Les chiffres du Recensement 2006 publiés au début décembre 2007 sont éloquents. Le français subit un recul historique au Québec, et important dans l'ensemble du Canada. En 1971, 26 % de la population canadienne parlait surtout le français à la maison, contre seulement 21 % aujourd'hui.
Le français perd des plumes partout au Canada et aussi au Québec. Les allophones c'est à dire les immigrants qui ne parlent ni le français ou l'anglais comme langue maternelle, prennent du poids au niveau démographique au Québec.
Au Québec en 2006, les personnes de langue maternelle française composaient 79 % de la population. C'est la première fois, depuis 1931, que la proportion est inférieure à 80 %. Ce passage sous la barre des 80 % est nettement symbolique pour de nombreux Québécois. Selon Statistique Canada, cette baisse s'explique par une légère hausse de la population anglophone de la province et à l'accélération de l'immigration allophone. La part de la population parlant surtout le français à la maison (sans que ce soit nécessairement sa langue maternelle) a aussi reculé entre les recensements de 2001 et de 2006, passant de 83,1 % à 81,8 %.
Autre chiffre très symbolique, sur l'île de Montréal la proportion de personnes dont le français est la langue maternelle est passée sous la barre des 50 %. Soit une diminution de près de quatre points en cinq ans. Seuls 54 % des foyers montréalais parlent surtout le français dans la cuisine, quelle que soit la langue maternelle.
La proportion de la population née à l'extérieur du pays et établie dans la province atteint aujourd'hui 11,5 %, un record. Nulle part ailleurs au Canada l'augmentation de la proportion des personnes nées à l'étranger n'a été plus forte qu'au Québec.
C'est aussi la province, après l'Ontario, la plus populaire chez les immigrants, 87% des nouveaux arrivants choisissent de s'établir à Montréal. La région métropolitaine a d'ailleurs enregistré une augmentation de 19 % entre 2001 et 2006 de sa population née à l'étranger.
Depuis le dernier recensement en 2001, peu d'anglophones ont quitté le Québec. Pour la première fois depuis très longtemps, Statistique Canada a aussi observé en 2006 une stabilisation du nombre de Québécois disant parler surtout l'anglais à la maison, c'est à dire un peu plus de 10 % de la population québécoise. Et pour cause, avec un fort apport allophone, un maintien des effectifs anglophones et une faible croissance de la population francophone totale, la place du français dans les maisons québécoises est nécessairement plus restreinte.
Et ce, même si le recensement indique que les allophones québécois qui opèrent un «transfert linguistique» (c'est-à-dire qu'ils choisissent de parler à la maison une des deux langues officielles) optent de plus en plus pour le français: 51 % le font maintenant (le chiffre est plus élevé chez les arrivants récents). Cela s'explique entre autres par le fait que Québec privilégie l'accueil d'immigrants qui ont déjà des connaissances du français.
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