Activités d’hiver
20ème chronique !! Ouf. Merci à tous ceux qui ont eu le courage de suivre mes aventures jusqu’ici ! Alors…. Qu’est-ce que je pourrais bien vous raconter cette fois-ci ? Et si on restait dans les plaisirs de l’hiver au Québec hein ? Après tout, vu qu’il dure au moins quatre mois, c’est normal qu’on en parle beaucoup.
Un jour, mon voisin est venu me prévenir qu’il serait bon que je déneige mon toit. Je le regarde, les yeux ronds. Vous me voyez, moi, petite française qui a le vertige, m’amuser à grimper à l’aide d’une échelle sur un toit glissant pour faire mumuse avec une pelle ? Je commence donc par m’enquérir du bien fondé de la chose. Il est vrai qu’il a beaucoup neigé ces derniers temps, et qu’il y a environ un pied et demi de neige sur la couverture. Héhé. C’est l’hiver, il y a de la neige, so what ??
Et bien bonne gens, vous ne pouvez même pas imaginer le poids qu’un pied et demi de neige exerce sur votre fragile charpente. Et pour un peu que la météo capricieuse décide de vous envoyer de la pluie ou du verglas par-dessus tout ça, et bien cette pression sera encore démultipliée ! Alors pas le choix, il faut y passer. Je pioche à droite à gauche les outils nécessaires. Une échelle chez le voisin numéro 1, un scraper chez le voisin numéro 2, un peu d’aide chez…. personne ! Tous mes potes sont partis faire du ski de fonds. Damned. C’est pourtant le jour idéal pour déneiger un toit que diable !
Juste une petite parenthèse pour vous expliquer sommairement ce que c’est qu’un scraper…. C’est un genre de pelle-luge, que vous pouvez pousser ou tirer selon votre envie. La pelle est large, et posée par terre. Vous, vous tenez un espèce de manche en arc de cercle (imaginez un truc comme sur une poussette de bébé). Vous ne soulevez pas la pelle, vous ne faite que la planter dans la neige, et ensuite, vous tirez le tout vers vous. Il parait que ça épargne votre dos…. Mouais.
Ensuite, il y a deux façons de procéder. La façon masculine, « nice and easy », comme dirait mon ami Kees, et la façon féminine, « à la Bouh ». Vous poussez votre pelle en courant, pour la planter bien profondément dans votre gros tas de neige (pour que ça aille plus vite). Ensuite, vous pouvez à peine la retirer tellement elle est lourde. Et enfin, vous suez comme une vache pour tirer votre chargement jusqu’à la route. Pis à la fin, vous poussez, soulevez, tirez et jurez pour vider votre neige bien compacte qui se trouve dans votre scraper. Au bout de trois coups, vous maudissez le Québec…. le scraper…. Et vous reprenez votre pelle à neige traditionnelle.
Petite parenthèse fermée, me voici donc maintenant sur mon toit, après une laborieuse montée d’échelle (ben oui, il a en plus fallu monter le scraper !). J’ai de la neige jusqu’au genou. Je me taille un chemin vers le sommet. Finalement, tant qu’il y a de la neige, ça ne glisse pas du tout. Mais dès qu’on commence à l’enlever, ça devient une vraie patinoire ! Le scraper n’est décidément pas un engin pour moi. Deux fois j’ai failli être emportée en bas de mon toit par son poids quand il était rempli de neige. Au diable donc les bons conseils de mon voisin, on va reprendre la bonne vieille pelle. Au bout de deux heures, le toit est vidé de son fardeau. Petit conseil au passage : il faut toujours laisser une petite couche de neige sur votre toit pour contribuer à l’isolation, et pour que les éventuelles pluies verglaçantes n’endommagent pas votre couverture.
Là, vous croyez en avoir fini, et vous êtes fier de vous ? Et bien que nenni. Parce que toute la neige que vous avez jetée en bas de votre toit se retrouve à présent dans votre allée de garage ! Et vous devez recommencer la job pour pouvoir libérer votre voiture (qui marche encore pas, alors on s’en fout me direz-vous, mais c’est pour le principe). Et hop ! Encore 2 heures de dur labeur.
Je peux vous dire que quand vous rentrez chez vous, vous l’avez bien mérité votre chocolat chaud ! Le lendemain matin, vous racontez fièrement votre exploit à votre chum de gars qui vous emmène au boulot. Lui, il a été skier toute la journée le p’tit vlimeux…. Et il a quand même réussi à déneiger son toit à 6 heures du soir…. En une heure et demi…. Mais lui, il sait se servir d’un scraper, et il a un petit quad avec la pelle devant !! Grrrr….
