Certains partent d’autres arrivent….
Bon, on va croire que j’habite à Dorval mais non non…. Y’a juste beaucoup d’allers et venues à c’t’aéroport.
J’avais pensé pour cette chronique faire une sorte de bilan-conseil pour bien « réussir » la visite de la famille. Évidemment c’est pas facile car s’il existait une vraie bonne recette on s’inquièterait plus… Bref, je vais tenter de faire quelques remarques sur mes tentatives glorieuses ou ratées … un peu en vrac…. désolée…. on dirait que j’ai des problèmes d’emploi du temps en ce moment….
-Location du chalet dans une région où l’on peut skier : très bien. Là on a forcément les références à la « Cabane au Canada ». Incontournable. Choisir un endroit où y’a plus de 50 cm de neige sur les toits. Ça plait beaucoup.
-Conduire pour eux, comme ça ils ont pas le stress et ils apprécient vraiment leur visite. Ça parait bête quand on est habitué, mais passer en automatique et avec de la neige ou glace et sur des routes et dans des villes qu’ils ne connaissent pas, ça peut effectivement les inquiéter plus qu’on ne croit. L’état des routes sera sans doute commenté. Ignorer et rappeler que l’hiver bouffe les routes.
-Match de hockey, ça vaut le coup une fois, si le budget le permet, surtout quand les Canadiens gagnent ?. La c’est clair que des remarques seront faites sur la fréquence des pubs et la caractéristique inimaginable pour les français que les joueurs sur le terrain attendent littéralement que la pub programmée à la télé pendant la rediffusion du match se termine pour reprendre le jeu. \
-Si un membre de votre famille est joueur, les emmener ou leur indiquer comment se rendre au casino. Attention que ça ne pose pas de problème de couple ?
-Visite de Québec incontournable mais ils risquent de trouver le temps long et les routes mauvaises. Surtout pour des parents vieillissant un peu, leur dos n’est pas nécessairement formaté pour les longues heures en voiture. Peut-être considérer le train si le budget le permet…. ou alors partir sur plusieurs jours.
-Très sympa de faire rencontrer les amis de notre nouvelle vie aux parents si votre relation avec eux le permet, comme ça ils mettent des noms sur les visages et visualise mieux notre nouvelle vie. Et comme ça, ça fait des breaks et on n’a pas l’impression d’abandonner notre « nouvelle vie » pour le temps de la visite de la famille.
-Expliquer clairement nos disponibilités pour que des attendes irréalistes ne se forment pas. Mais moi on trouve quand même que je travaille trop…. D’un autre côté, ça permet de montrer notre vie quotidienne comme elle est vraiment… et puis du coup, il faut qu’ils trouvent de quoi s’occuper… par exemple, ranger mon appart de fond en comble.
-Les courses sont peut-être un des moments les plus pénibles, surtout pour moi, car les habitudes s’accrochent et c’est difficile de faire comprendre qu’il n’y a pas nécessairement ici ce qu’ils sont habitués d’acheter en France pour manger….
-Super idée de faire écouter Fréquence Caribou, ça permet de présenter quelques personnes que l’on côtoie et de faire découvrir des tounes bien québécoises.
-Éviter tout sujet de discorde la veille et le jour du départ. Ravaler sa fierté et ne pas s’énerver sur de détails non nécessaires. Laisser faire car c’est à la veille des départs que les émotions et l’énervement sont à leur comble ; pas des émotions évidentes de tristesse ou de soulagement, ce serait trop facile, mais un beau mélange insidieux qui fait dire des choses qu’on ne devrait pas et surtout sur des tons dangereux qui montent et arrivent à un status quo ‘incompréhension que l’on ne peut plus régler par manque de temps…
-Toujours offrir sans rien attendre en retour. Ça rend tout plus simple. On fait ce qu’on peut et donc on a notre conscience pour nous. Si tout n’est pas une réussite, au moins, on a fait ce qu’on a pu.
-Ne pas penser que ce qu’on devra débourser équivaudra à ce que l’on a décidé d’offrir.
-Assumer nos choix même si les visiteurs sont difficiles. Après tout il est toujours facile de prévenir qu’il est impossible d’héberger tout le monde et faire face ainsi à un potentiel refus de visite.
-Je ne suis pas sûre que la politique de l’autruche consistant à subir la visite des autres en se disant qu’elle prendra bientôt fin est une bonne chose… C’est vrai que c’est facile puisque effectivement ces visites familiales ne sont généralement pas si longues et qu’on ne rentre nous même pas souvent donc ce sera toujours plus ou moins « gérable »… mais finalement il ne faut pas oublier qu’on porte le point des difficultés de communication tout le reste de l’année à distance… à moins d’avoir un fort potentiel de détachement.
Il est déjà difficile de s’entendre vraiment bien en famille lorsque l’on se voit souvent et facilement alors dans le cas des immigrants, c’est encore plus difficile d’une certaine manière, même si l’option de supporter en s’en foutant un peu est toujours disponible et plus facile à distance. Après, si on souhaite être totalement sincère avec soi-même : il faut choisir ce que l’on veut… couper les ponts ou faire tous les efforts et renoncements nécessaires pour que ça se passe bien.
Je m’en veux de ne pas avoir su totalement empêcher des éléments de ma nouvelle vie avoir pris du temps que j’aurais pu consacrer à ma famille… mais d’un autre côté, le devrais-je… Je ne sais pas… C’est difficile… Bien sûr qu’il n’y a pas de raison, je ne peux pas par exemple me froisser avec un ami parce que mes parents sont en visite… mais d’un autre côté la famille a fait l’effort de venir et l’ami je peux le voir après… C’est donc lorsque des problèmes surviennent sur les deux plans de notre vie écartelée d’immigrant que c’est très difficile à gérer.
Images qui se gravent toute seule : papa qui n’a pas manqué une seule fois de me regarder partir par la fenêtre de l’appart en me faisant coucou de loin ; papa qui lit du Michel Tremblay ; Épisode croustillant des cornichons sucrés pour la raclette. Et coup de foudre de ma mère pour les « mufins » (prononcé le « u » comme dans ursule et le « in » comme dans fin du monde et ça donne bien).
Quoi qu’il puisse se passer pendant la visite de la famille, le retour à la voiture dans le parking de l’aéroport remet tout en place … les au-revoir de loin… les quelques regrets… la gorge serrée… mais, ça part vite, ou plutôt on s’habitue à chasser ça très vite …. ici c’est ma ville, mon aéroport, mes autoroutes… ma vie….. D’ailleurs, il faut penser sans plus tarder.
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