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Le Québec, un miracle

« Je ne serai donc pas Sage-Femme, …. à moins d’un miracle. », conclusion de ma chronique « Je ne serai pas Sage-Femme ».

Pour ceux qui ont lu ma chronique sur mon projet avorté (drôle de lapsus !!) de devenir Sage-Femme, eh bien, le miracle est arrivé et je vous écris de Trois-Rivières, où je vis depuis une semaine et où je suis le Baccalauréat en Pratique Sage-Femme à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Et j’en suis tellement fière et tellement contente !! Vous n’avez pas idée à quel point….

Pour cette dernière chronique, je vais vous raconter comment je me suis retrouvée en Mauricie. J’ai donc terminé mes cours de Biologie Humaine et Chimie Organique et j’ai bien réussie mes examens. Il me manquait toujours la Chimie des Solutions en tant de préalable pour être admise à l’UQTR. L’élément qui m’avait éloigné un peu plus de cette formation de quatre longues années fut la coupure officielle dans les bourses d’études et une augementation de 75% en moyenne de l’endettement des étudiants. Financièrement, ce serait difficile. Le Québec est passé cette année d’un extrême à l’autre. L’année dernière, c’était la province au Canada où les étudiants étaient le moins endettés et maintenant ils y seront les plus endettés. Je me suis donc résignée à faire la maîtrise en commerce électronique et je me suis convainque de tous les points positifs de la maîtrise : 12 mois d’études, petit groupe d’étudiants, pas de déménagement puisque je restais à Sherbrooke (il faut dire que j’aime énormément Sherbrooke que j’envisageais mal quitté la ville), posibilité de garder mon emploi actuel, expérience très enrichante en perspective dans cette magnifique faculté d’administration de l’université de Sherbrooke. Mais la question en suspens est restée : « Et après ? Est-ce que j’ai vraiment envie de travailler dans ce domaine dans un an ?? ». Bref, j’ai visité l’université et j’ai même commencé à chercher un emploi dans l’université, histoire de changer un peu. La rentrée était prévue le lundi 30 septembre.

Le mercredi d’avant, j’ai reçu un courriel de la directrice du programme Sage-Femme me demandant où j’en étais avec mes préalables et je m’appretais à lui répondre que je ne pouvais pas venir pour les raisons évoquées plus haut. Ce même jour, j’ai reçu une lettre de Trois-Rivières décrivant la journée d’accueil. Et le comble de tout, j’ai reçu le soir-même un appel de Margareth, la dame qui m’avait parlé du programme 9 mois plus tôt. Cela faisait plus de 8 mois que je n’avais pas eu de ses nouvelles ! Cela faisait deux mois que je cherchais ses coordonnées sans succès. Bizarre, tout ça, hein ? Si je ne croyais pas aux signes, cette journée-là m’a bien prouvée qu’ils existent ! Elle m’a gentiment proposé de m’héberger (elle habite à Trois-Rivères) le temps de me retournée et m’a encouragé à continuer mon combat pour garder ma place dans le programme. Le vendredi, la directrice du programme m’a proposé de suivre un cours de chimie à l’université même pendant cette session. Ce cours vient d’être reconnu comme préalable. Plus de souci d’équivalence des diplômes, du chevauchement d’horaires si j’avais du suivre le cours au Cegep. Sans rien faire ou presque, les obstacles à aller à Trois-Rivières se sont levés, comme par enchantement. J’ai donc décidé de saisir ma chance et d’aller au bout de mon rêve de devenir Sage-Femme, exercer ce métier qui me semble le plus beau du monde. Difficile, mais donc la satisfaction doit être immence.

La rentrée était pour le 7 septembre, donc j’avais une semaine pour lever le camp ! Lundi, je me suis excusée auprès du professeur chargé de la maîtrise à l’université de Sherbrooke. Il fut quelque peu surpris de constater ce grand revirement, vous le pensez bien ! J’en ai profité pour démissionner ce lundi même, un moment tant attendu ! 😉

J’ai emmenagé il y a quelques jours dans mon appartement, non loin de l’université. Nous sommes 18 femmes de 19 à 35 ans dans notre cohorte (promotion), la 6ème depuis la création du programme. L’UQTR est la seule université au Québec qui offre ce programme. Je suis tous les jours surprise de mes nouveaux cours, tous aussi intéressant les uns que les autres. Les professeurs nous demandent d’approuver le plan de cours et la méthode d’évaluation. Nous avons la possibilité de changer ce qui ne nous convient pas. On discute les points à changer et nous les approuvons à l’unanimité. Les profs nous disent que personne n’échouera aux cours car si on est en difficulté, ils nous aideront à trouver des solutions. Ce n’est pas la majorité qui compte, si quelqu’un n’est pas d’accord, on en rediscute. Bref, on est considéré en tant que PERSONNE UNIQUE ! J’ai pourtant étudié aux Etats-Unis mais je ne me souviens pas d’autant d’attention de la part du corps professoral. Le responsable de l’aide financière est venu nous rencontrer (il ne recontre pas les étudiants dans les autres programme en général) pour nous dire qu’on peut demander des dérrogations et d’autres montant de prêt car le ministère reconnaît que notre programme est difficile et nous demande des moyens financiers plus élevé car il faut déménager, avoir une voiture, avoir un ordinateur portable, on ne peut pas travailler en parallèle, ect.

