Si vous croyez que le Canada est un bel espace d’harmonie et de paix, je vous recommande d’arrêter de lire cet article. Vous êtes sur le point d’être profondément déçus, choqués ou les deux.
Sous son aspect accueillant vous découvrirez rapidement que, comme dans la plupart des autres démocraties occidentales, l’islamophobie n’est pas seulement vivante et répandue au Canada, mais elle a longtemps été une caractéristique déterminante d’au moins un de ses principaux partis politiques et largement répandue dans les médias corporatifs du pays.
La preuve la plus récente de ce fait incontournable a été le massacre de six musulmans canadiens à la prière dans la grande mosquée de Québec du 29 janvier 2017.
Immédiatement après l’attentat terroriste, les politiciens se sont occupés du rituel de décrypter les meurtres, en priant pour les victimes et leurs familles en deuil et en exhortant leurs compatriotes à se rassembler autour de la communauté musulmane comme signe d’unité et de soutien.
Puis rapidement, après la panique d’avoir vu qu’un attentat terroriste sur des musulmans au Canada par un homme blanc réactionnaire pouvait être aussi sérieux que les attaques à Paris, à Bruxelles ou à Londres, la plupart des médias sont rapidement passés à autre chose.
Mais des questions difficiles restaient sans réponse. La principale parmi elles: Que faire de l’islamophobie qui a mis le feu aux poudres par certains des politiciens et des médias qui plaidaient – avec toute la fausse solennité qu’ils pouvaient avoir – pour l’harmonie et la compréhension?
Condamnant l’islamophobie
Sûrement sceptique de cette rhétorique, le Conseil national des musulmans canadiens (NCCM) – une voix proéminente pour la communauté musulmane du Canada – a écrit une lettre ouverte aux politiciens de toutes les allégeances, les exhortant à prendre des mesures concrètes pour faire face à l’islamophobie, au racisme et à la discrimination qui a envahit leur milieu.
Parmi ses recommandations judicieuses, le NCCM a déclaré qu’il fallait consacrer plus d’argent pour faire rapport et recueillir des données sur les crimes haineux et former la police; Que, suivant la province de l’Ontario, d’autres provinces devraient créer une direction anti-racisme et établir un cours obligatoire sur le racisme systémique et son impact corrosif sur la société.
Enfin, le NCCM a lancé son puissant soutien derrière un mouvement largement symbolique et non contraignant, parrainé par un député libéral libéral, Iqra Khalid, qui appelle la Chambre des communes à condamner l’islamophobie et toute discrimination religieuse à la suite de l’attaque de la ville de Québec.
Pour le contexte, il est important de noter qu’après quelques heures de débat superficiel, les parlementaires canadiens ont adopté à l’unanimité une motion d’un autre député libéral en 2015 condamnant la « hausse de l’antisémitisme dans le monde ».
Il n’est pas surprenant que la motion de Khalid ait fait face à un sort beaucoup plus différent, tumultueux et instructif.
Plutôt que d’être approuvé rapidement et à l’unanimité, le Motion 103 s’est transformé en un spectacle de course qui a non seulement dominé l’agenda politique du Canada, mais a également exposé le pus de l’islamophobie qui suinte encore des politiciens et des médias canadiens qui, il y a quelques semaines, exprimaient leur sympathie pour les hommes assassiné pendant les prières du soir parce qu’ils étaient musulmans.
Horreurs fantômes
Le chef du Parti conservateur du Canada et le grand nombre de candidats qui tentent de le diriger sont les leaders de la charge hystérique. Tous, sauf un des candidats à la direction, ont signalé leur opposition véhémente à la motion, affirmant que, parmi d’autres horreurs fantômes, cela étoufferait la liberté d’expression et pourrait éventuellement agir comme précurseur de l’invocation de la «Sharia Law».
C’est évidemment une folie. Mais c’est une folie qui a parcouru sa manière malveillante à travers le cœur du Parti conservateur depuis longtemps et que, comme certains l’ont suggéré, ne sont apparues que récemment depuis le marécage de l’islamophobie pour s’installer aux «franges» radicales du parti.
C’est un mensonge révisionniste. L’ancien Premier ministre conservateur Stephen Harper a passé une grande partie de son mandat à alimenter et à satisfaire l’islamophobie pas si latente qui faisait appel politiquement à sa légion de partisans en faisant du niqab un cheval de bataille pour sa campagne.
En passant, la NCCM a poursuivi Harper et son ancien porte-parole pour avoir suggéré que le groupe de plaidoyer respecté avait «des liens documentés avec une organisation terroriste comme le Hamas ».
Harper a non seulement alimenté son cabinet avec des ministres qui ont partagé son étreinte de ce qui équivaut à de la politique haineuse, mais aussi les sortait de l’obscurité, en leur donnant un profil national, en en faisant la promotion.
Au cours de la campagne électorale de l’année dernière, Kellie Leitch a présenté le dévoilement d’une « ligne de pointage» approuvée par Harper pour avoir signalé les «pratiques culturelles barbares», un euphémisme bureaucratique déguisé pour pointer l’islam.
Et aujourd’hui, en tant que candidat de leadership conservateur proéminent et populaire, Leitch continue de canaliser l’odieuse modus operandi de son ancien patron en participant à un « rassemblement de libertés » rempli d’Islamophobes avoués qui sont convaincus que le Motion 103 est un complot inspiré de l’Islam pour saper la Charte canadienne des droits et libertés.
« Les valeurs canadiennes ne sont pas franches, et ensemble, je sais, nous allons nous battre pour elles » a déclaré Leitch à sa fa foule adoratrice.
Donc, la prochaine fois que vous êtes enclin à visiter ou même à envisager de déménager au Canada parce que ce serait un refuge accueillant à l’époque de Donald Trump, il serait préférable de se souvenir de ces obscénités avant d’agir impulsivement.
Texte de Andrew Mitrovica, journaliste d’investigation primé et professeur en journalisme.
Adapté du texte original publié par AlJazeera
Les opinions exprimées dans cet article sont propres à l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale du site immigrer.com.
Au Canada, 63% des gens ne considèrent pas que la religion soit importante dans leur vie. Les chrétiens, les juifs, les bouddhistes et musulmans pratiquants qui sont ici depuis longtemps pratiquent le « ma religion à la maison ». Tant que les néo-musulmans ne respecteront pas ça, ils verront de l’islamophobie partout.