La pénurie de médecins au Canada constitue une réalité alarmante. Selon les projections, le pays pourrait connaître un déficit de près de 44 000 médecins d’ici 2028, dont une majorité sera constituée de médecins de famille et d’omnipraticiens. Une solution possible serait d’ajuster les opportunités de formation postdoctorale pour les médecins canadiens formés à l’étranger.
Le principal défi réside dans la disproportion entre les places disponibles en résidence pour ces médecins et le nombre croissant de ceux souhaitant revenir exercer au Canada. Comme le rapporte le réseau anglophone de Radio-Canada (CBC), chaque année, environ 1 000 médecins canadiens formés à l’étranger ne parviennent pas à décrocher de postes de résidence sur le territoire canadien.
D’après les données du Service canadien de jumelage des résidents, durant l’année universitaire en cours, 1 810 diplômés étrangers en médecine, canadiens de surcroît, ont postulé pour une résidence. Ces médecins ont suivi leur formation en Australie, en Irlande ou au Royaume-Uni. Leur absence du Canada n’est pas due à un manque de volonté de leur part, mais bien à un manque d’opportunités de résidence. Par ailleurs, ces postes sont souvent occupés par des médecins ayant étudié au Canada, mais qui, à l’issue de leur formation, retournent dans leur pays d’origine, quittant ainsi définitivement le Canada.
Malgré cette situation, les facultés de médecine canadiennes continuent de privilégier leurs propres diplômés. Elles appliquent un quota rigoureux aux Canadiens ayant obtenu leur diplôme de médecine à l’étranger. Seuls 370 d’entre eux ont ainsi pu intégrer une résidence pour poursuivre leur formation postuniversitaire. Il est ironique de constater que de nombreux étudiants venant au Canada pour leur formation repartent ensuite dans leur pays d’origine, comme c’est le cas pour de nombreux Saoudiens qui, de par les obligations gouvernementales, doivent retourner chez eux après leurs études.
Certaines facultés de médecine canadiennes continuent d’attribuer des postes de résidence à des étudiants étrangers, notamment en provenance d’Oman, du Koweït et de l’Arabie saoudite. Ces établissements bénéficient d’une exemption des lois sur l’immigration qui garantirait normalement la priorité d’emploi aux Canadiens. En 2010, le ministère de l’Immigration du Canada a mis en place le Bulletin 230, une politique permettant aux facultés de médecine de ne pas avoir à évaluer l’impact sur le marché du travail local.
La Société canadienne pour les études de médecine à l’étranger (SOCASMA), un groupe de défense des droits des Canadiens diplômés en médecine à l’étranger, milite pour la révision de ce système.
Pistes de solutions :
- Réviser les exemptions : Une première mesure pourrait consister à revoir les exemptions accordées aux facultés de médecine accueillant des stagiaires étrangers, afin de donner la priorité aux médecins canadiens formés à l’étranger.
- Augmenter les places en résidence : Il serait judicieux d’investir davantage dans la formation médicale postdoctorale afin d’accroître le nombre de postes en résidence.
- Mettre en place un système de jumelage optimisé : La création ou l’amélioration d’un système de jumelage permettrait d’associer plus efficacement les médecins formés à l’étranger aux opportunités de résidence disponibles.
Source: CBC
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