Depuis des années, le « tour du poteau » – cette pratique consistant à quitter temporairement le Canada pour rentrer immédiatement et obtenir certains services d’immigration, comme un permis de travail – suscite des débats dans les cercles politiques et juridiques. Toutefois, selon Alexandre Hénaut, avocat et expert en immigration canadienne, cette pratique pourrait bientôt disparaître.
- Le gouvernement du Canada mettra fin à la pratique du « tour du poteau », qui s’applique lorsqu’un résident temporaire quitte le Canada et retourne immédiatement à un point d’entrée pour obtenir des services d’immigration. Cette pratique utilise des ressources importantes à la frontière, détourne les agents frontaliers des activités de contrôle et ralentit la circulation transfrontalière.
- Lorsque ce changement entrera en vigueur, les résidents temporaires devront faire une demande en ligne pour tous les services d’immigration nécessaires, ce qui supprime la possibilité de faire une demande à un point d’entrée. Pour réduire la congestion aux frontières et permettre aux agents de se concentrer sur la sécurité, le gouvernement du Canada cessera de traiter la plupart des demandes d’immigration aux points d’entrée de ces personnes.
source : communiqué de presse, Gouvernement du Canada
« Les récentes annonces des ministres fédéraux montrent une volonté claire de mettre fin à cette pratique, et ce, dans les tout prochains jours », affirme M. Hénaut. Cette réflexion s’inscrit dans un plan plus large de sécurisation des frontières canadiennes, présenté par plusieurs ministres du gouvernement Trudeau.
Des mesures déjà en place
Depuis plusieurs mois, des restrictions ont progressivement été instaurées. Par exemple, les possibilités de demander un permis de travail post-diplôme (PTPD) à un point d’entrée (PDE) ont été drastiquement réduites. Ces modifications visaient à limiter les abus, mais aussi à améliorer l’efficacité des services d’immigration.
Un cadre juridique renforcé
Le nouveau plan de sécurisation des frontières prévoit, entre autres, d’ajouter des pouvoirs dans la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés. Ces changements permettront au gouvernement d’annuler, de modifier ou de suspendre certains documents d’immigration. Cette flexibilité administrative vise à réduire les entrées irrégulières et à mettre fin à cette pratique du tour du poteau.
Cette initiative s’inscrit dans un investissement majeur annoncé par le gouvernement canadien, avec 1,3 milliard de dollars prévus sur cinq ans pour renforcer la sécurité des frontières et améliorer le système d’immigration. Le plan inclut la création d’une force opérationnelle aérienne à la Gendarmerie royale du Canada (GRC), le recrutement de 150 nouveaux agents de la GRC et de 100 agents supplémentaires pour l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), ainsi que l’utilisation de drones et de tours de surveillance mobiles pour une meilleure surveillance des frontières.
Le rôle des États-Unis et de Donald Trump
La pression exercée par les États-Unis, notamment par l’administration Trump, joue un rôle clé dans ce dossier. Le président désigné Donald Trump a récemment menacé d’imposer des droits de douane de 25 % sur les produits importés du Canada, citant comme raisons principales le trafic de fentanyl et l’immigration clandestine. Cette menace a accéléré les discussions entre le Canada et les États-Unis pour renforcer la sécurité aux frontières et réduire les mouvements irréguliers.
Le gouvernement canadien collabore étroitement avec les autorités américaines pour améliorer le partage d’informations et la coordination entre les agences frontalières. Cette coopération vise à dissuader les comportements opportunistes et à renforcer la crédibilité des deux pays en matière de gestion des frontières. Les mesures annoncées par le Canada s’inscrivent donc dans une stratégie commune pour répondre aux critiques de l’administration Trump et éviter les conséquences économiques dévastatrices que pourraient engendrer ces tarifs.
Quels impacts pour les demandeurs ?
La fin du tour du poteau pourrait avoir des conséquences significatives pour les demandeurs d’immigration. Ceux-ci devront probablement se tourner davantage vers les services en ligne ou les centres internes pour régler leurs dossiers. Cela pourrait entraîner des délais supplémentaires dans le traitement des demandes.
Une annonce attendue sous peu
Le ministre de l’Immigration devrait préciser très prochainement l’entrée en vigueur de ces nouvelles mesures. Pour les demandeurs, il est donc essentiel de se tenir informés et de préparer leurs demandes en conséquence.
Source : Gouvernement du Canada
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