Je viens de passer trois semaines au Québec pour la sortie de mon deuxième roman et pour le salon du livre de Québec. J’y allais aussi pour préparer mon retour en juillet et valider une dernière fois une décision prise depuis longtemps : retourner vivre au Québec. En descendant de l’avion, je me suis rendu compte d’une chose : je n’avais pas l’impression d’arriver dans un pays étranger, j’avais l’impression de rentrer à la maison. Et j’ai eu cette impression pendant tout mon séjour. Paradoxalement, ça m’a un peu déçue parce que je n’ai pas ressenti cette excitation que l’on ressent quand on arrive dans un nouveau pays où tout est à découvrir. Terminée l’excitation parce que je croise des écureuils ou parce que je goûte à la poutine. Ces choses-là font maintenant parties de moi. Je sais qu’il me faudra toute une vie pour connaître le Québec dans son ensemble ainsi que la société québécoise, mais à l’heure d’aujourd’hui, je peux dire que j’ai adopté le Québec et que le Québec m’a adoptée.
J’ai vécu trois semaines magiques. D’abord au salon du livre où j’ai (re) découvert mes lecteurs et où j’ai croisé d’anciens collègues venus me voir, discuter de mon livre et de mes projets d’avenirs. L’entreprise pour laquelle je travaillais publie sur l’intranet un journal de nouvelles chaque semaine sur l’actualité de la boîte, sur les départs, les arrivées, les nouveaux contrats, et ils avaient parlé de moi : une ancienne collègue présente au salon du livre de Québec. Ça m’a vraiment touché de voir qu’après un an, on ne m’avait pas oubliée. Et puis, surtout, on m’a proposé plusieurs fois de reprendre mon poste et ça, c’est la plus belle preuve de reconnaissance de mon travail qu’on pouvait me faire.
Après le salon, je me suis mise en quête d’un appartement. Les baux commençant au 1er juillet de chaque année, je savais que j’étais dans la période idéale pour trouver quelque chose. J’étais exigeante, j’avais mes critères : taille, localisation, loyer, services, et ils ont tous été remplis sauf un : je m’accommoderai du tapis (moquette) dans la chambre, fortement compensé d’ailleurs par la présence d’une piscine extérieure !
J’avais un peu peur de ne pas contenter l’agence de location d’immeuble quand j’ai rempli ma demande. Après tout, pourquoi louer un appartement à une femme sans travail qui vit actuellement en France ? Mais j’ai de la chance d’avoir un bon historique de crédit, d’avoir de bonnes références auprès de mes anciens propriétaires et d’avoir déjà travaillé au Québec. Ça, combiner à l’offre de payer deux mois de loyer immédiatement a été suffisant. Un propriétaire n’a pas le droit d’exiger d’avance, voilà pourquoi, c’est moi qui l’ai proposé. Et je pense que cette pratique peut grandement aider les nouveaux arrivants, surtout sans historique de crédit, à se louer un appartement sans trop de problème. J’ai donc signé mon bail quelques jours avant mon départ (qui a bien failli ne pas avoir lieu à cause du volcan islandais !).
Et puis, alors que je faisais une entrevue pour mon livre avec un journal mensuel traitant de l’immigration, on m’a proposé un petit contrat de pigiste. Un éditorial par mois sur ma vision de l’immigration et de l’adaptation au Québec. Pas de quoi vivre, évidemment, mais qu’est-ce que j’aime me faire proposer des contrats sans même le demander ! La dynamique du monde du travail est tellement différente au Québec. Tout bouge plus vite, mais j’avoue que j’ai bâti un bon réseau professionnel et social en 4 ans. Je ne sais pas ce que me réserve l’avenir mais j’ai confiance.
Mon chat, mes livres, mes valises et moi retraversons donc l’Atlantique fin juin. Ça ne sera pas sans tristesse (mes proches me manqueront), ni appréhension (et si je me plante cette fois ? Tout est allé trop bien la première fois, non ?) mais ce sera avec la certitude de faire le bon choix. Je m’énerverai encore contre le fromage et le vin hors de prix (plus de 3 fois plus chers qu’en France parfois !), contre l’hiver qui décide d’envoyer une dernière bordée de neige le 17 avril cette année (j’ai cru halluciner quand j’ai vu ça !), contre certaines décisions politiques (opinion personnelle), contre l’état des routes, ou le système de santé mais je le ferai parce que, malgré tout, j’aime le Québec et que je serai heureuse et fière d’apporter ma modeste contribution à cette société.
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