De Kabi
Cela va faire 5 ans que je vis dans ce beau pays, ahhhh que de souvenirs pendant ces 5 bonnes longues années !!!! Aussi bien de bonnes que de mauvaises expériences, mais je dois le dire honnêtement : ce sont les plus belles années de toute ma vie !!!
La 1ère année était une année de transition, l’année ou chaque immigrant passe par l’étape la plus cruciale de son immigration, nous avons une sorte d’impression de changer de peau pour en mettre une nouvelle tout en gardant les pulpes internes (nos racines).
Au cours, donc, de ma première j’ai vécu une période de réapprentissage puisque j’ai changé complètement de repères : environnementale, culturel, sociale, climatique, économique et religieux.
Je suis donc allé puiser au fond de moi-même pour fondre doucement dans mon nouvel environnement, comme quelqu’un qui se glisse dans le bain en adaptant la chaleur de son corps à la chaleur de la baignoire : doucement mais surement. Mon optimisme, ma confiance en moi-même, ma sociabilité et surtout cette forte volonté de vouloir réussir, m’ont beaucoup aidé (au fond j’ai voulu prouver à moi-même, à ma famille et au monde que j’ai fais le bon choix).
J’ai continué à améliorer mon coté «débrouillard» car j’étais seul et je ne bénéficiais pas d’un solide soutien familial, loin du coté affectif de ma famille, ou de ma femme ou de mes enfants : j’étais seul dans un océan de changement. J’ai pu trouver mon premier logement après 1 mois, un grand 2 et ½ avec balcon et cuisine fermée, juste ce qu’il faut pour un célibataire. Puis un autre mois plus tard mon premier travail en tant que télémarketeur en centre d’appel, ensuite l’adaptation au climat glacial de l’hiver canadien se faisait sans heurte car à la vue de la neige c’est ce flash de mes souvenirs qui surgit : je me voyait ce petit garçon de 5 ans jouant toute la journée dans la neige dans notre petit quartier (d’une toute petite ville dans l’Eure-et-Loire- France) je me voyais entouré de cet étendu tapis blanc et froid, la neige m’arrivait jusqu’aux genoux et cela me faisait que du réel plaisir … du coup c’est ce sentiment d’enfance et de plaisir qui m’engloutit à chaque fois que je vis l’hiver Canadien.
L’intégration se faisait bien : donc La recherche d’appartement en plein hiver glacial, un mois plus tard j’ai eu mon propre chez moi, puis la recherche du boulot, un autre mois plus tard je commençais dans un centre d’appel, une sorte de jobine on me disait; ensuite la recherche d’amis, ce point là m’a pris pas mal de temps, normal car la notion d’amitié n’est pas la même,…
Je disais donc l’intégration se faisait bien. Tel était mon constat pendant les 6 premiers mois à une seule exception : j’ai découvert ce que voulais dire le fameux «choc culturel» :
Je n’arrivais pas à comprendre comment se fait-il que malgré toute la compréhension du système québécois (car je vivais au Québec à l’époque), «l’acceptation de l’autre » toute l’ouverture d’esprit, toute, toute l’armada de trucs, astuces et éléments à la québécoises lesquelles je me suis munis, je n’arrivais pas à décrocher un emploi. Je parle d’un emploi là, un vrai pas une jobine.
Je ne demandais pas de poste de directeur ou chef de département ou de produit ou même adjoint administratif, j’ai mis de coté ma licence en administration (genre BAC administratif Canadien) car déjà le gouvernement ne me l’a pas reconnue, mais ce n’étais pas cela qui m’a choqué.
Ce qui m’a choqué c’est de découvrir que mon CV se jetait à la corbeille parceque je porte un nom arabe… alors là pour moi ça c’était un vrai choc!!! Le pire c’est que le fait que cela se passe ici, dans cette partie du globe me choquait profondément.
Pendant 6 mois je me disais non cela est strictement impossible car nous vivons dans un pays classé en 2ième position au niveau du développement humain (IDH, selon l’étude de l’Unesco en 2004) (1). Non je ne vais pas tomber dans ce petit jeu de jouer à la victime et pleurnicher, non je ne ferais pas comme cette catégorie d’immigrant qui voit dans chaque rejet de poste d’emploi une sorte de « non acceptation » , non et non…
Puis je chassais cette idée car je remarquais que certains immigrants en concluaient vite-fait, ou si vous voulez je ne supportais pas de croire que c’est vrai, et aussi je n’ai pas de preuve, mais un message (émail) reçu d’un ami de la part d’une québécoise (québécoise de souche on s’entend bien là, mariée à un québécois de souche lui aussi, fille de parents québécois de souche également) agente de »Ressources-Humaines Canada », nous ouvrit les yeux.
