Depuis le 1er novembre, une nouvelle exigence du gouvernement fédéral est venue bouleverser le parcours de nombreux étudiants étrangers au Québec. Le Test de connaissance du français (TCF-Canada), requis pour obtenir un permis de travail postdiplôme, pose un défi logistique de taille, laissant plusieurs finissants dans le désarroi et l’incertitude.
Une impasse pour les étudiants
Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, des étudiants, dont plusieurs finissants de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), vivent une véritable course contre la montre. Ils tentent par tous les moyens de s’inscrire à ce test, mais se heurtent à une absence quasi totale de disponibilités.
« Quand tu vas sur la plateforme de l’UQAC, tu vois qu’il n’y a pas de disponibilité pour effectuer un test, ce qui est vraiment, vraiment, vraiment compliqué, vu que moi, je finis à la fin janvier », témoigne un étudiant à bout de solutions.
Plus alarmant encore, les tentatives d’inscription à Montréal, Québec ou Trois-Rivières se soldent souvent par un échec : les places affichent complet. Cette «situation à étranglement», comme la décrit un étudiant de l’UQAC, menace directement leurs emplois et leur capacité à rester au Canada.
Des familles également touchées
Pour beaucoup, l’angoisse ne concerne pas seulement leur avenir personnel, mais également le bien-être de leurs proches. « Il y a beaucoup de factures à payer vu que je suis déjà installé ici. Si je n’ai pas de revenus, ce serait vraiment compliqué pour moi de faire face aux dépenses pour mes enfants et tout ça », partage un autre étudiant, visiblement préoccupé.
La pression s’accentue d’autant plus que les étudiants doivent présenter leur demande de permis de travail postdiplôme dès la fin de leurs études, sans quoi ils perdront leur droit de travailler au Canada.
Une demande qui dépasse l’offre
L’association des étudiants étrangers de l’UQAC dénonce une offre insuffisante pour répondre à la demande. « Les étudiants vont chercher du côté de Montréal, de Québec, de Trois-Rivières pour pouvoir faire le test. Mais même là-bas, les dates affichent quasiment complet », explique Régis d’Assomption, vice-président de l’association.
De son côté, l’UQAC, prise de court par cette nouvelle exigence, travaille activement à l’ouverture de nouvelles plages horaires. Guylaine Malaison, directrice de la formation continue à l’UQAC, souligne que l’horaire actuel, complet jusqu’en mars, s’est rempli en moins d’une semaine. « On met tout en place pour ouvrir le plus possible de plages horaires et permettre aux étudiants de passer rapidement le TCF-Canada », assure-t-elle.
Une solution temporaire au Cégep de Saint-Félicien
Devant cette impasse, le Cégep de Saint-Félicien a pris des mesures concrètes pour venir en aide à ses étudiants. L’établissement a organisé des transports afin que certains puissent passer le test à l’UQAC ou dans d’autres grandes villes comme Québec et Montréal. Certains étudiants n’ont toutefois eu d’autre choix que de profiter des vacances de Noël pour passer l’examen à l’étranger.
Nathalie Landry, directrice adjointe responsable de l’international au Cégep de Saint-Félicien, remet en question cette nouvelle exigence. « Ça retarde vraiment leur intégration, et nous, on se prive de main-d’œuvre importante pendant ce temps-là. Ce n’est pas logique comme décision », lance-t-elle.
Une exigence contestée mais défendue par Ottawa
Du côté du gouvernement fédéral, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada soutient que cette exigence a pour but de faciliter l’intégration des étudiants au marché du travail canadien.
« Ce changement tient compte du fait que de nombreux titulaires de permis de travail postdiplôme peuvent souhaiter passer à la résidence permanente et qu’il a été démontré que les compétences linguistiques sont un facteur déterminant pour une intégration réussie au Canada », a précisé l’organisme par courriel.
Des projets de vie remis en question
Malgré ces arguments, les étudiants étrangers craignent pour leur avenir. « On peut peut-être traverser cette étape-là, mais rien ne nous prouve qu’en restant, il n’y aura pas de nouveaux changements qui viendront encore nous perturber », témoigne un finissant.
Pour certains, le retour au pays devient une menace réelle. « C’est un bouleversement. Ma famille m’a rejoint il n’y a pas longtemps. On commence à s’adapter, mais si on ne trouve pas de solution, on n’aura pas d’autre choix que de retourner à la case départ », laisse tomber un autre étudiant, visiblement découragé.
L’impasse actuelle appelle à des solutions rapides et concertées afin d’éviter que des projets de vie ne soient compromis par des exigences difficilement applicables dans les délais prévus. Pour ces étudiants étrangers, l’avenir au Québec reste, pour l’instant, suspendu à une date d’examen encore introuvable.
Source : Radio-Canada
Leave a comment