Courtoisie et savoir-vivre à Montréal
Avant-propos :
*************
Habitués et visiteurs occasionnels du site, ce message n’a pour seul but que de confronter mes impressions d’immigrant fraîchement arrivé et en plein choc culturel (3 mois) à celles d’autres immigrants et de nos amis québécois. Le but n’est donc pas de lancer une quelconque polémique.
Rappel sur la France en général et Paris en particulier :
***************************************
Que mes compatriotes m’excusent de forcer le trait, c’est pour donner un peu de relief au discours, comme dirait l’autre.
Tout le monde le sait : le Français est râleur, ne sait pas se tenir à l’étranger (quoique les touristes italiens, espagnols et allemands se battent souvent pour lui ravir cette triste palme).
Dans la plupart des grandes villes françaises, les gens sont indisciplinés voire agressifs. A Paris, 1 personne sur 3 est probablement au bord de la paranoia ou de la schizophrénie.
Les commerçants sont souvent hautains et désagréables. Ils font semblant de ne pas comprendre ce que vous voulez afin de vous fourguer le produit le plus inutile et le plus cher et ne vous adressent un sourire que si vous avez plus de 40 ans et que vous êtes en costume-cravate ou tailleur.
Les administrations accueillent leurs administrés avec la célèbre phrase de Coluche: « Expliquez-moi de quoi vous avez besoin et je vous dirai comment vous en passer! »
Qu’en est-il de Montréal ? (je ne parle pas du reste du Québec que je ne connais pas encore)
Les commerces et les administrations :
**************************************
C’est l’une des surprises les plus agréables que j’ai eues depuis mon arrivée. Les employés des commerces comme ceux des administrations vous accueillent souvent avec le sourire, font le maximum pour vous aider et restent patients et agréables en dépit de votre maladresse et de votre ignorance de nouvel arrivant. Cela va du service des douanes (à Montréal en tout cas), à la SAAQ en passant par Revenu Canada. Les chauffeurs de bus sont pour la plupart courtois. Ils vous saluent souvent lorsque vous montez dans leur véhicule et acceptent facilement de vous renseigner si vous êtes un peu perdu.
Dans les commerces, cela pourrait paraître plus hypocrite dans un monde où seul l’argent est important, mais je crois volontiers à une forme de sincérité.
Les Montréalais :
*****************
Pour côtoyer quotidiennement un grand nombre de Montréalais dans les lieux publics, voici mes premières impressions :
Les Montréalais savent attendre. Partout, dès qu’une file d’attente se forme pour attendre le bus, pour acheter sa carte de transport, pour prendre son café le matin, les gens se disposent en ligne et attendent patiemment. Il peut arriver qu’au bout d’une demi-heure d’attente et après avoir laissé passer 3 bus pleins à craquer, ils craquent eux-mêmes et montent par la porte de derrière.
Les Montréalais sont calmes. Il est rare d’entendre des gens hurler et s’insulter pour pas grand-chose comme à Paris.
En revanche, les Montréalais sont d’une indifférence hors du commun et cette indifférence est inversement proportionnelle à l’âge. Lorsque je prends le bus avec ma fille âgée de 3 ans, il est rare qu’on lui cède la place. Les gens qui le font sont souvent des femmes de plus de 40 ans. Chez les jeunes, cela peut néanmoins arriver, surtout s’ils font partie d’une « minorité visible » (que j’adore ce terme politiquement correct). Chez les jeunes Québécois, je suis désolé de le dire, ce n’est pas très glorieux. J’ai même vu un jeune homme, très propre sur lui, rafler la place de bus de ma fille sans même remarquer le regard noir que je lui lançais.
J’ai vu une jeune niaiseuse avec son baladeur sur les oreilles ignorer royalement une mamie qui devait bien froler les 80 ans. Est-ce là tout l’héritage de notre bon Roy Louis :-))))
Les portes doivent être faites d’une matière brûlante car peu de gens savent les retenir. Si toutefois vous tenez la porte de la personne qui vous suit et que cette dernière vous dit merci, vous pouvez vous précipiter vers le premier magasin de Loto-Québec et acheter 10 tickets 🙂
Si vous génez le passage, croyez-vous que l’on va vous demander pardon? Non, on vous pousse et on passe (peut-être parce que ces mots vont bien ensemble). C’est particulièrement désagréable surtout dans un bus bien plein.
En conclusion, Montréal est peut-être la ville où il fait le mieux vivre en Amérique du Nord mais qu’adviendra-t-il lorsque les dernieres personnes qui ont connu Duplessis ne seront plus de ce monde. Ne restera-t-il plus que des gens aussi gâtés-pourris que mal élevés ? :-)))))
Ni Laurence ni Patou ne pourront me taxer de maudit Français puisque j’ai dit beaucoup de mal de la France au début de mon premier message et en plus, je me suis disculpé 😉
Amicalement
Jean-Pierre
————————————————————————
Écrit par: Redflag
28 Mars 2001
Salut Tin Express,
Je ne suis pas dans la lite de ceux qui ne peuvent te taxer de maudit français :-))
L’anecdote des portes est véritable, authentique, incontestable. Même des gens que tu connais bien peuvent te faire le coup, là, juste sous ton nez, qui justement saura apprécier la dureté et la froideur du verre de la porte :-)) (le très froid ne brûle-t-il pas aussi ? 🙂 ).