Seulement voilà, au lieu de rester époustoufler devant cette réalité j’ai décidé d’ «allumer une bougie au lieu de maudire l’obscurité». Le conseil de la dame était soit de viser les grandes boîtes qui souscrivent -pour vrai- au programme d’équité en emploi, ou bien de chercher quelqu’un qui connait quelqu’un, qui connait quelqu’un qui lui connait quelqu’un qui est capable de donner une chance à un nouvel immigrant.
Mais il me fallait avoir quelque chose de plus dans mon sac, un diplôme québécois : question de mettre une couche québécoise sur mon savoir faire et dire aux futurs employeurs « Messieurs dames ! Nous parlons la même langue ! ». J’ai passé les six autres mois à me contenter de jobines et faire du bénévolat le temps de commencer des études.
[font=Georgia][size=16] La 2ième année je l’ai considérée comme une année de « remise à niveau » : je suis retourné aux études mais j’ai évité de tomber dans ce long parcours de 4 ans à l’université sans compter l’endettement à la fin du diplôme, j’ai préféré une attestation d’étude collégiale, quelque chose de pratico-pratique qui me fasse entrer dans le marché du travail en un temps réduit, de quelques mois ou 1an, avec des armes suffisantes pour affronter le monde du travail, et plus tard je penserais aux études universitaires car acquérir le savoir c’est une affaire de tous les jours.
Lors de mes 14 mois d’études j’ai repris « vie », le fait de ne plus stresser à la recherche d’un emploi et de ne plus me préoccuper des glissades de la 1ère année m’a permis de voir les autres belles choses de la belle province car comme on dit, s’inquiéter du temps qui passe c’est gaspiller celui qui vient, et moi je ne suis pas venu gaspiller mon temps.
Alors en plus de récolter de bonnes notes (c’était le come-back de kabi aux études) en plus d’être représentant de ma classe, d’être membre exécutif de l’association des étudiants du collège où j’étudiais, en plus de tout ceci je me suis apprivoisé la culture québécoise : je côtoyais quelques jeunes québécois (membres de l’Association du collège), j’ai eu l’occasion de visiter quelques régions du Québec notamment les villes où je connaissais des amis marocains mariés à des québécoises (j’ai découvert ce que c’est le covoiturage grâce à Allo-Stop) j’ai pu partager quelques fêtes et festivals Québécois avec des familles Québécoises (purement Québécoises), participer aux programmes Place-aux-jeunes du Carrefour-Jeunesse-Emploi pour découvrir les régions d’un point de vue professionnel, j’ai aussi eu la chance de parcourir le lac Saint-Jean (Roberval, la traversé internationale du lac, zoo de st-félicien, village fantôme de Val-Jalbert, etc..) chibougamaou, l’Abitibi (Rouyn-Noranda), Québec, Sherbrooke, Chicoutimi, Mont-laurier, Trois-Rivières, St-Jérôme, sans oublier le beau village de Saint-Donat, etc…
C’était une année ou je découvrais les autres facettes du Québec, régions, paysages, cultures, coutumes, habitudes, fêtes, etc… cerise sur le gâteau courant de cette année je me suis fait élire bénévole de l’année par la ville de Montréal (section évènement public) comme quoi le bénévolat est toujours une action qui récompense.
J’ai eu en fin d’année mon diplôme et ainsi mon année de remise à niveau m’a donné cette joie de vie que je n’ai pas trouvée pendant ma 1ère année; je n’ai surtout pas laissé les soucis et les chimères me dire qu’il fait nuit quand le jour est déjà levé.
La 3ième année je l’ai considéré comme l’ «année du recommencement» :
Diplôme en poche, stage assuré grâce à une connaissance de mon réseau (le fameux conseil de la demoiselle de ressources-Humaines canada), j’ai commencé un travail; enfin il était temps !
Je suis entré dans une sorte de routine et j’ai réalisé que cela fait 3 ans que je n’ai pas revu ma famille, elle me manquait, je me suis pris dans la monotonie de la vie quotidienne Montréalaise (demandez à la majorité des immigrants ils vous diront la même chose) même dans la même ville on ne voit nos amis que rarement.
