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La gang de la cabane à sucre, presque 3 ans après

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De Mowgli

Nous sommes arrivés au Canada, à Montréal en particulier, avec les espoirs de ceux qui y ont fait plusieurs séjours en été, qui ont aimé les festivals, la qualité de vie, le côté joyeux et relax de cette ville. Idéal pour un jeune couple :). Je ne peux pas dire que nous ayons été déçus, mais notre mode de vie a fondamentalement changé depuis notre arrivée (comme ma photo d’avatar le suggère) et donc notre vision de Montréal également!

Reprenons par le début. Nous sommes officiellement arrivés en janvier 2009, jeunes mariés. Je commençais un postdoctorat a McGill, mon mari (parrainé) attendait encore son visa et est entré en tant que touriste. Il n’a donc pas travaillé de janvier à mai (arrivée du fameux visa et tour du poteau). C’était une période agréable, pleine d’espoir. Nous avions tout vendu en Belgique et avons tout racheté ici, sur kijiji. On a loué un très joli 6 1/2 tout près du marché Jean-Talon, dans un quartier super, pour un prix dérisoire par rapport à un appartement de ce type et avec cette situation à Bruxelles. Pour tout dire, on vivait très bien sur mon seul revenu, ce qui donne une idée du coût de la vie. Une fois le visa en poche, mon homme a immédiatement trouvé un emploi dans une librairie (le genre d’emploi qu’il cherchait en Belgique depuis longtemps, vraiment ce qu’il voulait). Bon, avec des horaires atypiques (soir et fin de semaine) et au salaire minimum mais faut commencer quelque part. Après quelques mois il est passé sur un poste permanent avec les mêmes horaires décalés, puis, en janvier 2010, il a eu un poste permanent du lundi au vendredi 9-17h. Bref, tout roulait, on profitait de Montréal, de nos copains (on avait déjà un petit réseau ici vu que j’y avais fait mon Ph.D.). On a aimé l’hiver qui nous permettait en fait plus d’activités que l’hiver belge et sa pluie. Seul gros point négatif pour moi, un travail qui ne me plaisait pas du tout (et c’est encore le cas même si ça va mieux). Mais on mord sur sa chique comme on dit en Belgique, ce n’était qu’un contrat de deux ans après tout (ça a été prolongé toutefois).

Eté 2009 bébé s’annonce, il arrive en mars 2010. On découvre le système de santé et finalement j’ai trouvé ça très bien. J’ai adoré être enceinte au Québec – bon j’avoue j,ai découvert une communauté de mamans un peu granoles, accouchement naturel, allaitement etc. mais j’ai adhéré à ça et j’ai aimé le fait qu’ici on valorise le fait de prendre un long congé parental, on permet au papa de prendre un congé de paternité et un congé parental, on ne surmédicalise pas la femme enceinte. Bref une révélation! A cause de mon statut d’étudiante je n’ai pas eu droit à ce fameux congé d’un an comme toutes les québécoises, mais par contre mon mari a pu prendre le parental et rester à la maison avec son fils le temps qu’on trouve une garderie. Ah le parcours du combattant des garderies… mais au final il y en a de merveilleuses, et même si d’un oeil européen ça peut paraitre bizarre que la maternelle ne commence qu’à 5 ans, et bien en vivant dans le contexte québécois, j’aime l’idée qu’on laisse les enfants être des enfants et qu’on ne scolarise pas trop tôt.

Niveau social, je lis souvent sur le forum qu’il est difficile de se faire des amis québécois. Je dois l’avouer une partie de notre réseau est constitué d’immigrants (en fait, de figures emblématiques du forum telles ma chère Petiboudange!) et des membre de la fameuse « cabane à sucre ». Mais nous voyons aussi nos actuels et anciens collègues de travail dont certains sont des amis très proches maintenant. Et pendant mon bref congé de maternité, j’ai pu via diverses activités rencontrer des mamans d’enfants de l’âge du mien – et ces mamans sont devenues des amies que je vois au moins une fois par mois pour un souper « de filles », plus des activités en famille (leur famille et la notre) de temps en temps, des invitations à souper ou bruncher chez l’un ou l’autre. J’ai aussi via certaines activités communautaires rencontré des femmes formidables de mon quartier qui risquent également de devenir des bonnes copines. Bref, la soi-disant difficulté à se faire des amis québécois, on ne l’a pas ressentie. Soit on est particulièrement sympas :8): , soit on n’a pas d’attentes démesurées 😉 et on se contente des bons moments par ci par là sans chercher une amitié à la vie à la mort (ces amis là, ils sont en Belgique, même si je pense qu’on en a ici aussi).