C’est sur que c’est impressionnant pour moi qui a presque grandit en commerce tellement mon choix d’étudier en commerce international remonte loin. On étudie des matières très scientifiques comme l’anatomie (on va même voir des cadavres et des dissections !!), l’hématologie et la physionomie,et je me demande si je réussirais. Je pensais être la seule extra-terrestre en commerce international qui pensait devenir Sage-Femme mais il y a des femmes qui réfléchissent à ce métier depuis 10 ans et qui ont suivit tout un autre parcours avant d’arriver ici. Il y a une très belle dynamique entre nous, nous mangeons ensemble, on va à la piscine et on voudrait œuvrer ensemble pour améliorer le programme. Nous avons l’appui de l’administration pour cela, n’est-ce pas fantastique ?

Définitivement, nous sommes ici dans une société qui nous pousse vers le haut, qui nous encourage à aller au bout de nos passions, à être différents. Mes collègues de travail à Sherbrooke et mes amis m’ont beaucoup encouragé à me lancer. Je l’ai vu dans leurs yeux, ils sont contents et heureux même si je suis partie, car j’ai promis de revenir.

Cela a fait un an dimanche que je suis arrivée au Québec (merci à ceux qui ont pensé à cette date si importante pour moi) et j’avais dormi ma deuxième nuit dans mon appartement. C’est drôle que cette date coïncide avec cette nouvelle page de ma vie. Je me suis beaucoup cherchée cette année, j’ai été incapable de me décider pour Trois-Rivières tout au long de l’année. Je me suis appropriée Sherbrooke en quelque sorte et quand les gens me demandent d’où je viens, je suis tout de suite tentée de répondre Sherbrooke mais mon accent laisse les gens assez septiques confus ! J’espère pouvoir aller faire plusieurs stages à Sherbrooke pour y revoir mes amis.

Un bilan ? Très positif !! Un regret, oui : celui de ne pas être arrivée plus tôt au Québec. Il y a eu beaucoup de ups and downs et la grosse tâche noire fut lorsque l’hopital m’avait diagnotiqué une fausse maladie très grave. Une erreur, heureusement. Le climat n’est pas si pire mais tout comme les québecois, j’appréhende maintenant la longueur de l’hiver. L’été a été assez pluvieux mais les températures très agréables finalement grâce à l’humidité. Je n’ai jamais regretté d’avoir choisit la région comme lieu de vie pour la qualité de vie qu’on y trouve et pour la sympathie des gens. Et ce malgré le temps qu’il faut pour trouver un emploi qui nous convient. Je n’ai pas vraiment cherché très activement du travail dans ma branche car toute l’année, je me demandais si j’allais retourner aux Etudes, que ce soit à Trois-Rivières ou à Sherbrooke. Je continue donc de penser que l’emploi existe en région, il faut l’apprivoiser autrement. Mon expérience professionnel fut très intéressante aussi bien que les derniers mois furent un peu plus plate comme on dit car j’y ai rencontrer beaucoup de gens différents, je m’y suis fait des amis et j’ai appris beaucoup sur la société québecoise et canadienne en général. Je peux dire que cet emploi à été pour moi la clé de mon intégration au Québec. Ici, à Trois-Rivières, les gens sont très serviables aussi. J’ai été très surprise de voir autant de commerces à Trois-Rivières et un vrai centre ville, comparé à Sherbrooke où il n’y en a pas vraiment. Une autre chose m’a surprise ; la communauté maghrébine à l’université est vraiment très importante.

Cette chronique est la dernière et je suis contente que ma série de chroniques se termine sur ce nouveau chapitre de ma vie au Québec et sur l’optimisme que vous avez surement ressentit, du moins je l’espère. Nous nous retrouverons sur le forum. J’ai choisit d’arrêter d’écrire pour me concentrer sur mes cours (j’ai 7 cours cette session-ci). J’espère par mes chroniques et en particulier celle-ci vous avoir montré qu’en Amérique, au Québec, rien n’est facile mais tout est possible. Jamais je n’aurai pu devenir Sage-Femme en France, la mentalité et le système ne sont pas fait pour changer d’avis après un Bac + 5 en commerce international. J’aurai voulu faire du droit international, à la rigueur, mais pas Sage-Femme ! Si vous avez des rêves et des projets, soyez courageux et allez jusqu’au bout ! On ne vit qu’une fois et je regrette qu’on ne puisse pas vivre 300 ans afin d’accomplir tous mes rêves. Ne laissez pas des fausses excuses vous envahir et vous empêcher de vous épanouir.

Enfin, j’espère que mes chroniques vous ont donné une idée réelle de ce qu’est la première d’année d’une immigrante en région même si chaque expérience est unique et que vous avez eu autant de plaisir à me lire que j’en ai eu à vous écrire.

Un an plus tard, je suis toujours aussi contente d’être au Québec et je vous souhaite autant de chance que moi.

Impatience

PS : il va falloir que je pense à changer mon profil et y mettre « étudiante Sage-Femme » !

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