De geckooa
Enfin, après 7 mois d’absence, 7 mois de skype, de whats app, de courrier, de colis, 7 mois depuis la fin de son pvt en juin dernier, mes 17 derniers jours se sont déroulés dans les bras de Jules.
Montréal et sa Rive-Sud ne m’ont jamais paru aussi grands que maintenant. A croire que ma nouvelle perception du territoire rejoint mes projets en cours : sans limite.
Du souvenir de mes derniers voyages et plus généralement, je me disais, non vraiment, l’hiver n’est pas ma saison préférée. Je me suis rapidement rendue compte que c’est de façon générale le seul moment de l’année où on peut se blottir, dans un fauteuil, dans son manteau, dans les bras de Jules pendant une éternité et à peu près n’importe où ça nous tente sans ressentir le moins du monde une gêne.
Ça aussi été le prétexte idéal pour déguster plusieurs soupes tonkinoise dans le quartier chinois, de se régaler pour moins de 11$ auprès de « chef on call » en livraison sans culpabiliser de ne pas sortir de chez soi, et de se dire que vraiment, oui d’accord, je délaisse mes plats régionaux à base de patates, oignons, lardons et fromage fondant, mais que quand même, c’est la meilleure période de l’année à Montréal pour se gâter à la fois d’un super brunch et un bon resto la même journée. Oui oui, le voyage aurait pu être une bombe calorique sans l’effort physique de se promener dans les rues gelées de Montréal, de patiner au Vieux-Port sur le Saint-Laurent glacé et de faire des concours de vitesse dans les escaliers contre Jules jusqu’au 16ème étage de l’immeuble pour rejoindre notre appart loué pour l’occasion au Vieux-Port.
La vue panoramique offerte depuis cet appartement sur la ville et notamment sur la Place des Arts, éclairée comme jamais pour l’occasion avec un esprit festivalier qu’on ne lui connaissait que l’été, a contribué à rendre lumineux chacun des moments du séjour.
Deuxième moitié des vacances, cap sur la rive-sud, dans la coloc de Jules, dans une maison unifamiliale qui me rappelle avec émotion celle que nous avions auparavant lorsque papa était encore avec nous. A croire que tout m’appelle, la récente bibliothèque design, la prolifération des resto de sushis, la déferlante de boutiques, boulangeries, spas et détente, petits et plus grands restaurants français. Possiblement perçus comme une nouvelle invasion en force du public et des commerçants français, j’ai pris le temps de repenser et de finalement considérer que oui, le Québec est un brassage de diverses cultures qui cohabitent, un meltin’pot qui permet à chacun de retrouver au coin de la rue la saveur de ses origines, que le PQ et la charte de la laïcité ne pourraient entraver. Jules pense d’ailleurs que ça ne pourra que contribuer à mon bien-être.
Mon intégration ne fait aucun doute lorsque aussitôt sur place, je jasse comme une québécoise (et fais des fautes de français à mon grand dam et grand plaisir de ma gang d’amis), acclame avec émotions à la voix de Michel Lacroix l’entrée des Canadiens sur la glace, commande un pichet de 120oz à la Station des Sports, porte presque sans gêne un manteau Canada Goose rouge flash prévu pour -25°C en Antarctique, multiplie automatiquement par 1,14975 tous mes achats en dehors de la SAQ et ai le réflexe d’apporter une (ou plusieurs) bouteille de vin dans un restaurant. L’ Acculturation parait que ça s’appelle.
A l’aube de 2014, j’ai n’ai plus ni boulot, ni appart, ni même un meuble. Mais je suis simplement heureuse de me projeter, de concrétiser cette immigration, de faire mes recherches pour dénicher un futur quartier qui sera bientôt en développement pour y acheter « de quoi », d’être servie avec courtoisie dans un restaurant au Québec, de ne plus recevoir en guise de première réponse un « non » systématique de toute personne à laquelle je m’adresse… Oui oui, je suis définitivement prête à déménager, sans avoir l’impression de laisser quelques regrets dernières moi, en tout cas rien qui ne pourrait être maintenu en contact, stocké, importé, voire substitué par un ersatz de la meilleure qualité.
L’arrivée à l’aéroport de Montréal a d’ailleurs été symptomatique de cette philosophie : des jeunes, des visas étudiants, des familles avec enfants, un ensemble étoffé, stricte (pour les douanes dont j’ai eu affaire et tremblé), mais respectueux. Le vol retour vers l’euroairport de Bâle/Mulhouse ? Une escale à Paris. Un douanier parisien qui ne m’a pas regardé (aucunement regardé) absorbé qu’il était par une vidéo diffusée sur son téléphone, posé délicatement sur le clavier de l’ordinateur. Pour le vol interne, j’étais la seule trentenaire dans l’avion. Pas d’enfants, pas de jeunes. Couple de 50 et plus, des hommes d’affaires. Peu ou pas de sourire. Des râleurs, des mercis en option adressés aux hôtesses de l’air. Des signes gestuels en guise de communication avec mon voisin de siège. Une bienséance française légendaire qui s’évanouit au contact de la mauvaise humeur.
Non décidément, si un doute persistait, ce dernier voyage m’a confirmé qu’il était temps pour moi de concrétiser l’Amour et nos projets au-delà de l’Atlantique. Transport réalisé en empruntant le « tunnel sous l’Atlantique », bien entendu. Oui oui, car croyez le ou non, j’arrive toujours a faire gober à de nombreux québécois que cet itinéraire existe… Petit clin d’œil taquin, à une terre et un peuple qui m’accueille chaleureusement, alors et bien même que je reste française, coq fier et cultivé, obstinée et exigeante, méchamment féminine et redoutablement indépendante. Une Marianne qui chante fièrement
Le Canadien grandit en espérant.
Il est né d’une race fière,
Béni fut son berceau.
Le ciel a marqué sa carrière
Dans ce monde nouveau.
Toujours guidé par sa lumière,
Il gardera l’honneur de son drapeau,
Il gardera l’honneur de son drapeau.
A bon entendeur :thumbsup:
Leave a comment