Deux jours après, comme pour me donner raison d’avoir déneigé ma toiture, on pogne de la pluie verglaçante toute la journée. Et bien vous pouvez me croire, il est là le fléau de l’hiver québécois. C’est d’ailleurs l’une des rares choses qui arrête les bus scolaires. Ma voiture est prise dans un carcan de glace. Aucun interstice pour commencer le nettoyage, il faut quasiment attendre que ça fonde…. Ou avoir un démarreur à distance et attendre que ça dégèle doucement grâce au chauffage. Les routes sont mortelles, ça glisse pas à peu près. Et là, quand on roule sur de la glace, 4×4 ou pas, c’est le même combat. Vous vous surprenez même à arrêtez de respirer de peur de faire dévier votre char d’un demi pouce. Ceux qui avaient oublié de déneiger leur toit tirent la tronche…. La croûte de glace qui s’est formée sur la neige rend le travail encore plus ardu !
De toute façon, cet hiver, c’est du n’importe quoi. Un jour il fait -20°, le lendemain il fait +6° et il pleut, ensuite il refait froid, il re-neige, on ne sait plus sur quel pieds danser. Où sont les beaux jours froids et ensoleillés de l’année dernière ? Vivement le printemps tabarnouche !
Allez, pour se consoler, on a décidé de se faire un petit plaisir avec toute la gagne du bureau. Nous voici donc partis au centre Corel à Ottawa pour voir un match de hockey qui oppose les canadiens de Montréal aux Sénateurs d’Ottawa. On s’est inséré dans un groupe d’étudiants, pour pouvoir profiter d’un tarif de groupe et d’un transport par bus. Elle est pas belle la vie ? Je suis toute excitée, car outre le fait d’aller voir ma première « game » de hockey, je vais pouvoir y aller en autobus scolaire ! Un beau bus tout jaune, dernier cri ! …. Ouais…. Et bien figurez-vous que ces bus ne sont pas chauffés ! Et bien sûr, ce jour là, il faisait -25° dehors. Au bout de 10 minutes, il y avait de la glace sur toutes les fenêtres à l’intérieur, et on ne voyait plus rien. On a donc grelotté pendant les 3 heures du voyage. Mais quelle satisfaction lorsque l’on arrive dans l’aréna ! Les petits déboires du voyage s’évanouissent lorsqu’on entend hurler les 18 500 spectateurs du centre Corel. Imaginez, il y a presque autant de spectateurs là-dedans que d’habitants dans ma région…. Quelle ambiance, et quelle animation ! Même celui qui ne connaît rien au hockey ne peut que se laisser envahir par la fièvre. Et même si on s’est regelé pendant 3 autres heures pour rentrer, j’étais vraiment ravie de ma soirée ! Alors si vous avez l’occasion, ne ratez pas une soirée au centre Corel ou au centre Bell à Montréal ! Vous ne serez pas déçus, c’est promis.
A présent, j’ai envie d’enfoncer un petit peu plus le clou de la vie culturelle en région. Vous connaissez ma position sur le sujet, j’ai toujours été agréablement surprise de la qualité et de la diversité de ce qui était organisé dans mon coin de campagne. Récemment encore, l’un des éminents humoristes québécois est venu nous rendre visite. Il s’agit de Jean-Marc Parent. J’étais bien sûr aux premières loges, grâce à mon badge de journaliste (bon plan non ?). Même si ce job n’est pas franchement bien payé, je ne voudrais le lâcher pour rien au monde, car il me permet de me tenir au courant de tout ce qui se passe dans ma région et de m’intégrer doucement mais sûrement à la culture québécoise. J’ai tellement ri ce soir là que j’en avais mal au ventre. Son spectacle est à la fois drôle et touchant, et nous entraîne pendant plus de deux heures dans le rythme effréné de la vie quotidienne. Jean-Marc Parent nous raconte sa vie et aborde avec délice tous les sujets tabous de notre société. Il parle sans faux-fuyants de l’adolescence, de la vieillesse ou de la mort, de l’obésité ou du suicide. Il sait jongler avec les émotions, alternant à dessein les anecdotes légères et les sujets les plus graves, pour finir par renverser la vapeur dans l’absurde. Bref, l’humour québécois, j’adhère à fonds. En revanche, j’ai l’impression que l’inverse n’est pas forcément vrai, à mon grand désespoir…. En effet, depuis quelques temps, je jubilais à l’idée de montrer l’un de nos film cultes à l’un de mes chums québécois, à savoir « les bronzés font du ski ». Et bien figurez-vous qu’il a fallu le chatouiller pour qu’il rigole, et le secouer pour qu’il ne s’endorme pas…. INCROYABLE !!! Je crois qu’il va falloir attendre encore un peu pour lui proposer de visionner « les tontons flingueurs »….
