Après Montréal en 1976 et Calgary en 1988, c’est au tour de Vancouver d’accueillir les Jeux Olympiques d’Hiver en 2010. Sur fond de parcours chaotique de la flamme pour les prochains Jeux de Pékin cet Eté, examinons les controverses que les Jeux de 2010 sembleraient déjà susciter.
Comme chaque Jeux de l’ère moderne, le coût financier soulève bien des interrogations et des exclamations. Les lieux de compétitions, de même que pour les cérémonies de clôture et d’ouverture sont déjà tous disponibles à Vancouver et Whistler, nous a-t-on déclaré à maintes reprises. Il ne manquerait donc que le village olympique, si l’on suit cette logique. Dans ces cas-là, pourquoi construit-on une nouvelle patinoire à Richmond, pour le patinage de vitesse, alors que ces compétitions pourraient très bien se tenir à GM Place par exemple. Et pourquoi construit-on un deuxième stade à Vancouver même, alors qu’on en a déjà un qui fait très bien l’affaire ? Et que va-t-il advenir de ces installations après 2010 ? Elles seront réutilisées, nous promet-on, sans donner plus de précision.
Après toutes ces considérations, le coût d’abord estimé à 110 millions de dollars en 2003 est passée à 580 millions l’année dernière, et l’on pense qu’il franchira la barre des 2 milliards d’ici à 2010. Une bonne partie sera à notre charge, à nous, habitants de la ville, ainsi qu’à ceux de Whistler.
Les Jeux suscitent une controverse sociale, qui à mon humble avis, est la seule légitime. C’est celle relative au Downtown Eastside, le quartier le plus pauvre de tout le Canada où sans-abris, drogues et problèmes de santé mentale font partie de la vie ordinaire. On voit déjà des propriétaires d’hôtel en ruines, alléchés par le chant des sirènes –ou devrais-je dire des dollars-, faire des rénovations à grand frais, se débarrassant par la même occasion de locataires bien encombrants. Des gens en situation précaire se retrouvent en situation encore plus précaire, et cela est un vrai problème. Néanmoins il n’appartient nullement au Vanoc de le régler, mais bel et bien aux autorités locales et aux gouvernements provincial et fédéral. Et de ce côté, silence radio absolu. Certains y verraient même une opportunité, de déplacer le problème, sans le régler, ce qui arrangerait beaucoup de monde.
Il faut aussi signaler que les Jeux ont plus ou moins directement entraînés une augmentation du coût de la vie en général, et plus particulièrement dans l’immobilier. Une maison individuelle à Vancouver se vend en moyenne à 900 000$ depuis le début de l’année. Les salaires sont encore loin de s’être alignés sur ce nouveau coût de la vie. Il n’y a pas que pour les habitants du Downtown Eastside que les choses sont plus difficiles.
Autre controverse qui n’en est pas vraiment une, l’attitude des Premières Nations face aux Jeux. Le 6 Mars 2007, un groupuscule nommé The Native Warrior Society s’empare du drapeau olympique de Robson Square. Les raisons demeurent assez floues. Le groupe estime que les Jeux sont une humiliation pour les Premières Nations. Certaines installations sur l’axe Squamish-Whistler se trouvent sur des terrains appartenant aux Autochtones. Les 4 tribus concernées se sont regroupées en « Four Host First Nation » et ont signé un accord de coopération avec le Vanoc. A ma connaissance, le Comité n’a pas menacé, ni forcé les Premières Nations à signer. On n’a pas réentendu parler de ce groupuscule depuis, ce qui dénote d’un manque de crédibilité. Il est prévu que les tribus soient présentes dans les cérémonies d’ouverture et de clôture, et vendent leurs propres produits dérivés. Elles ont également été consultées sur le logo olympique, mais ont été déçues du résultat final.
Nous arrivons maintenant aux mouvements écologistes, inquiets pour l’écosystème se trouvant sur la « Sea to Sky Highway », entre West Vancouver et Whistler. Il est prévu et absolument nécessaire d’améliorer cette route, qui à l’heure actuelle n’est pas du tout adaptée à un trafic olympique. Par expérience personnelle, on croirait plutôt aller en enfer qu’au ciel. On met également cela sur le compte du Vanoc, à tort. Ce problème a été soulevé il y a des années, bien avant l’attribution des Jeux en 2003. La route a subie multiples réparations et améliorations, mais qui ne suffisent plus aujourd’hui. Les écologistes restent vigilants, de même que les autorités locales et ingénieurs responsables du projet. Affaire à suivre…
Aurait-on enfin fait le tour de toutes ces vraies-fausses controverses ? Je ne le pense pas. J’en oublie certainement d’autres. Il y aura toujours des mécontents et des insatisfaits, mais les Jeux seront là dans deux ans, qu’on le veuille ou non. Les exigences et attentes par rapport au Vanoc sont beaucoup trop élevées. Faire des Jeux un bouc-émissaire ne changera rien aux problèmes de la ville de Vancouver. Les Jeux Olympiques sont avant tout un événement sportif, et il serait rafraîchissant de remettre le sport sur le devant de la scène.
Je concède néanmoins que les Jeux sont une véritable entreprise commerciale maintenant. A ce propos, Calgary est la seule ville olympique à avoir fait des bénéfices. Pariez-vous qu’il en sera de même pour Vancouver ? Faites vos jeux !
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