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Le paradoxe de l’épicerie…

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Le paradoxe de l’épicerie

Au Québec, on ne dit pas « faire ses courses », mais « faire son épicerie ». L’expression en dit peut-être plus qu’elle ne veut bien en dire….
En France, faire ses courses désigne souvent le Grand Prix du samedi après-midi, au cours duquel on se procure absolument tout dans le même magasin, et vite. L’hypermarché français, le plus grand d’Europe, est devenu immense, impersonnel, mais esthétique et diaboliquement efficace. Une machine à vendre sans vendeurs. Sans service, les clients sont seuls face aux caissières. La machine sert de locomotive aux boutiques et magasins annexes. Un comble pour un pays qui combat souvent ce qui vient d’Amérique ! Second paradoxe : officiellement, les Français n’aiment pas les hypermarchés, ils disent préférer l’épicier du coin.

Étonnamment, l’Amérique du Nord paraît avoir moins poussé le concept ! Les centres d’achats sont plus souvent un regroupement de boutiques et de magasins qu’un hypermarché hypertrophié. Pas de nourriture fraîche chez Wal-Mart par exemple, pourtant numéro un. Le marketing de l’hypermarché est totalement différent : les magasins d’ici apparaissent parfois désuets. À l’intérieur, on est plus proche du bazar du siècle dernier que du « facing » parfait à la française. Des millions de petits produits pendouillent d’un peu partout et encombrent les allées déjà étroites. Les paniers sont plus grands, sans doute à cause du format des produits, plus grand lui aussi. Le service est direct : il y a souvent des démonstrations, comme sur un marché d’antan, et toujours quelqu’un pour vous renseigner. Il semble que rien n’a changé depuis l’invention des hypermarchés. Le client nord-américain semble être un client facile, qui achète depuis toujours.

Mais la course au gigantisme français tire à sa fin. Les fines têtes pensantes de la grande distribution parlent de « service », de « recueillir les faveurs du client ». Le client français semble beaucoup plus difficile à convaincre que son homologue nord-américain. Le retour en arrière est spectaculaire : œnologue au rayon vins, pharmacien au rayon parapharmacie, découpage en sections plus « intimes » du gigantesque rectangle, loi empêchant l’ouverture d’autres de ces géants des années quatre-vingt-dix. On tente de revenir au commerce de proximité…. au sein même de l’hypermarché.

Après avoir « dépassé » l’Amérique, la France semble revenir au « faire son épicerie ». N’est-ce pas cute ?

Seb Redflag

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