C’est en avançant doucement sur le pont et en admirant le paysage qui se rapprochait de moi que je m’apercevais de la chance que j’avais.
Le pont défilait sous mes roues, à ma gauche la terre, que je venais de quitter, s’éloignait, à ma droite en toile de fond les rares gratte-ciels de la Capitale Nationale se dessinaient dans le ciel si gigantesque. En face ce bout de terre que j’allais visiter pendant plusieurs heures de pur plaisir.
A quelques encablures du pont, j’empruntais la route circulaire, cette longue route qui allait me faire découvrir un endroit pas si perdu que ça et pourtant encore protégé du tourisme de masse, enfin pas tant que ça en été.
Au fur et à mesure de mon avancée sur ces terres qui m’étaient encore étrangères, je découvrais ces petites et grandes maisons, parsemées de ci de là. On ne peut pas dire que le voisinage était bien dérangeant. J’avais l’impression d’arriver dans un monde qui vivait loin de tout, cette terrible sensation de calme, de quiétude et de bien-être me hantait de plus en plus.
A quelques kilomètres, à gauche, un panneau qui m’indiquait le site de la famille Steinbach. Une cidrerie familiale au presque bord du fleuve. Oui presque parce que si les terres étaient les rives de ce gigantesque fleuve qui s’appelait Saint Laurent, les habitations étaient, à ce niveau de l’île, bien en retrait et en hauteur, surplombant l’eau et offrant un panorama époustouflant. Une halte chez cette famille d’ancien Belges devenus plus Québécois que jamais, qui, au fil des ans, offraient un choix de cidres et de produits dérivés si délectables.
Mais la route ne se finissait pas là, et les étendues blanches qui nous entouraient m’appelaient à pousser toujours plus loin ma curiosité. En reprenant mon char et en poursuivant cette route qui semblait bien être la seule et unique, je finis par tomber sur cette étrange tour de guet plantée là, presque au milieu de nulle part. J’avais déjà quasiment parcouru la moitié du chemin. Du haut cette tour l’impression de gigantisme prenait tout son sens, et j’aurais été bien niais de ne pas escalader ces marches quatre à quatre pour m’offrir ce paysage fait de terre, d’eau et de lumière. La neige recouvrait la totalité des terres, le fleuve, lui, charriait ces blocs de glace qui chaque hiver parcourent des kilomètres avant de fondre dans l’insouciance la plus totale à l’entrée du printemps. Et devant moi, dos à Québec, l’immensité d’un fleuve… Le fleuve.
Il me fallut peu de temps pour accéder ensuite à cette petite église. Un décor de carte postale. Une église bâtie au bord de l’eau et son minuscule cimetière. Les âmes orléanaises reposaient là dans un silence appuyé par la surdité des ces étendues enneigées. Le calme, la sérénité, la paix. Les rares véhicules qui suivaient mon chemin dérangeaient à peine ce moment de recueillement que chacun peut trouver en cet endroit. Et les blocs de glace continuaient à glisser le long du fleuve au fil de l’eau. J’avais le sentiment qu’ils me suivaient depuis mon premier pied posé sur cette terre ilienne.
Le chemin s’est poursuivi en « redescendant » jusqu’au bout de l’île, la halte gourmandise à la chocolaterie s’est imposée, avant de chevaucher à nouveau le pont qui me ramena vers la terre ferme avec pour nouvelle merveille les chutes de Montmorency qui jaillissaient face à moi comme un bouquet final.
Alors il y a tant de choses à voir, que je n’ai pu coucher sur le papier, tant de moments à vivre en une journée, une fin de semaine ou plus encore, mais une chose est sûre, le temps ici s’est arrêté, il s’est arrêté sur la beauté d’un paysage que chacun doit avoir vu un jour dans sa vie, celui de l’île d’Orléans.
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