Etape suivante après le bébé: la maison. On cherchait à déménager au rez-de-chaussée, mais le prix des loyers nous a fait nous interroger: ne vaudrait-il pas mieux acheter? On a ainsi découvert l’immobilier ici (et le système des agents qui cherchent pour toi, les inspections, les logements qui tombent en ruine, les condos neufs, les différents quartiers de Montréal). On a réalisé que si dans notre esprit « belge » on achète une maison pour la vie (et donc on doit acheter assez grand pour y élever nos potentiels nombreux enfants alors que dans la jeune trentaine on ne peut pas se payer un maison avec 4 chambres en ville près d’un métro!), ben ici on achète pour investir et si dans 5 ans nos besoins ont changé, pas grave, on vend et on achète autre chose. Ca dédramatise beaucoup je trouve, et donc on a changé de quartier pour aller à Verdun (seul coin dans nos moyens avec Hochelaga, nos critères étant d’être près d’un métro car on n’a pas de voiture et ça ne nous tente pas d’en acheter une et de devoir la déneiger!). On aime beaucoup notre maison – à nouveau, je pense qu’avec les mêmes revenus, on n’aurait pas pu acheter qqch d’aussi bien (quasi neuf, sans rénovations urgentes à faire) en Belgique.

Les étapes suivantes? Mon conjoint est tanné de son travail, il voudrait reprendre des études pour se réorienter. Donc on regarde pour ça, à nouveau c’est une chose possible ici facilement. Moi je suis tannée du monde académique et je veux un travail plus proche de la « vraie vie ». J’ai déposé mon dossier à l’ordre des psychologues, je dois juste faire un internat clinique pour avoir le droit d’exercer (étant déjà détentrice d’un doctorat en psycho d’ici, mais sans l’aspect pratique clinique). Bref, un an de stage non rémunéré, mais je pense que ça vaut la peine car mon employabilité risque d’être vraiment élevée ensuite vu le manque de psychologues et l’essor des pratiques privées. Bref, on va sans doute rester ici quelques années encore.

Les points négatifs? Je dois avouer que ma famille et surtout ma meilleure amie me manquent vraiment. Surtout qu’elle vit des moments difficiles, j’aimerais être près d’elle. En ayant un enfant, le manque de la famille se fait vraiment plus sentir: pas de grand-maman pour garder le petit quand il est malade ou nous donner du répit (tout en établissant une belle relation avec le petit). Ca me fait de la peine de savoir que mon fils ne connaitra pas bien ses grands-parents.

Je trouve aussi que le coût de la vie a augmenté de façon drastique depuis notre arrivée (et surtout depuis mon premier long séjour en 2005). Le lait coût une fortune, et j’ai revu notre budget récemment: nos facture d’épicerie font peur. Peut-être qu’on magasine mal par contre, en n’ayant pas d’auto j’avoue ne pas courir les épiceries pour suivre les spéciaux.

Le système de santé: pas de plainte énorme pour l’instant. C’est vrai que c’est pas plaisant de devoir aller attendre à la clinique tôt le matin si on a un enfant malade, mais notre clinique sans r-v est bien: on reçoit une heure de passage et on revient pour notre r-v, donc pas de perte de temps. C’est certain que j’aimerais mieux avoir un médecin de famille que de devoir aller au sans r-v mais je m’y suis faite. On a aussi pu tester les urgences pour mon homme et on a été super satisfaits: son cas (grave) a été pris en charge en moins d’une heure, avec une équipe médicale aux petits soins. Par contre les soins dentaires coûtent $$$$$ même avec une assurance.

Bon, je ne m’attarderai pas sur les ponts qui s’écroulent à Montréal – mais en Belgique c’est pas mieux: toujours pas de gouvernement aux dernières nouvelles!

Dans le positif:
Le système social et fiscal est tel que je n’ai pas peur de perdre mon revenu, car je pense qu’on va s’en sortir très bien avec les allocations pour enfant qui vont augmenter, ainsi que le retour d’impôt pour la garderie. Notre revenu va baisser mais nos impôts aussi, donc au final ça se peut qu’on ait le même montant dans les poches. Mais ma comptable Laureenfr va me le confirmer dans un an!
Je trouve qu’il y a beaucoup d’activités pour les familles. En parlant avec mes amies belges qui sont jeunes mamans, elle ne semblent pas bénéficier de toutes ces activités communautaires.

Bon, je vais arrêter là mon roman. Je pense vraiment que nous installer ici nous a ouvert de belles perspectives personnelles et professionnelles.

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