De Bast89
Bonjour à tous!
Bientôt trois ans que je suis arrivé au Québec, euphorique et heureux comme jamais. Après l’obtention de mon bac en région parisienne, j’ai décidé de poursuivre mes études à Montréal. C’est, comme pour beaucoup, une envie de changement et un ras le bol de la France qui ont motivé mon départ. Je suis donc arrivé par une journée pluvieuse d’août 2008. Et tout s’est passé à merveille : j’avais trouvé un appartement avant de partir, au centre-ville, et qui comblait toutes mes attentes. Les formalités à l’arrivée se sont bien déroulées et j’ai commencé les cours quelques semaines plus tard à l’Université de Montréal. Au contraire de certains français que j’ai rencontré plus tard dans mon séjour, je n’ai absolument pas subi de choc culturel ou de mal du pays. Mais c’est venu après et m’a subitement frappé à l’automne passé. Depuis ce temps, j’ai beaucoup réfléchi et ai décidé de rentrer à Paris. Retour prévu début aout 2011, presque trois ans jour pour jour après mon arrivée.
Je vous épargne les détails de ma vie ici, et vais surtout parler de ce que j’ai aimé, mais aussi de ce qui a motivé mon retour en France, car je sais qu’avant de partir, je me suis beaucoup inspiré de témoignages qui m’ont aidé à appréhender certains aspects de la vie d’un étranger au Québec. J’avais aussi tiré un trait sur la France et Paris, et était convaincu que jamais je ne retournerais y vivre. Et pourtant…
Vivre à Montréal comporte de nombreux aspects positifs. Je suis arrivé tout jeune, juste après le lycée, et mon séjour à boosté ma maturité : j’ai appris à vivre seul, dans un pays étranger. J’ai eu l’occasion de travailler dans de diverses entreprises, fait des stages, étudié. Globalement, une expérience enrichissante sur le plan personnel et professionnel. Et puis, on ne peut pas nier le fait qu’en venant de Paris, on est impressionnés par le sentiment de sécurité qui règne (presque) partout à Montréal. Il est également agréable de voir qu’il existe une certaine flexibilité dans beaucoup de domaines : heures d’ouvertures des magasins, flexibilité au travail, etc… Un sentiment général d’une vie plus « relax ». L’été à Montréal est une saison merveilleuse ou les parcs et piscines ne sont jamais trop loin, et ou la vie prend des airs de grandes vacances. On boit de la sangria sur les terrasses après le travail, on se ballade dans les rues arborées, on profite du soleil… Bref, une saison extraordinaire et des étés très plaisants. Et puis ce bilinguisme omniprésent, ces rencontres de personnes venant du monde entier, cette vie nocturne qui bouge quand même pas mal, font partie des aspects très plaisants ici.
Malgré tout, je garde un sentiment amer sur pas mal de choses. Et tout d’abord, sujet brulant, les rapports entre français et québécois. Je vais dans une université francophone, et donc majoritairement peuplée de québécois. J’ai travaillé avec des québécois. Même si leur compagnie a toujours été courtoise et plaisante, je n’ai jamais réussi à lier des amitiés profondes avec eux. J’ai toujours ce sentiment d’incompréhension, il manque toujours quelque chose. Par la force des choses, je me suis tourné vers les immigrés, et particulièrement les français. Il y à ce sentiment de compréhension entre nous, on partage nos coups de blues, nos manques, notre mal du pays… Et ça fait du bien. Ce qui me manque le plus dans les interactions avec les québécois, ce sont ces débats passionnés, ces discussions intenses ou chacun surenchérit, bref, refaire le monde avec ses potes. Je trouve les rapports humains trop « lisses » ici, trop détachés, politiquement corrects. Je trouve ça hypocrite, et ça m’attriste. Ainsi, je me suis retrouvé à ne fréquenter quasiment que des français, ou des anglophones. Mais pas de québécois. Et je trouve dommage de vivre dans un lieu et d’en « éviter » les habitants. Ça a été le début de ma remise en question. (Je sais que je vais passer pour le français hautain et xénophobe, mais je tiens à préciser que je ne porte aucun jugement de valeur sur les québécois. J’exprime juste mon ressenti vis à vis des rapports qui existent avec les français, et des conflits, indéniables, qui en résultent).
Mis à part ce problème d’incompréhension majeur, et qui à en parti motivé mon retour en France, comment ne pas évoquer l’hiver … Cet hiver qui n’en finit pas, ces crépuscules à 15h30 en décembre… Certes, on nous dit que le froid est sec et qu’il suffit de se couvrir, ce qui est vrai. Mais personnellement, m’emballer le corps de la tête aux pieds de novembre à mars, je trouve ça triste et difficile sur le moral. Cet hiver a été particulièrement difficile avec sa grisaille et son froid persistant. Je ne suis pas un amateur de froid et, même si je connaissais les moyennes saisonnières Montréalaises, je ne m’imaginais pas à quel point ça pouvait affecter le moral.
Enfin, c’est tout bête mais… Paris me manque, énormément.
En conclusion, je suis ravi d’avoir vécu trois ans à Montréal et ne regrette rien. Partir vivre à l’étranger donne cette ouverture d’esprit et ce regard différent sur son pays d’origine. Je me sens enrichi par cette expérience et inviterait tout le monde à faire de même. En revanche, tout n’est pas tout rose et il faut se mettre dans la tête qu’il est évident qu’un choc culturel et qu’un mal du pays arrive, tôt ou (très!) tard, et c’est bien normal. Certains arrivent à le surmonter, d’autres non. Apparemment, je fais partie de ceux qui, peut-être un peu lâchement, décident d’abandonner.
Merci à ceux qui ont lu ce pavé! Ça fait du bien de dire ce qu’on pense et de prendre du recul sur une expérience de vie telle que celle que j’ai vécu.
Bonne semaine à tous!
Bastien.
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