’ai l’impression que là-haut, assis sur son petit nuage, Dieu s’amuse comme un fou à jouer avec mes nerfs. Il a dû décider de s’adonner à ce jeu débile qui consiste à faire semblant de lâcher un enfant, pour le rattraper juste avant qu’il ne s’écrase au sol. Sauf que l’enfant, en général, ça le fait rire….

Alors voilà. En plus d’être guide de tourisme équestre et journaliste, me voici donc à présent standardiste-secrétaire, payée royalement 10 piasses de l’heure. Je découvre à cette occasion une nouvelle facette de mon nouveau pays : celle d’être salariée dans une petite entreprise québécoise, avec des collègues québécois, des patrons québécois, des horaires fixes, une boite à lunch, et des 5 à 7 à la Cage aux Sport le jeudi soir.
Que dire de cette toute nouvelle expérience ? Mes 2 patrons sont un peu bizarres, et j’ai un peu de mal à me faire à leur façon de manager leur équipe. Mais je suis sans doute tombée sur des cas spéciaux, et je ne veux donc pas trop en parler pour ne pas tomber dans l’erreur de la généralisation. Mais mes collègues, quel rêve ! C’est absolument génial. Tout le monde est très gentil avec moi, et j’ai eu l’impression d’être adoptée tout de suite. On prend le temps de m’expliquer, je me sens soutenue, et j’ai déjà l’impression de faire partie de la team depuis quelques mois.
D’emblée, je constate que la productivité est supérieure à celle que j’ai pu connaître en France. A 8h15, tout le monde est là. On prend le temps d’un café, mais tout le monde rejoint son poste de travail à 8h30. En France, tout le monde était là à 8h30, mais le café était ensuite pris sur le temps de travail…. Et on ne commençait réellement à travailler que vers 9h. Pendant la matinée, plus de pause, plus de café, tout le monde bosse. Mais à midi pile, tout s’arrête jusqu’à 13h. Et à 17h, plus personne. Les patrons sont les premiers à quitter leur poste, tout en me rappelant gentiment qu’il est temps que j’éteigne mon ordinateur, parce que je vais finir par être en retard pour partir…. Bref, ici, on travaille pour vivre, et non l’inverse.
Je vous reviendrai plus en détail sur la vie professionnelle au Québec lorsque j‘aurai un peu plus de matière à ce sujet. Pour le moment, mes impressions sont positives. Mon travail n’est pas très intéressant en soi, mais le fait d’avoir des collègues supers sympas et une excellente ambiance de travail m’aide beaucoup à me lever le matin. De toute façon, j’avais besoin de ce job alimentaire qui m’aide à envisager l’avenir un peu plus sereinement. Et puis ça soulage un peu de pouvoir enfin répondre à la toute première question que vous pose votre banquier lorsque vous franchissez le pas de sa porte : « quel est votre revenu annuel brut ? ». Qu’il soit faible ou élevé, au moins, vous en avez un. Et ce n’était pas le cas lorsque j’étais à mon compte. Bref, je m’embourgeoise, je m’empâte, j’apprécie le luxe d’un travail pépère, et je me repose un peu de la vie inquiétante (mais ô combien trépidante) de travailleuse autonome.
Le fait d’avoir un travail « normal » dans une entreprise permet aussi d’étendre considérablement son réseau de connaissances. Et même si mon patron reste un adepte des étrangers (sur 12 employés, il y a maintenant 2 français et 1 suisse), le reste de la gagne est constituée de pure laine, et je pense que l’intégration s’en trouve ainsi facilitée.
Et puis pour vous prouver à quel point mes nouveaux copains sont sympas, je vais vous conter une petite histoire. Les cow-boys fringants devaient se produire en spectacle à Mont-Laurier vers la fin de la semaine. J’avais bien entendu zieuté ça depuis bien longtemps, et j’avais déjà parlé à ma collègue du journal local pour demander à ce qu’elle m’envoie là-bas écrire un article. J’avais donc ainsi droit à deux places gratuites. Je me vante donc de ce privilège auprès de mes nouveaux collègues, dans le but avoué de susciter envie et admiration….. La veille du spectacle, je rappelle ma copine journaliste pour une dernière confirmation…. Et là, elle m’annonce toute désolée que la boss a pris toutes les places pour elle ! Telle était prise qui croyait prendre ! Evidemment, tous les billets mis en vente avaient déjà trouvé preneurs, et mes collègues se sont bien moqués de moi ! Bonne joueuse, j’affiche ma déception et ma frustration avec un sourire, j’essaye de parier la place d’un collègue au bras de fer, mais je me fais éclater…. Bref, il était écrit que ce fameux concert allait me passer sous le nez….
Quelques minutes et quelques coups de fils plus tard, ma gang de déjantés m’avait trouvé une place dans l’équipe chargée de la sécurité du concert ! Et c’est ainsi que le soir même, je me trouvais dans la salle avec un beau badge accroché sur la veste…. drette sur le passage des cow-boys qui devaient quasiment me marcher sur les pieds pour se rendre sur la scène ! Et oui…. Ici, en région, point d’immense salle anonyme remplie de fans qui se bousculent dans l’espoir de croiser le regard des artistes ! Ici, on peut les rencontrer, leur parler, plaisanter, ils sont beaucoup plus proches de leur public, tout est plus personnalisé et plus intime…. Ainsi, après 3 heures d’un show exceptionnel, j’ai quitté la salle avec l’impression d’avoir vécu un moment privilégié…. Et j’avais décidé de prendre des cours de trombone…. Les fans du sexe féminin comprendront !! hi hi hi….
Le lendemain, on m’a proposé de faire partie de l’équipe chargée de la sécurité pour chaque concert suivant. Et en janvier, je vous parlerai donc du concert de Mes Aïeux…. héhé….
Voilà pour les dernières nouvelles du front !
Ah oui…. un dernier mot pour vous dire que si vous ne savez pas quoi faire les prochaines fins de semaines, vous pouvez toujours venir faire un tour dans les Hautes-Laurentides…. Le festival des couleurs a commencé…. Et c’est tout simplement magique !

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