Presque trois mois déjà que je suis de retour à Québec. Un retour aux sources. Le deuxième. L’année dernière, je suis revenue en France pour me ressourcer et voir ce que mon pays avait à offrir après 4 ans d’absence. Aujourd’hui, je suis revenue dans mon second pays. On me demande souvent pourquoi je me sens chez moi au Québec, mais je ne saurais l’expliquer, c’est comme ça, c’est tout. C’est ensemble de gens, de choses, de projets qui font que ma maison, mon foyer est ici. Aussi. Dans un monde parfait, j’emmènerais tous mes proches en France au Québec et on vivrait tous heureux.
L’immigration n’est pas facile, on laisse ceux qu’on aime derrière soi. On les force à vivre la tristesse de la séparation alors que c’était notre décision de partir. On a choisi de souffrir du manque, pas eux, mais ils le vivent quand même. Je pense que c’est ce qui me sera la plus difficile durant les prochaines années : savoir que mes proches construisent leurs vies en France pendant que je construis la mienne ici et que toutes les choses improvisées que l’on peut faire parce qu’on habite dans la même ville sont maintenant impossibles. Mais bon, d’autres amis m’ouvrent leur bras ici. Et c’est d’ailleurs en revenant que je me suis rendu compte que j’avais construit beaucoup de choses au Québec, des choses que mon année d’absence n’a rien altéré. Les amitiés sont intacts et d’autres se créent.
J’ai recommencé à travailler dans mon ancienne firme qui m’a accueillie à bras ouverts avec des conditions en or : 4/jours semaine (j’y tenais), augmentation de salaire comme si je n’étais pas partie, 4 semaines de vacances amovibles + 1 fixe à Noël et surtout j’ai retrouvé mes collègues qui m’ont envoyé un petit mot de re bienvenu. On ne le dira jamais assez, choyez votre réseau, ne quittez jamais une entreprise en claquant la porte. Surtout à Québec où le milieu est plus petit qu’à Montréal et où tout le monde se connaît.
J’ai donc recommencé à travailler et je m’éclate totalement. Mon MBA est reconnu, mon expérience aussi, on ne me traite comme la petite jeune qui ne connaît rien à la vie. Quand je compare ce qu’on m’offrait en France après des mois de recherche avec ce que j’ai obtenu ici en une rencontre de vingt minutes, je me dis qu’un jour ou l’autre, mon pays va frapper un mur. Je ne sais pas lequel, mais il fonce droit devant.
En France, j’avais l’impression que toutes mes années d’études ne servaient à rien, et c’était dur à vivre. Pendant toute mon adolescence, je me répétais et mes parents me répétaient aussi que grâce à mes études, j’allais trouver un travail intéressant, bien payé, à la hauteur de mes ambitions. Malheureusement, la France n’a pas été capable de m’offrir ça. Ici j’ai tout une carrière professionnelle qui m’attend.
Hier soir, sur internet, je regardais quelques reportages d’Envoyé spécial, l’un sur les jeunes des banlieues, promis à la délinquance et à la prison, et l’autre sur la discrimination au sein même de l’administration française et j’avais mal au cœur. Je n’aime toujours pas comparer la France et le Québec, mais parfois, les différences sont tellement flagrantes qu’elles nous sautent aux yeux.
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