De Jimmy
Il y a 30 ans aujourd’hui mon papa…..
A peu près a cette heure ci (20h.42) il y a aujourd’hui 30 ans, mon papa, un intellectuel plutôt austère, pas très porté sur la démonstration de sentiments, se leva, se dirigea vers moi et me serra la main. Cela m’a beaucoup surpris et même ému, car il n’avait jamais fait ca auparavant’et jamais après non plus.
Au même moment, dans une salle surchauffée de l’est de Montréal ou s’entassait des milliers de personnes, deux policiers en civil s’approchent de René Lévesque. René Lévesque leur demande ce qu’ils font là. Les deux hommes répondent : « nous sommes vos gardes du corps Monsieur le Premier Ministre ».
Le 15 novembre 1976 à 20h.42, le Canada est tombé en bas de sa chaise, les Québécois venaient de se tenir debout et avaient voté pour un parti politique prônant la souveraineté du Québec.
A 20h.42 il y a 30 ans aujourd’hui, Radio-Canada annonçait la victoire de René Lévesque et un sentiment de fierté incroyable fouettait plusieurs Québécois.
A partir de 20h.42 le 15 novembre 1976, toute personne sur le territoire du Québec qui se faisait interpeler (en anglais) par un policier anglophone, un portier anglophone, un vendeur de chaussure anglophone, un fonctionnaire de l’impôt anglophone, un douanier anglophone, un réparateur Maytag anglophone, un livreur anglophone, une réceptionniste anglophone, un gérant d’artiste anglophone ou un vendeur de pot anglophone pouvait regarder son interlocuteur en plein dans les yeux et lui dire : « je n’ai pas a te répondre si tu ne me parle pas en Français ».
Avant le 15 novembre 1976, on pouvait toujours demander que l’on s’adresse à nous en français, mais une fois sur deux notre interlocuteur se mettait a rire’genre : « pis si je te parle pas en français, qu’esse tu vas faire ? »
Ma fille m’a déjà dit : « moi je comprends pas ça les féministes. Parce que en tant que femme, je fais tout ce que je veux, je peux étudier ce que je veux, pratiquer le métier que je veux, voyager la où je veux’.a quoi ça sert le féministe alors ? » Je lui répondait toujours que si elle peut faire se qu’elle veut, pratiquer le métier qu’elle veut, étudier ce qu’elle veut et voyager où elle veut, c’est justement parce qu’il y a eu des féministes.
C’est ce qui s’est passé avec la langue française au Québec avec l’élection du Parti Québécois. Et tout comme les droits acquis des femmes sont encore et toujours fragile (on l’a vu dans l’actualité récente) le respect du fait français en Amérique du Nord est toujours fragile.
Mon papa est décédé en 1978. Il n’a donc pas vu les Québécois se dirent non a eux-mêmes par deux fois lors de deux référendums.
Lorsque, dans un an et demi, André Boisclair, ( chef du Parti Québécois) je l’espère remportera l’élection , j’irai vers ma fille et mon fils et je leur serrerai la main et je compterai sur eux pour qu’au prochain référendum, les Québécois ne se disent pas non a eux-mêmes une troisième fois.
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