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Être un ingénieur français à Montréal

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Patrick, jeune trentenaire, a grandi en banlieue de Bordeaux puis, après des études à Compiègne, a débuté sa carrière dans la région Parisienne.

Il y a trois ans il arrivait au Québec, suivant sa femme qui y reprenait ses études.

 

Immigration

 

Étais-tu déjà venu au Québec avant d’y immigrer ?

Non, je ne connaissais pas du tout le Québec et ce n’était pas un de mes objectifs de voyage.

 

Qu’est ce qui t’a attiré ici plutôt qu’ailleurs ?

Le hasard des opportunités professionnelles.

 

Pourquoi avoir choisi de vivre à Montréal ?

Pour l’emploi et pour rester proche de l’aéroport.

 

Quelle a été ta première impression en débarquant ?

J’ai été impressionné par la taille de l’électroménager et aussi par les fils électriques dans les rues et les routes pourries.

 

Si tu devais résumer Montréal, qu’en dirais tu ?

C’est une ville très sympa à vivre mais pas belle à visiter.

 

Comment as tu vécu la paperasserie ?

Ca n’a pas été très compliqué. J’ai eu un permis de travail ouvert grâce à ma femme et puis nous avons eu le CSQ en 20 jours avec le PEQ. Nous attendons maintenant le volet fédéral de la résidence permanente.

 

Pourquoi avoir choisi de devenir résident permanent ?

Pour rester plus longtemps et pour avoir un statut plus sur. Et pouvoir devenir Canadien par la suite.

 

Quand as tu annoncé à tes amis/proches restés en France que tu partais ?

3 mois avant notre départ.

  • Qu’elles ont été leurs réactions ? Plutôt positives.
  • Aujourd’hui comment voient-ils les choses ? La durée leur pèse mais ils le vivent bien. On c’était donnés quatre ans mais on va rester plus longtemps.
  • Penses tu qu’ils ont bénéficié de ton expatriation ? Oui pour le tourisme principalement.

 

As tu rencontré d’autres Français ici ? Oui beaucoup.

  • T’es tu fait des amis Québécois ?
  • Y a t’il une différence entre les deux ? Oui car les Québécois ont déjà leur cercle familial alors que les français, loin de leurs familles, sont plus réceptifs.

 

Aujourd’hui comment te définirais tu ?

Français avec une part Québécoise grandissante. En voyage, je suis un « français de Montréal ».

 

Emploi

Patrick a travaillé 6 ans en France comme ingénieur pour une entreprise multinationale. Il avait une carrière et était satisfait de ses conditions de travail.

 

Exerces tu le même métier au Québec ?

Non mais ce n’est pas très éloigné et c’est aussi pour une multinationale.

 

Comment as tu trouvé un emploi ici ?

Grace au réseau entre mon entreprise en France et le Québec.

 

Si tu compares à ta démarche antérieure en France ?

Le recrutement est beaucoup plus réactif au Québec.

 

Quelles différences majeures dirais tu qu’il y a dans ton métier entre la France et le Québec ?

Il y a moins de hiérarchie et elle est beaucoup plus proche au Québec qu’en France et c’est aidé par le tutoiement. L’utilisation simultanée du système impérial et du système métrique fait perdre du temps. Les façons de faire évoluent moins vite ici : « tant que ca marche on garde !».

  • Au niveau du salaire ?

Il faut accepter d’être moins bien payé à poste équivalent. Il m’a fallu deux ans pour rattraper le salaire de mes collègues Québécois.

  • Au niveau des avantages sociaux ? C’était mieux en France.
  • Au niveau du statut ?

Un ingénieur est plus reconnu au Québec. Ici c’est une profession, en France c’est un diplôme.

  • Au niveau de la charge de travail ?

Les horaires sont plus tranquilles et je travail moins d’heures au Québec.

  • Au niveau des responsabilités ? Difficile à Peut être un peu plus au Québec.
  • Au niveau des relations avec tes collègues ? C’est pareil.
  • Au niveau de l’organisation de l’espace de travail ? L’Open Space me semble plus démocratisé au Québec.
  • Au niveau des perspectives futures ? Elles sont similaires.
  • Au niveau de la langue ?

L’anglais est considéré comme un plus en France alors qu’au Québec c’est un acquis. Mais ce n’est pas indispensable pour mon travail.