Puis un jour le téléphone sonne, on m’appelle pour m’annoncer la mort de ma pauvre grand-mère, cela m’a pincé le cœur car l’image qui me revient c’était celle de l’aéroport quand j’allais quitter ma famille, elle était là et restais la dernière pour me saluer avec des larmes aux yeux puis elle m’avait dit « Écoute moi là mon petit! Je te le dit pour vrai, on se dit aurevoir mais je ne sais si tu me retrouveras ou que tu me retrouveras pas » en voulant insinuer qu’il se peut que la mort la guette avant mon retour; et moi pour la taquiner je lui ai répondu : « Écoute moi là ma grande ! Si tu meurs je te tues ! » On a éclaté de rire et je lui ai expliqué que je reviendrais dès que possible et qu’elle vivra longtemps, que je vais me marier, je vais avoir des enfants, et lorsqu’un d’eux fera des bêtises je vais lui courir après et qu’elle va le cacher et le protéger de moi et bien sure je m’éclipserais… comme elle-même faisait pour moi quand mon père me pourchasser pour me faire la fessée.
Hélas le destin en a voulu différemment. Allah yarhamha !!! (Que dieu la bénisse).
J’ai réalisé que si je me perds dans mon nouveau monde je risque de ne plus revoir ma famille, déjà que je n’ai pas pu assister au mariage de ma sœur ni voir grandir mes nièces, comme si la vie à l’autre bout de l’atlantique roulait à vive allure à tel point que j’ai eu l’impression d’être dépayser de mon pays d’origine. Pas question !! Première occasion de vacances je rentre au pays pour quelques semaines.
Les retrouvailles étaient merveilleuses, la chaleur du pays a adoucie la nostalgie, cela m’a fait du bien. Seul regret, je constatais dans mon pays que l’écart se creusait encore entre riches et pauvres. Je remarquais aussi que les bâtiments poussaient comme des champignons à tel point qu’on se sent étouffer dans une jungle de bétons, mais cela ne faisait pas froid aux gens ni constataient ce changement car lorsqu’on s’éloigne on voit encore mieux le changement pas lorsque on le vit dedans.
Puis, cette notion de vouloir changer les choses pour mieux vivre et qui ne se manifeste pas chez les gens, comme si on attend à chaque fois le lendemain pour commencer, alors qu’on oublie que (comme disait un certains François CAVANNA) à toujours attendre demain pour commencer à vivre, on finit par se retrouver après-demain et l’on s’aperçoit que vivre se conjugue désormais au passé .
Durant mon court séjour au pays, j’ai repensé à tête reposée et revu un peu les prochaines années à venir dans mon pays adoptif, j’ai eu de grandes discussions avec des ex–collègues de travail de la banque, certains d’eux sont devenu des directeurs de banques, et bizarrement cela ne me faisait ni chaud ni froid, je me sentais beaucoup mieux au canada même quand je travaillais comme caissier au Couche-tard (dépanneur, une sorte de superette pour aliments) que lorsque j’étais adjoint de directeur de banque ici au Maroc; comme quoi il faut vraiment se poser les bonnes questions lorsqu’on décide d’immigrer et être sûre de ce qu’on veut, certains auront des regrets, d’autres se réjouirons d’avoir franchi le pas et de s’être réveiller, car comme je le disais souvent : pour réaliser son rêve il faut d’abord commencer par se réveiller.
La majorité de mes ex-collègues ont compris que le bonheur, ne se résume pas en une étiquette sur le dos sur laquelle est marqué « directeur de banque » avec maison issue d’un crédit immobilier avec taux avantageux (car employé de banque), une femme, deux petits enfants , etc… mais c’est beaucoup plus d’être capable de voir un sourire sur le visage de son enfant et sa femme et leur offrant une qualité de vie digne de tout être humain.
Je reprends le chemin du retour, satisfait de ma décision d’immigrer et satisfait du beau séjour passé entre famille et amis; je reprends donc le chemin avec, dans le cœur, la ferme intention de donner un élan décisif à ma vie pour la prochaine 4ième année.
Peut être que je l’appellerais l’année du «changement» :
Pour certains cela coïncidera avec leur fin d’études, pour d’autre le début d’un bon travail enfin trouvé après 3 ans de galère, et encore pour d’autre cela pourrait être l’année des retrouvailles avec leur conjoints (une petite pensé pour les parrains-parrainés), donc il m’est paru normal de l’appeler l’année du changement. Yusuf Islam (ex Cat Stevens) disait : « it’s not time to make a change » moi je dis « IT IS time to make a change and it is time to take YOUR chance ». Seulement pour moi le changement, c’était un changement catégorique de province.
