Cérémonie de citoyenneté
Monikebek
Quelle aventure …
D’abord, par chez nous, il neige plus souvent et plus en quantité aussi que dans le coin de Montréal et même de Granby d’ailleurs, donc les 2-4 cm annoncés pour ce début de semaine se sont avérés hier matin être plutôt du côté des 40 cm de neige fraîche !
Mais moi, vieille angoissée des aléas de la route surtout en hiver, j’avais
surveillé la météo depuis quelques jours déjà, et on a décidé lundi matin de
louer une voiture fiable pour notre GRANDE journée à Montréal. Nos deux
voitures à nous sont l’une en voie de tomber en panne et l’autre pas vraiment
faite pour des trajets de ce genre … Et nous v’là partis hier matin avec un
pick-up pour franchir ces 100 km qui nous séparaient de notre avenir !
L’autoroute A10 était un vrai désastre. Je ne sais pas combien de centaines de prières j’ai pu envoyer là-haut pour ne pas faire parti de toutes ces voitures qui avaient fait une sortie de route cause neige, glace noire, vents latéraux
(même un vrai camion s’est retrouvé dans le bas côté !).
Mais OK, à 9 h 10 nous voilà arrivés sur le stationnement juste en face
d’Immigration et Citoyenneté sur St-Jacques Ouest à Montréal. Rien que 7 $
pour durée indéterminée …
Et c’est là que je me suis aperçue que j’avais oublié mes « bottines de ville »
et je devais donc aller là-dedans avec mes grosses bottes de neige estriennes !
On respire un coup, un bisou d’encouragement entre z’époux émus, et on y va.
Un monsieur nous accueille tout de suite à l’entrée, vérifie que nous sommes
bien au bon endroit, ambiance détendue. Ouf, la pression tombe un peu. C’est
qu’à ce moment-là, je ne savais toujours pas les paroles d’O Canada, moi !!!
Dans la grande salle où nous avons attéri ensuite, probablement une centaine
de chaises remplies de gens qui attendaient … leur tour ! Mais d’abord il
fallait faire la queue pour se faire enregistrer, poser nos manteaux au
vestiaire, et aller s’asseoir pour attendre qu’on nous appelle.
Très ponctuellement à 9 h 30, une dame appelle tous ceux qui avaient rendez-
vous à 9 h 30, et on s’en va tranquillement dans une sorte de salle de classe, où la même dame nous assigne des places au vu de notre lettre de convocation qui lui sert à voir dans quelle langue on va passer le test : anglais ou français. La salle est scindée en deux pour regrouper les gens de chacune de ces deux langues.
Là, il faut ranger toutes nos affaires personnelles sous nos chaises, on ne
peut garder que LEUR crayon plomb. Elle nous explique que nous allons avoir 30
minutes pour répondre aux 20 questions qu’elle va nous distribuer et que ceux
qui seraient pris à tricher, sortiraient directement pour probablement se
retrouver devant le juge.
Top départ. Entretemps, ma pression était à un taux normal parce que je suis
comme ça : je stresse bien avant, mais une fois vraiment « en situation », je suis inexplicablement calme. J’ai traîné un peu à rendre ma feuille, me suis relue trois fois, histoire de ne pas y aller la première, me demandant si c’était possible que ce soit si facile quand même … Puis, après moins de 10 minutes, j’ai rendu mes 5 feuilles toutes réponses cochées. Il n’y avait que des questions avec 4 choix de réponses, auncune réponse en texte libre à donner. Pas sur mon questionnaire en tous cas.
Je me suis bien amusée du regard sévère des deux dames qui surveillaient les « élèves ». Comme à l’école, elles passaient dans les rangées parfois, et le reste du temps étaient debout face à la « classe ». Faut pas oublier que nous avons la chance de nous exprimer très convenablement dans les deux langues, mais pour les gens de pays comme la Russie ou l’Inde, il n’en va pas de même.
Ceci dit, je n’aurais pas pu répondre si facilement si je n’avais pas lu et
relu le livret qu’ils nous avaient envoyé en juillet dernier … mais je n’ai
commencé à le lire que Dimanche après-midi, ehem … J’ai aussi joué à
répondre aux questions qui sont annexées dans ce même livret, et une fois passée à travers cette jungle de questions, j’ai recopié le tout au propre. Je sais maintenant que probablement cela m’a énormément aidée.
