Je me souviens de ma hâte à partager mes premières impressions qui valideraient mes six premiers mois, puis l’année.
À offrir une perspective éloignée des grands centres urbains, moi qui était une citadine heureuse en France et dont les intentions étaient de déménager à Montréal une fois mon cours fini, raison initiale de ma venue à Rivière-du-Loup.
Je me souviens des récits dont les auteurs affichaient un » + de 5 ans » dans leur statut.
Ça me semblait si loin.
Dans moins de trois mois, cela fera six ans que j’habite au Québec, tous passés à Rivière-du-Loup.
J’en suis toujours la première étonnée. Et contente aussi.
C’était un pari, de rester là où mon petit réseau a commencé à se créer.
Contre intuitif pour beaucoup aussi, quand on veut travailler dans le cinéma (documentaire).
Ça a pris un peu du temps, mais ça fonctionne, pour moi.
Est-ce que c’est parfait? Non.
L’envie de partir me prend-elle par moment (vous savez ces moments #payetarégion)? Oui.
Mais le bas du fleuve, c’est vraiment magique. Pour vrai.
Le rythme. La beauté.
Tout ce qui m’exaspère aussi, pas assez visiblement, pour faire le poids face aux séjours à Montréal et ses musées, nids de poules, ses cafés, le bruit, les concerts, ses canicules, la nourriture du monde entier, la neige triste, les gens de partout.
Au Bas-Saint-Laurent, les choses bougent, merci la pandémie et ces nouveaux arrivants venus « plonger dans l’immense ».
À Rivière-du-Loup, je me suis crée une place, parce qu’il y a l’espace pour faire ce qui n’existe pas ou peu.
J’ai exploré d’autres potentiels de moi. On ne change pas qui on est. Par contre, on peut explorer d’autres configurations de soi. Et se découvrir sous d’autres coutures.
Finalement, ça m’aura pris presque cinq ans pour retourner en France revoir amis et famille, la pandémie ayant repoussé mes plans de deux ans.
Je me demande si ça n’a davantage consolidé ma nouvelle vie. Il y a a des moments vulnérables dans tout changement de vie, surtout quand ils font relativement tard, où l’on se demande si on fait machine arrière, si on retourne dans les sentiers rassurants de l’habitude, des origines, des tous les liens qui nous ont construit.
Après tout, pourquoi s’infliger ces amputations?
Pas de choc culturel inversé pour moi, juste le plaisir de revoir les visages tant aimés.
La joie de battre le pavé des lieux adorés, me rappeler leur beauté. L’envie de le faire découvrir aux amis faits à Rivière-du-Loup, pour joindre les deux mondes.
Rencontrer les enfants nés entre-temps, retrouver ceux qui ont grandi sans nous, reprendre là où ça s’est arrêté avec les amis et goûter au plaisir de l’intimité intacte.
Pendant tout mon séjour, j’étais sur cette impression troublante de n’être jamais partie. Même s’il y a eu plein de changements. Mais toujours pas de nostalgie.
Et moi, qui n’aurai jamais vraiment de sentiment d’appartenance, j’étais contente de repartir, même si c’est encore plus dur de dire au revoir à nouveau.
Une dernière, pour mes grands-parents.
Mais une fois La Pocatière dépassée, quand la route descend pour s’approcher du fleuve et qu’il miroite plein de printemps, je me suis dit que j’étais où je voulais être, peu importe combien de temps encore.
Bilan de Pan_Dore dans le forum de discussions
Crédit photo : Tourisme Rivière-du-loup
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