L’affaire des accommodements raisonnables (2) éclata au Québec et cela commença à me taper sur les nerfs, le sensationnalisme médiatique en a été pour beaucoup, puis je me suis vu refuser à deux reprises la promesse d’augmentation de salaire, d’abord sous prétexte qu’il y a eu changement de gérant (comme si je travaillais pour lui et non pour la boite) ensuite à cause de la santé financière de là où je travaillais. Ajoutant à cela le fait que j’habite toujours en colocation et non dans mon propre appartement, sans oublier que mon niveau d’anglais (professionnel) ne s’est pas amélioré; tout cela me poussait à chercher au delà de cette belle province s’il y a une vie meilleure, quoique la province elle-même je l’aime beaucoup, ses gens aimables que j’ai pu avoir la chance de côtoyer sont formidables, mais une petite poignée de personnes noircissaient la beauté de celle-ci.
Donc après maintes recherches et discussions avec mes meilleurs amis, proches, et connaissances ma décision est faite, j’ai opté pour la meilleure place ou il fait bon de vivre au Canada : OTTAWA, la capitale.
Je l’ai choisi parce que c’est une ville qui se trouve dans une province anglophone avec un certains sois-disant «bilinguisme d’État» , qui n’est pas loin de la province du Québec notamment de Montréal (où tous mes amis habitent), qui possède un grand marché de travail avec un des grands recruteurs du pays (le Gouvernement), qui possède un cachet historique et culturel (berceau du pays lui-même et d’innombrables musées), qui possède une belle nature (rivière de l’Outaouais, parc de la Gatineau, plus longue patinoire du monde(Canal Rideau) , meilleur festival internationale des tulipes au monde, etc…) et surtout cette possibilité de vivre cette dualité Français-Anglais (même s’il y a du travail à faire pour affirmer la langue française dans cette partie du Canada).
Menant la barque seul, je m’activais à créer mon propre cercle social, je fais la connaissance d’un sympathique groupe d’anglophones et d’immigrants cherchant à améliorer leur français, on se rencontre chaque dimanche matin pour un brunch et on échange de bonnes discussions en français sur différents sujets de la vie de tous les jours, je m’impliquais dans ce groupe et ainsi on me nomme assistant organisateur.
Je faisais de même avec un autre groupe chinois, car j’aime bien leur culture, leur gastronomie, certaine de leur coutumes, leur peuple….
Après les 3 premiers mois, ou j’ai dégusté un autre type d’immigration (car c’est la 2ième), je me suis retrouvé au chômage, il a fallu faire sortir tout le potentiel humain que je possède pour reprendre le dessus; cette phase je ne l’oublierais jamais de ma vie :
Je me vois avec un diplôme Canadien (Québécois), une expérience de travail et avec un niveau de bilinguisme nettement meilleur que lorsque j’ai débarqué dans ce beau pays, et je me vois encore «plus» seul qu’avant, puis sans travail, sans argent, pendant des semaines de froideur avoisinant les -20ºc.
Que faire? Comment sortir du gouffre? Quel chemin prendre? Ou aller?
J’essayais d’ouvrir grand les yeux pour chercher la lumière au fond de ce tunnel, car dans toute les histoires ou l’être humain se trouvait dans un passage obscure, il se trouve toujours quelque part cette fameuse lueur d’espoir, cette lucarne, cette lumière … mais moi je ne la voyais pas. J’ai décidé d’ouvrir mon cœur et garder espoir car j’ai appris qu’on ne voit bien qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux (Antoine de Saint-Exupéry -Le petit prince).
Je m’appliquais à la recherche de travail, je contactais les agences de travail et je circulais le message auprès de mon cercle de connaissances (encore le conseil de la demoiselle de Ressources Humains Canada : le réseautage), ceci me poussa à donner de l’élan à mon niveau d’anglais car la majorité des entrevues se faisaient en cette langue, j’en conclus que ce n’est que lorsque on est en « État d’être obligé » que l’on apprend le plus. Je gardais le sourire sur mes lèvres ainsi qu’une attitude positive car honnêtement cela ne donne rien de se camoufler dans une bulle de noirceur, je savais que quelque part elle existait cette lumière, ce n’est qu’une question de temps et aussi de chance.
