Je crois que si j’ai tant apprécié mes 4 années au Québec, c’est en grande partie parce que ma rencontre avec ce pays a presque été accidentelle. Je n’ai pas vécu cette envie de tout plaquer, cette envie d’une vie ailleurs, meilleure. Je n’avais pas de grands rêves ou de grands espoirs. Je ne suis pas passé par des mois et des mois de procédure, et grâce à ça, je n’ai pas eu le temps d’idéaliser le Québec. J’y suis allée en vacances, en 2004, et j’ai eu envie d’en découvrir plus sur ce pays. J’ai laissé murir l’idée, je me suis inscrite à l’Université Laval, j’ai obtenu mon visa d’études et j’ai débarqué à Québec avec l’idée d’y étudier pendant deux ans. Tout ce que je voulais, c’était découvrir un nouveau pays et réussir mes études. Je voulais vivre une expérience différente, enrichissante et je n’ai pas été déçue.
J’ai découvert une nouvelle approche de l’enseignement favorisant les échanges étudiants-professeurs. J’ai pu tisser des liens que je n’aurais jamais cru pouvoir tisser avec mes profs. Durant toute ma scolarité en France, que ce soit au lycée, à l’université ou en école de commerce, j’avais toujours considéré mes profs comme des personnes distantes et impossibles d’accès. Quel changement quand je suis arrivée au Québec et que les profs ont commencé à nous donner leur adresse courriel et leurs heures de présence à leur bureau ! Quel changement de pouvoir avoir avec eux des relations égalitaires ! Quelle superbe opportunité aussi que de pouvoir devenir l’assistante d’un de ses profs durant ses études et d’enseigner un peu. J’avais en charge des groupes de baccalauréat et je me suis découvert une passion qui a failli me mener au doctorat.
Vraiment, j’ai adoré mon expérience et je crois que si j’ai pu autant apprécier ce que je vivais, c’est parce que je n’avais pas de grandes attentes au départ. L’idéalisation ne peut que conduire à la déception. L’herbe n’est pas plus verte ailleurs, elle est pareille.
Non. En réalité, elle est différente, mais en tout cas, elle sera toujours verte.
Chaque jour, le Québec me manque et chaque jour, je veille à ne pas idéaliser mes souvenirs, même si ce n’est pas facile. Je ne veux pas repartir et être déçue, cette fois, parce que ma mémoire aura occulté les trucs moins gais. J’essaie de rester rationnelle, de peser le pour et le contre dans ma décision. J’essaie de ne pas me réfugier dans la douceur de mon futur départ quand je vis quelque chose en France qui m’énerve.
C’est un combat de tous les jours pour arriver à ne pas tomber dans l’idéalisation mais je pense que c’est essentiel. Je ne veux pas avoir le sentiment d’échapper à quelque chose en partant. Je veux avoir le sentiment de choisir ma vie et d’y gagner. Tout simplement.
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