Je suis de retour sur Immigrer.com avec ma série « Histoires inspirantes ». Dans cette série, je vous présenterai des gens dévoués qui, par leur travail, contribuent quotidiennement à la réussite de leur communauté.
La personne que j’aimerais vous présenter dans cet article est Sandra Perron, enseignante de français langue seconde au niveau maternelle pour une classe d’accueil à l’école Camille-Laurin à Montréal.
Pour ceux qui ne la connaisse pas, l’école Camille-Laurin se situe dans le quartier Parc-Extension, le quartier le plus multiethnique de la ville. On y dénombre en outre une quarantaine de langues maternelles autres que le français ou l’anglais.
L’école Camille-Laurin a cinq classes d’accueil préscolaire. Elle accueille une majorité d’élèves issus de l’immigration qui ont besoin de soutien dans l’apprentissage du français pour qu’ils puissent intégrer le plus rapidement possible les classes régulières.
Sandra Perron enseigne depuis 18 ans. Par conséquent, elle connaît très bien le défi d’intégration et d’adaptation des jeunes nouveaux arrivants allophones qui fréquentent sa classe.
- Est-ce que tu peux me décrire pourquoi tu as choisi d’enseigner le français langue seconde et pourquoi pour les tout-petits ?
Quand j’étais jeune, j’aimais beaucoup apprendre une langue seconde, l’anglais dans mon cas. Je me suis dit que je pourrais devenir enseignante de français pour être dans un environnement anglophone. Mais quand j’ai commencé ma carrière, j’ai découvert les classes d’accueil. Plein de langues différentes à connaître et de culture à découvrir. C’était une belle découverte !
J’aime travailler avec les petits. Ils sont dans le moment présent. Ils s’émerveillent de simples choses. En maternelle, presque tout peut être matière à apprentissage. On a une plus grande liberté. Aussi, c’est plus facile d’apprendre une langue seconde en bas âge.
- Quel type de défi tu constates lorsque les élèves arrivent dans ta classe ?
S’ils sont dans ma classe dès le début de l’année scolaire, c’est déjà plus facile. On commence tout doucement. On prend le temps de s’adapter au nouvel environnement, au fonctionnement de la classe et à une nouvelle langue. Lorsqu’ils arrivent en cours d’année, ce qui est très fréquent, l’adaptation doit se faire plus rapidement. Je leur apprends vite le vocabulaire nécessaire aux besoins de base comme par exemple toilettes, J’ai mal…, maison.
Au début, c’est difficile pour certains enfants d’être séparés de leurs parents et de passer leur journée avec quelqu’un qui ne les comprend pas toujours. Mais habituellement, après quelques jours, ça va mieux. Il est important aussi pour moi d’établir un lien avec les parents afin qu’ils participent à la réussite de leur enfant. Toutefois, comme ils ne parlent souvent pas le français non plus, il est parfois difficile de communiquer avec eux. Lorsque c’est nécessaire, comme aux rencontres de bulletin, je demande un interprète. Aussi, nous avons une intervenante parlant plusieurs langues qui fait le lien entre la famille, la communauté et l’école. Elle est très aidante.
- Parle-nous de l’expérience en classe que tu as avec tes élèves ?
Avec mes élèves, j’apprends à connaître différentes cultures et je leur fais connaître la mienne (Les initier à la culture québécoise est un mandat des classes d’accueil). Pour certains, ce sera la première fois qu’ils verront de la neige cet hiver. On doit leur montrer qu’on peut jouer dehors malgré le froid. Faut juste être bien habillé ! Je dois souvent aussi apprendre aux parents comment habiller leur enfant en hiver. C’est tout un apprentissage, les quatre saisons ! Au début de l’année scolaire, on se concentre sur la vie dans la classe, ses règles et la socialisation. On s’adapte à la routine et aux camarades. On apprend par thème, par le jeu, les comptines et les livres. En novembre, la plupart sont capable de faire des petites phrases sur des sujets du quotidien. Je suis tellement fière d’eux, lorsqu’ils commencent à utiliser ce qu’ils ont appris !
- Quelles sont les considérations de base pour assurer la réussite scolaire de tous et de toutes les élèves dans une classe d’accueil ?
D’abord, ma priorité est que les enfants se sentent bien dans ma classe et qu’ils veulent venir. Ensuite, avec une routine et de l’encadrement, ils sont plus ouverts aux apprentissages. Il faut y aller au rythme de chacun, avec leurs forces et leurs défis. Mon objectif est qu’ils aient assez de vocabulaire et une bonne compréhension pour aller en première année régulière. La majorité y parvient.
- Quelles sont tes conseils pour les familles allophones qui arrivent au Québec sans parler aucune des deux langues officielles du pays ?
Apprendre le plus vite possible le français, car la maitrise de la langue française est la clé pour une meilleure intégration dans la société d’accueil québécoise… (étude, travail, intégration, culture, amis etc.) S’ils veulent être capable d’aider leur enfant dans leur parcours scolaire, c’est aussi nécessaire. Aussi, l’école peut les mettre en contact avec plusieurs ressources de leur milieu de vie. Ils doivent aller chercher et accepter toute l’aide possible afin que la famille s’adapte rapidement.
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