Une fois que tous avaient rendu leur feuille (la dernière au bout des 30 minutes, si si, pour vrai !), une autre dame s’est installée et nous a appelés un à un pour voir nos pièces d’identité (passeport, papier d’immigrant reçu carte RP pour ceux qui l’avaient, 2 pièces d’identité avec photo style permis de conduire, carte soleil, certificat de naissance et/ou livret de famille pour les enfants en plus de LEUR passeport). Elle nous dit aussi le pourcentage de réussite au test (hein ? quoi ? combien j’ai eu, moi ? Ben 100% bien évidemment ! … moi j’avais bien pensé en avoir loupé une, mais pour le reste j’étais certaine !). Puis on reprend les papiers qu’elle nous laisse – elle garde le papier d’immigrant reçu et le test, héhé. Et non, on ne peut pas en avoir un exemplaire.
En plus, j’ai su par la suite que tous nous n’avions pas le même test apparemment un autre une rangée sur deux, histoire de ne pas encourager de copier peut-être). Puis on s’en retourne dans la grande salle d’attente du début … Il est 10 h 30, et elle nous dit que la cérémonie sera à … MIDI !!! Elle nous demande aussi de ne pas nous en aller entretemps.
Dans la salle, je retrouve nos « vieux » Amis Québécois (depuis 9 ans) que nous avions invités pour la cérémonie qui devait se passer vers 11 heures au départ … Ben, on a passé une heure et demie à jaser, quoi. Comme on ne se voit pas beaucoup (ils habitent à 200 km de chez nous, de l’autre bord de l’île de Montréal).
Puis, à midi pétantes (ils respectent l’horaire promis à la minute près quand même), la dame nous a tous fait venir dans une autre salle, la salle des cérémonies. Là, elle a fait enlever les casquettes et autres chapeaux aux messieurs, les dames pouvaient rester coiffées de leurs voiles, chapeaux, you name it. Les coiffes religieuses peuvent demeurer sur la tête aussi. Puis elle nous a expliqué tout le déroulement bien en détail en français et anglais. Ensuite, elle est allée chercher Madame la Juge. Tout s’est déroulé dans les deux langues tout le temps.
Au départ, elle nous a indiqué que nous étions 67 nouveaux Canadiens de 36 pays différents dans notre groupe. Belle liste de pays, je dois dire ! Beau discours sur les difficultés des premiers mois voire années, quelle joie de voir que malgré cela nous avons opté pour le plus beau pays du monde qu’est le Canada, et combien elle était fière de nous consacrer Candiens à notre tour. Puis tout le monde debout pour prêter allégeance à la Reine Elisabeth II, suivi d’un geste très sympa : elle a demandé à tout le monde de féliciter son voisin de droite et de gauche !
Puis remise individiduelle des Certificats de Citoyenneté avec photo avec Madame la Juge SVP ! Oui oui, on a tout le temps qu’on veut pour les photos. Le seul moment où on ne peut pas filmer ni photographier c’est au moment où l’on jure allégeance parce que c’est une règle générale de ne jamais faire cela, question de respect de vie privée.
Alors quand on est appelé, la Juge nous donne un document commémoratif avec la date du jour et une carte de citoyenneté avec photo mais la date là-dessus est celle du mois et de l’année quand l’Immigration a traité le dossier, dans notre cas Septembre 2003. Cette carte de citoyenneté n’est pas une pièce d’identité en soi MAIS elle sert aux douanes puisque l’on peut aller aux Etats-Unis avec celle-ci, pas besoin de passeport. C’est un petit « plus » que nous avons par rapport aux Canadiens natifs qui depuis le 11 septembre ne peuvent plus passer « les lignes » sans passeport (avant leur ceritificat de naissance était suffisant).
Quand tout le monde a eu sa carte et son Certificat, c’est l’heure du « O Canada » : 1ère partie en français, 2e en anglais, mais bien évidemment on était totalement libre de chanter dans la langue qu’on voulait du moment qu’on chantait.
Curieusement c’est là qu’il y a eu un clic dans ma petite tête, et je n’avais aucune voix pour la première ligne, étranglée en quelque sorte par une émotion que je n’avais pas soupçonnée !!! J’ai failli écraser une larme là, ho là !
Puis la Juge est partie après avoir présenté des voeux de bonheur et tout ça, et c’était fini.
Tout le monde a ramassé ses petites affaires, et on est partis dans notre nouvelle vie : droit de voter, voyager librement, travailler même pour le gouvernement.
Avec nos Amis, nous sommes allés manger un petit bout parce qu’à 13 heures, on commençait à avoir un petit creux … le petit déjeuner de 6 heures du matin était bien loin ! Il faisait un soleil radieux, froid mais beau quoi. Avant de repartir pour notre Estrie, nous sommes passés chez Gauthier rue du Parc … Pascal a craqué pour les pains au raison, des koffiekoekes (genre chausson ouvert avec crème pâtissière et gelé rouge) et des éclairs au café, moi pour un Paris-Brest (écoeurant ! Jamais je n’en ai mangé d’aussi bons que chez la Pâtisserie Belge, un délice !!!) et un demi Brillat-Savarin … La fête quoi.
