La Hongrie est un petit pays coincé dans l’est de l’Europe avec une population de 10 millions de personnes qui partagent une langue assez étrangère à toutes les autres. Le hongrois est parlé par environ 14 millions de personnes, dont 10 millions de personnes vivent en Hongrie et le reste en dehors des frontières (les minorités hongroises). Selon Statistique Canada (2016), il y aurait un petit nombre de 185 hongrois ici même au Nouveau-Brunswick, la seule province officiellement bilingue au pays.
Un pays centralisé, une seule langue, donc le droit linguistique ne cause évidemment pas un problème en Hongrie. Cependant, on est ouvert aux autres langues et comme la plupart des Européens, nous sommes plurilingues. On dit : « Autant de langues tu parles, autant d’hommes tu es ».
Mon périple français a commencé, il y a environ 10 ans quand j’ai quitté la Hongrie pour le Canada. Bien évidemment, je ne connaissais aucun mot de français, mais j’étais excitée par cette belle opportunité d’apprendre une cinquième langue dans un pays bilingue. À l’époque, j’ai interprété le terme «bilingue» autrement : un pays dans lequel chaque citoyen parle les deux langues officielles. Sans connaître nécessairement grand-chose de la francophonie minoritaire du pays, je ne pensais pas qu’avoir plus d’une langue officielle pouvait causer des tensions linguistiques à l’intérieur d’une même province.
La première fois que j’ai commencé à percevoir cette tension linguistique, c’est en obtenant mon premier travail. Face à des clients mécontents, j’ai souvent reçu des remarques comme «attention avec ton français», «pourquoi tu parles français», «I want to be served in English» etc.! J’ai même reçu un avertissement sur des réseaux sociaux de la part d’une de mes amies francophones. Elle ne voulait pas que je lui écrive en anglais, pourtant, elle le comprenait et elle savait qu’à l’époque j’avais plus de facilité avec la langue anglaise!
Moi, qui ne m’étais jamais préoccupée des langues auparavant, je voulais juste me faire comprendre, et soudainement, je me retrouvais dans l’ignorance entre les deux peuples et j’ai dû faire attention à la langue que j’utilisais!
En tout cas, j’ai vite réalisé que je devais apprendre à jongler avec les deux langues officielles du pays et à parler aux gens dans leur langue respective si je ne voulais pas les offusquer. Bref, c’est comme ça que j’ai été introduite aux problèmes de bilinguisme de ce pays qui m’a suivi du Québec au Nouveau-Brunswick.
Personnellement, je trouve que les deux langues sont également importantes et je veux sentir à l’aise les utiliser sans prendre parti. J’ai appris le français parce que je voulais comprendre le monde qui m’entoure, et la langue française est certainement la clé vers la francophonie au Canada pour acquérir une perception plus juste de celui-ci.
Crédit Photo: Monika Kimmel
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