  • Et les vacances ?

J’avais huit semaines par ans en France, ici j’en ai deux fois moins. En convertissant du temps supplémentaire je pourrais en avoir six max.

 

Vie

Avec sa femme, Patrick louait un appartement en région parisienne.

 

Quelle différence entre louer ici et en France ?

C’est beaucoup plus facile et moins cher qu’à Paris mais il faut faire attention de ne pas se faire arnaquer. La qualité des logements en général est moindre.

 

> Qu’est ce qui a le plus changé dans tes habitudes de vie ?

En France on allait plus qu’au supermarché. Ici, nous fréquentons les commerces de proximité ce qui nous permet de manger des produits plus variés et plus frais. Nous faisons aussi plus d’activités de plein air.

Par contre, nous achetons moins de vêtements ici car nous les trouvons moches.

 

> Est-ce que quelque chose t’a surpris dans les habitudes de vie des Québécois ? Ils mangent plus tôt que les français (18h contre 20h). Le tutoiement rend la communication plus simple. Et puis les gens sont plus normaux que les parisiens dans leurs attitudes (souriants, accueillants, chaleureux).

 

Est-ce que quelque chose t’a surpris dans l’organisation spatiale du Québec ?

Le plan en damier des villes et la largeur des routes. On sent que l’efficacité prime sur la qualité dans l’architecture.

 

Est-ce que quelque chose t’a surpris dans les services aux citoyens ?

Comparé à la France c’est un autre monde. Carte de crédit, RAMQ et téléphone en 2 heures seulement. Par contre, les services de santé sont plus lents et plus chers.

 

Est ce qu’il y a des choses auxquelles tu ne pourras jamais te faire ?

Le fromage cher et le saucisson pas comme en France. Le vin dégueu et les maisons en bois.

 

Et le climat ?

Le froid est sec et supportable. Les saisons sont marquées donc il y en a pour tous les gouts. Le mois d’avril est le plus dur quand tu vois tes amis en France sortir le BBQ et que toi il y a encore de la neige, c’est le plus sale aussi.

 

Perceptions

 

Pourquoi avoir décider de s’expatrier ?

D’abord l’envie de quitter la banlieue parisienne, ensuite l’envie d’expatriation.

 

> Est ce que quelque chose te repoussait ?

La routine, les gens mal aimables et la pollution. Mais aussi l’insécurité. Une sensation de malaise dans les lieux publics et le besoin d’être toujours sur la défensive qui est très pesant.

 

Es ce que quelque chose t’inquiétais en France ?

La montée du racisme et du Front National due à l’insécurité.

 

Ton rapport à la langue française a t’il évolué ?

Je me rends compte qu’on parle un meilleur français en France mais j’ai pris des expressions Québécoises. La francophonie est bien pour la France.

 

Qu’est ce qui a changé dans ta façon de voir:

  • le Québec, Montréal ?

Nous avons changés plus qu’autre chose, surtout en reprenant des habitudes que nous avions perdu. Faire du vélo par exemple.

  • ton pays natal ?

La France est un pays riche et dense en histoire. La densité culturelle de l’Europe n’existe pas en Amérique.

  • tes compatriotes ?

Je comprend moins pourquoi les gens se plaignent. Les français sont stressés et ont la critique facile.

 

Penses tu rentrer un jour en France ?

Peut-être, mais pour repartir ailleurs ensuite.

 

Qu’est ce qui pourrait te manquer le plus du Québec ?

La douceur de vivre.

 

Si c’était à refaire que changerais tu ?

Je saisirais les opportunités professionnelles plus vite.

 

Si tu avais un conseil à donner aux futurs immigrants français ?

Ne soyez pas trop prétentieux, tout ne vous est pas dû.

  • et aux français de France ?

Arrêtez de vous plaindre et appréciez ce que vous avez !

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Écrit par
Marty

Né au nord de la France, j’ai grandi à Cambrai, ville probablement plus célèbre au Canada que dans son propre pays. Fasciné, comme tant d’européens, par l’Amérique depuis toujours, j’ai voyagé et vécu aux Etats-Unis avant d’arriver à Montréal début 2012. Biochimiste de formation, je travaille dans mon domaine au Québec.

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