En ce début de la 5ième année la lumière apparut enfin, je ne la lâchais pas du regard car elle me manquait et je l’ai trouvé de justesse (après un 1er refus on me rappelle pour un autre poste dans la même société). Ce n’est pas pour rien que j’ai dit que cette phase je ne l’oublierais jamais de ma vie, le biologiste Thomas Huxley dit que « l’expérience ce n’est pas ce qui nous arrive, mais ce qu’on en fait de ce qui nous arrive » et il a bel et bien raison.
Je commence donc cette 5ième année; l’année de la phase de maturité d’immigration, car c’est une sorte de maturité de notre immigration que nous vivons après 5 ans.
Je vis donc dans une des plus belles Capitale du monde, je travaille dans une des prestigieuses institutions culturelles du pays, je me réjouis de mon trilinguisme, j’ai un cercle de connaissance multiculturelle, j’ai même eu le plaisir de pratiquer du vélo ahhh les belles pistes cyclables d’Ottawa! Et pour m’apprivoiser l’hiver Canadien, j’ai la chance de pratiquer du snowshoeing (raquette de neige) et cette année je compte faire du skate sur la plus longue piste de patinage au monde au canal Rideau… que de bonnes choses !
Néanmoins il n’y a pas eu que le beau coté dans cette 5ième année d’immigration, car figurez-vous que j’ai reçu deux bonnes claques cette automne dernier. Et oui on a beau à se préparer dans la vie, mais tôt ou tard on se fait secouer. Disons que j’ai baissé la garde en cette 5ième année de plus je vivais une situation personnelle assez spéciale de ma vie.
Mais rassurez-vous, les choses que j’ai vécu courants ces 5 ans m’ont appris à être prêt pour ce genre de situation, déjà que je suis quelqu’un de réceptif. J’avais donc pu me doter de ce que j’appellerais «le refus catégorique d’être malheureux». Je suis un homme presque à la quarantaine avec pas mal d’expériences de la vie et de ses aléas et je continue d’apprendre, de plus on ne juge pas un homme au nombre de fois qu’il tombe mais bien au nombre de fois qu’il se relève.
Je ne vais pas m’étaler trop dessus car cela touche mon domaine personnel et privé, mais j’aimerais juste vous faire savoir que le nombre d’année que vous passez dans ce pays d’immigration n’est pas une garantie pour vous mettre à l’abri des secousses de la vie, alors préparez-vous et croyez-moi vous en sortirez grand vainqueur et quand je dis vainqueur je ne fais pas allusion à un combat du « NOUS » contre un «adversaire», non pas du tout, dites vous bien que le seul adversaire c’est celui qui existe en vous, le jour on vous sentiez capable de vous ressaisir vite fait après une chute, là vous aurez vaincu VOTRE adversaire.
C’est ça que j’appelle la maturité de l’immigration.
Pour couronner le tout, en cette fin d’année je deviens finalement ce que j’ai voulu être ou plutôt ce que je me sentais être depuis bien longtemps : je suis devenu citoyen Canadien, un bonheur inégalé jusqu’à présent venait apporter une bonne dose de lumière dans ma vie et compléter ce tableau de la belle vie au Canada. Je me vois comme cet arbre dont les racines sont bien ancrées dans la terre de ses origines marocaines et ses branches hautes et fortes, garnies de plein de ses belles feuilles Canadiennes.
Je me sens submergé par un bonheur doux et beau et je le partage avec tous mes amis, frères et sœurs, comme je l’ai fait pendant ces 5 longues années et bien avant et comme je le ferais encore et encore de longues longues années in cha allah, car j’aime aussi voir le bonheur dans les yeux des autres, surtout dans les yeux des enfants. DIDEROT disait : « L’homme le plus heureux est celui qui fait le bonheur du plus grand nombre d’autres »
Je reprends ce long chemin qui ne finit guère…
des fois j’ai l’impression qu’il ne fait que commencer…
ou même de recommencer mais avec un autre trajet…
avec d’autres outils de voyage…
vers une autre destination…
mais toujours avec la même volonté de vivre pleinement ce bonheur…
Je ne trouve pas mieux de conclure mon histoire qu’avec ce verset du Coran :
« Et nulle âme ne sait ce que lui réserve l’avenir, et nulle âme ne sait en quel endroit elle devra mourir. Dieu Seul est Omniscient et parfaitement Informé.
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CORAN, LUQMAN verset 34
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