C’est marrant, parce que parfois, j’ai l’impression de n’avoir pas changé de pays tellement je me sens bien ici, et je n’ai pas l’impression de ressentir le moindre choc culturel. Et soudain, je reste bête quand quelqu’un ne rigole pas devant « les Bronzés », ou quand je reçois mon formulaire T4 et que je suis la seule à essayer de le déchiffrer pour savoir ce que c’est et ce que je dois en faire…. Les différences culturelles sont bien souvent là où on ne les attend pas, et l’humour est, je pense, un bon exemple. Même si on parle la même langue, les références sont complètement différentes. Et lorsque vous essayerez de sortir des jokes, il vous faudra admettre que parfois, vous serez les seuls à en rire…. Mais bon. Si vous savez garder un zest de self-contrôle, assaisonné d’un brin d’autodérision, et d’un soupçon d’humilité, vous devriez pouvoir vous en sortir sans être traité de maudit français. Et après tout, rien ne pourra vous arriver de pire que d’être prise à partie par Jean-marc Parent devant 400 québécois parce que vous avez pris une photo, et que vous avez dit deux mots qui ont suffit à vous dénoncer comme française…. S’en est suivi un jeu improvisé qui consistait à dénombrer le nombre d’anglicismes québécois par rapport au nombre d’anglicismes français…. Imaginez une Bouh contre 400 québécois + Jean-Marc Parent…. Ben j’ai perdu, bien sûr, et si ma mère n’avait pas été aussi loin, je serais retournée dans ses jupes. Belle leçon d’humilité non ?
Deux jours plus tard, je faisais du stop pour rentrer chez moi (Si tu achètes un Kia, tu pousses, ou tu fais du pouce !!) et j’ai été prise au bout de deux minutes par un gars sympa qui m’a dit m’avoir reconnue parce qu’il m’avait vue au show de Jean-Marc Parent…. Je me suis tellement tassée sur mon siège que j’aurais presque pu glisser en dessous….
Vu que le métier de journaliste, c’est pas toujours rigolo, j’ai endossé ma casquette de gardienne de sécurité pour assister au concert de Mes Aïeux. C’était carrément génial ! Moi qui n’ai jamais été groupie dans ma vie, j’avoue que je suis complètement fan des Cow-boys et de Mes Aïeux. Le mélange de la musique traditionnelle et moderne, le funklore comme ils appellent ça, c’est tout simplement jouissif. Quant à Stéphane Archambault…. Huuum….
Bref, encore un beau spectacle que vous pouvez aller voir…. en région ! Et vous sauverez les problèmes de stationnement ou d’étouffement par la foule….
Dernière petite chose que je voulais mentionner pour clôturer cette chronique : le carnaval de Ferme-Neuve ! Et oui, vous avez bien entendu, une gagne de dégantés a décidé de remettre le bonhomme carnaval au goût du jour dans un petit village de 3 000 habitants. Et pendant 3 jours, un air de fête a régné dans toute la ville ! Les résidents avaient même conservé leurs décorations de Noël pour l’occasion. Cette première édition a rassemblé plus de 4 000 personnes. Pas de doute, ça a de l’avenir ! Les enfants ont tout d’abord été à l’honneur, puisque des jeux et des activités diverses avaient été organisés dans les écoles à leur attention. Dans la journée, on pouvait participer à des activités de ski de fond, de patinage libre en musique, ou encore assister à des démonstrations de synchro ou de sports de glisse. En soirée, 90 véhicules ont pris le départ de la parade aux flambeaux réservée aux VTT et motoneiges ! Un feu de joie avait aussi été allumé sur la place, les duchesses se pavanaient en compagnie du bonhomme carnaval, et pour clôturer le tout, un magnifique feu d’artifice a été tiré dans le village (le troisième en moins d’un an depuis que je suis à Ferme-Neuve). L’ambiance était géniale, les enfants ont adoré, et la bonne humeur était au rendez-vous…. Bref, l’année prochaine, si vous n’avez pas envie de vous rendre à Québec, venez à Ferme-Neuve !!
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