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Connais-toi toi-même. Un philosophe a…

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Connais-toi toi-même.

Un philosophe a dit : Je ne peux guère parler que de moi puisque c’est la seule chose que je connaisse. Alors je vais parler un peu de moi pour une fois, même si je ne suis pas un philosophe ! De plus je vais aborder certains sujets qu’Emma a traité dans sa chronique mais d’une autre manière et avec mes conclusions personnelles.

L’an dernier, séparé de ma fiancée par la distance durant 10 mois, je suis tout de même venu au Québec 4 fois en vacances (merci les 35 heures !). Chaque séjour me permettait de vivre ma future vie en une sorte de période d’essai sans conséquence. Lorsque je suis arrivé fin octobre, immigrant frais émoulu, il ne m’a pas fallu plus de 2 jours pour sentir un changement. Dans la rue, dans le bus, dans les magasins, j’avais une impression de modification de rythme des mouvements, de modification des couleurs et des odeurs. L’air même semblait différent.

Il s’agissait de ma perception. Je ne voyais plus mon environnement, mon nouveau pays comme je l’avais déjà vécu lors de mes fréquents séjours, mais à travers les yeux d’un nouveau venu sans plus d’attache matérielle derrière lui, sans date de fin de vacances et de retour au travail ou tout est toujours pour avant hier des que l’on descend d’avion. J’étais un « rien » avec son chemin à tracer au milieu de « tout ».

Même si ma fiancée et moi étions installés dans de très bonnes conditions, assurés de son revenu, même si je disposais déjà d’un contact sérieux avec un employeur potentiel, cela ne comblait pas une
sorte de vide intérieur. Peut-être ce vide avait-il été laissé là par la fin de ma procédure d’immigration et du déménagement qui avait pris tout mon temps depuis des mois. Une sorte de contre-coup. Même «favorisé» par rapport à d’autres immigrants, j’avais ce droit aux doutes, aux incertitudes et aux inquiétudes.

Pendant 6 mois, j’ai probablement vécu ICI, mais en me raccrochant partiellement (et peut-être trop) a mon ancienne vie LA-BAS, à mes habitudes de vie rangée, ou tout était bien en place généralement, mais ou trop peu de choses finissait par dépasser du cadre. Les premiers mois ici, je n’ai pas eu peur en soi d’avancer, j’ai juste trop calculé et anticipé chacun de mes choix importants, chacun de mes gestes pour essayer de garder le contrôle des conséquences. Peut-être par réflexe professionnel et scientifique? Probablement pour que ces résultats correspondent à ce que je voulais vraiment obtenir de ma nouvelle vie.

A immigrer, à changer de continent, j’avais envie de choisir. Conscient que se retrouver avec si peu de contraintes ne se reproduirait que peu de fois dans ma vie et dans ma carrière, je voulais que le résultat soit trop parfait. Un peu ambitieux ? Un peu prétentieux ? Beaucoup de fierté à le faire probablement….

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