Il a bien fallu reprendre la route, et je craignais la foule du pont Champlain, mais non, c’était bien calme à deux heures et demie de l’après-midi ! Par contre, même avec ce soleil radieux, la route n’a pas encore été bonne : beaucoup de vent et des morceaux de route plus ou moins longs couverts d’un voile vivant de neige volante au ras du sol. Plus on s’approchait de Granby, plus le ciel devenait gris, et devinez quoi, en arrivant vers chez nous, il neigeait !!!
Les premiers à nous féliciter après les gens de Montréal étaient mes Parents qui appelaient juste au moment où j’arrivais dans la maison hier vers 17 heures – ils sont restés debout pour pouvoir le faire !
Ce matin, j’ai eu d’innombrables embrassades et félicitations téléphoniques et e-mails de la part de mes collègues me souhaitant la bienvenue parmi les Canadiens qu’ils sont : notre directeure RH avait envoyé un message collectif à tout le monde (sauf moi …) pour leur dire que j’étais devenue Canadienne (je travaille là depuis exactement 3 ans) ! Et juste avant midi, j’ai même eu un superbe bouquet de fleurs de la part du boss et des collègues !
Je me sens comme un enfant qui aurait reçu le plus beau des cadeaux : gâtée et aimée. Deux journées remplis d’émotions fortes, en somme.
Quand je pense que pour ma citoyenneté française en 1980, je devais juste aller dans un bureau au tribunal de Dijon pour aller chercher un papier à garder à vie et pas de cérémonie, pas de Marseillaise, rien, juste un gars de bureau et moi … enfin !
Merci à tous ceux d’entre vous qui m’ont déjà envoyé un petit message. J’apprécie énormément l’Amitié de vous tous, et je ne pourrais pas me passer de notre cher forum !
Ooooo Caaaanadaaaaa ….
Monika (nada ???)
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Canneberge Ecrit
Bravo aux nouveaux Canadiens!
Vous avez eu de la chance d’avoir passé votre test sur une tite feuille de papier. Moi, j’ai dû rencontrer le juge en chair et en os et me débrouiller pour répondre à ses questions. Quand tu sais, ça va, sinon, tant pis pour toi…
Mais j’ai fait comme toi : j’ai étudié (au moins 1 mois à l’avance, par contre!) et arrivée là-bas, j’ai continué à potasser mon livret. Pendant ce temps, les 4 autres personnes avant moi (tous des hommes) sont passés chacun leur tour devant le juge et …. ils se sont plantés tous les quatre! Vu la tête qu’ils ont fait en sortant… Du coup, le juge avait l’air, lui, bien découragé. Mais bon, quand il a vu que je lui donnais les bonnes réponses, il a dû penser que sa journée ne finirait sans doute pas si mal!
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Monikebek Ecrit
Merci merci … quel réveil que de lire vos beaux messages !
Alors pour répondre à deux questions …
1) Durée procédure :
Envoi demande fin mai
Réception AR avec livre « Regard sur le Canada » (pour apprendre et réviser …) début juillet avec indication délai 8-10 mois pour la cérémonie
Lettre de convocation à la cérémonie 10 janvier
Cérémonie 20 janvier
Donc fin mai à janvier = 8 mois au total
2) nombre de citoyennetés
Lors de ma demande pour la citoyenneté française, j’ai dû renoncer à la citoyenneté allemande parce que c’est comme ça entre l’Allemagne et la France depuis 1973. Mais puisque je suis née en Allemagne de parents allemands, je peux la récupérer si jamais je veux.
Depuis 1980 donc, je suis Française par mariage (procédure 6 mois sans aucune cérémonie …)
Et maintenant, je peux prétendre à avoir parallèlement un passeport français et un canadien
Mon mari Belge perd sa citoyenneté belge (a perdu mardi !), mais il va mettre sa demande en route pour la récupérer.
Antoine (6 ans) peut garder sa citoyenneté américaine avec la canadienne
Timothy (presque 5 ans) peut garder la française avec la canadienne aussi.
Mes enfants, moi et mon mari peuvent aussi prétendre à la citoyenneté autrichienne puisque mon grand-père paternl (que je n’ai jamais connu) venait de là-bas.
Et moi et nos enfants pouvons demander la citoyenneté belge aussi si on veut.
Quel cirque !
Je suis bien contente que finalement on a tous les quatre la même citoyenneté ! Les douaniers auront un peu moins de misère avec nous – ils rigoleront moins aussi …
Merci encore et passez une belle journée !
Monikebek…
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