C’est vrai que beaucoup de « bonnes manières » apprises en France sont ici totalement inconnues. Un autre exemple : attendre que tout le monde soit servi pour commencer à manger. Avec une heure (théorique) le midi pour déjeuner en semaine, trajets jusqu’au centre d’achats compris, j’ai oublié la règle. De toute façon j’aime me goinfrer, et plus de 25 ans de « mange moins vite » et « attends avant de commencer à manger » n’ont pas eu raison de moi. 🙂
Et puis merde, la France est le pays des règles à la con, et je suis content d’en faire exploser quelques unes. C’est vrai que les québécois peuvent nous paraître plus individualistes car leurs règles de savoir-vivre ne sont pas les mêmes. On te pousse facilement dans le bus, mais on fait poliment la queue à l’arrêt du bus !
Et finalement, sur le plan des relations humaines, y’a pas photo : les québécois savent ménager leur interlocuteur. On est loin des vannes reçues à longueur de temps de la part de nos compatriotes et autres commentaires désagréables…
————————————————————————
Écrit par: Miossec
28 Mars 2001
Jean-Pierre,
Je ne connais pas encore Montréal, et j’espère bientôt connaître cette ville. Mais d’après
tes résumés je pense qu’il faut relativiser ce que tu dis. Je suis originaire d’un village en bretagne, et je travaille sur Paris depuis septembre 2000. En Province je donne volontier ma place à une personne âgée, mais à Paris elle peut toujours rêver …
C’est stupide OK, mais en ville si tu ne manges pas l’autre, c’est toi qui te fait bouffer ! Du moins c’est mon point de vue …
Même si les Québecois sont plus symphas que les Français en général (tout le monde me le certifie!), Montréal reste une grande ville, donc tu ne peux pas être cool avec tout le monde. Je pense qu’il faut juger sur des villes plus petites comme Québec City ….
I don’t know …
Sinon, je te souhaite bon courage pour la suite ….
————————————————————————
Écrit par: Laurence
28 Mars 2001
Tin Express,
Mais non je ne vais pas te traiter de maudit français. Pour sortir ce terme, il me faut plus que ça. Bien plus.
Ce que tu décris est tout à fait vrai pour les services et la place dans le métro et l’autobus. Et moi aussi j’aimerais que certains soient plus généreux sur ce détail qui peut faire toute la différence. Pour ce qui est des fameuses portes, une remarque très souvent faite par les Français, je ne trouve pas que c’est si vrai que ça. Je compare Mtl à Paris. Peut-être que j’ai une gueulle à me faire tenir les portes.
Mais tu sais ce que tu dis sur Montréal est aussi bon pour toutes les grandes villes d’Amérique du Nord. C’est une attitude nord-américaine, loin des règles européennes.
C’est vrai que ces comportements dénotent de l’impolitesse. Pour ce qui est de l’origine de la personne qui cède sa place, franchement je n’ai pas fait une étude anthropologique sur le sujet. Mais les bonnes manières c’est souvent une histoire de culture.
Je me souviens il y a 7 ans, je travaillais dans le nord de la France. Il y avait une jeune fille de Régina qui travaillait avec moi, de la Saskatchewan (prairies canadiennes). Un matin elle me dit : Les Français sont vraiment impolis! Je suis un peu surprise de sa remarque, car j’avais une autre opinion, je lui demande pourquoi. Elle me dit: Parce que les hommes n’arrêtent pas de me faire des commentaires sur mon physique et de me dévisager. Pour elle, loin d’un pays latin, les propos des Français, qui voulaient certainement la complimenter directement sur son physique, étaient le summum (pour elle) de l’impolitesse. Vivant à Montréal et connaissant la méditerranée, j’étais pas surprise de cette attitude mais j’ai bien rigolé de sa perspective.
Quand j’étais en France, surtout à Paris (je m’excuse de mon nombrilisme) j’aurais pu être choquer par plusieurs choses dont tu parles dans ton courrier Tin Express : le sourire souvent très absent des gens dans les services (oui, on me disait « bonjour » mais je sentais que c’était que pour la forme), sans parler du vendeur qui te fait la leçon (excusez-moi d’être cliente…), les gens qui se battent pour faire le « malin » et passer devant toi dans la file, les mecs qui te lancent des choses pas possible: « Hey la nana… ». Le summum pour moi c’est quand j’allais à la poste. Super! La personne dernière toi qui tente de passer devant, qui te cole (en Amérique du nord dans les endroits publics les êtres humains gardent beaucoup d’espace entre eux) et qui souffle dans le cou de grands soupirs de désespoir dans son attente, et le service des fonctionnaires de La Poste qui veulent toujours avoir raison et l’instant d’un moment assouvir leur besoin de pouvoir. Eh bien sûr quand tu es étrangère, tu demandes toujours des choses hors du commun qui les dérangent, les épuisent, sans parler de ceux qui affirment « C’est impossible » alors que tu as eu le service hier. Excusez-moi de vivre et de vous faire travailler ! C’est bien simple, je préférais avoir le service d’une petite caissière sympa, une fille qui malgré l’ambiance était très cool. Quand je sortais de là, je sentais qu’on avait bouffé toute mes économies d’énergie. Une nord américaine n’est pas habituée de se battre comme cela pour les détails du quotidien. Mais bon, j’ai véçu avec cet obstacle et je le vivrais encore. Il est difficile de laisser au vestiaire ses habitudes, son éducation, j’aurais pu être choquer par ces choses (comme bien des nord-américains) mais j’ai décidé que ça faisait partie du décor comme les vieilles pierres de la ville et surtout que ça changerait pas, en tout cas pas rapidement.
Leave a comment