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Hos(tie!)pitalisation, chronique

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Hos(tie!)pitalisation

Ecrit par: Redflag

Redflag est allé tester pour vous l’Hôpital Notre Dame de Montréal. En ces temps de crise du système hospitalier québécois, avouez qu’il faut le faire :-).

Me voilà donc à l’urgence. Une heure et demie plus tard, je passe au triage. Je décris les symptômes, qui ne font que s’aggraver depuis trois jours, malgré un traitement antibiotique démarré 60 heures plus tôt. L’infirmière semble trouver mon cas un peu « léger ». La seule lecture de ma température, proche des 40°C, la fait changer d’avis. Je me retrouve dans une petite pièce, bien équipée, propre, dont j’ai le temps de scruter les moindres détails. Encore une heure et demie d’attente, car la médecin est en train de recoudre une oreille. Elle me voit cinq minutes à peine. Prise rapide de décision. L’origine de l’infection, virale ou bactérienne, reste à définir. Je patiente encore une demi-heure.

Me voilà maintenant en schtroumpf. Les événements se précipitent : pose d’un cathéter, quatre prises de sang différentes, analyse d’urine, radio des poumons, civière. Ma civière roule vite. Je me retrouve en Urgence majeure, place n°3. Une position-clé : je vois tout ce qui se passe. Le « poste » est en face de moi. Le même que dans la série « Urgences » (« Salle d’urgence » au Québec). L’activité y est fébrile. Il faut dire qu’il y a foule. Car si des places de débordement sont prévues autour du « U » que forme le poste (place à laquelle je me trouve), les lits dans les couloirs attenants sont ceux du « surdébordement », qui explique les fameux 150 ou 200% d’occupation dont on parle à la radio.

Le personnel fait sa job : les poches de soluté et d’antibiotique valsent telles des munitions. Explications minimales. Bonne nouvelle, j’apprends dans la nuit que le test mononucléose est négatif. On s’oriente donc vers quelque chose de bactérien. La fièvre est tombée. Le mal de gorge ne s’estompe que le lendemain matin. Bien que, en moins de 24 heures, j’aie vu défiler au moins quatre médecins, je n’apprends rien sur l’origine de la maladie. Tous sont cependant venus me voir. Rétablissement des constantes. Je sors. Les infirmières ont été à l’écoute. J’ai toujours très mal à la gorge et suis très fatigué. Mais il y a du monde derrière, qui devient plus urgent que moi. La poursuite du traitement antibiotique amorcé à l’hôpital réduit finalement la douleur, 72 heures après la sortie.

Je commençais à trouver la joke un peu longue. Quelques jours de repos me feront le plus grand bien.

Seb Redflag

—————-

Sujet: Re: Vanina – Séjour de Redflag à l’hôpital
De: Redflag

Salut Vanina,

Ah, je savais bien que cette chronique laisserait les gens sur leur faim !

Il me semblait cependant impossible, pour des raisons de place, de relater les faits et en même temps de faire une critique (positive ou négative) de mon expérience à l’hôpital.

La dernière fois que je suis allée dans un service d’urgence c’était le 1er janvier 2000, à Ottawa, pour une amie qui s’était fracturée l’avant-bras en patinant. Elle avait eu droit à 3-4 heures d’attente (et de souffrance).
Donc, premier constat : je n’ai pas attendu plus longtemps à Montréal qu’à Ottawa, capitale du Canada, en Ontario.
La fois précédente c’était en France, je devais avoir 8 ans, pour un grave accident de voiture dans lequel mes parents, ma sœur et moi avons failli y passer. On ne peut pas dire que j’ai une grande expérience des urgences.

Voici quelques remarques sur mon expérience de la semaine passée.
Le personnel m’a paru totalement compétent. La médecin a fait un diagnostic rapide, a pris rapidement sa décision de m’hospitaliser. Une seule fausse note : l’infirmier qui m’a posé le petit pansement après la prise de sang, a d’abord mis le collant (avec la compresse) sur son pantalon (!), et me l’a ensuite recollé sur le bras. Asepsie : zéro pointé !
Une autre remarque : les tenues des personnels sont totalement fantaisistes : mélange de vêtements persos et de travail, bas/haut, haut/bas…
Presque tout le personnel a des chaussures de sport type « running ». J’imagine que ce n’est pas pour rien. Ils courent, tout le temps…

Plusieurs analyses ont été menées. J’étais d’ailleurs allé à l’hôpital dans cette optique. Plutôt que de poireauter deux fois, une fois dans une clinique médicale (cabinet médical) et une autre fois dans un lab d’analyses avec deux jours d’attente, je voulais que tout soit fait illico presto, car les labs d’hôpitaux tournent jour et nuit. Je savais que j’aurais peut-être une grosse attente, mais qu’une fois la machine lancée, les résultats ne tarderaient pas. La cerise sur le gâteau, c’est quand la médecin a décidé de me garder 🙂

Autre point positif : tous les médecins urgentistes sont venus me voir et me parler, brièvement. Inutile de vous dire que j’étais un peu dans le cirage, et quand je pensais à mes questions, ils disparaissaient 🙂
Je n’ai donc jamais eu d’information sur le type de bactérie qui a pu causer cette infection. Je n’ai pas pensé à le demander en partant. J’ai eu « congé » très vite. Hop, fallait dégager ! 🙂
Les infirmières ne venaient pas vers moi, elles avaient énormément de travail. Mais j’ai apprécié qu’elles aient répondu à chaque appel, pour quoi que ce soit.
Le « poste » a été une véritable ruche surtout l’après-midi et dans la soirée. En face de moi se trouvait une dame qui réorientait les gens déjà admis à l’urgence majeure vers les différents services. Je ne l’ai pas vu prendre la moindre pause pendant 7 ou 8 heures consécutives. Elle a quitté son travail vers 23h30 je crois.
Je dois dire que j’ai été impressionné par « la machine ». Ça « roulait », une organisation sans faille, malgré un taux d’occupation très élevé. Beaucoup d’interactions entre les différents personnels : administratifs, préposés, ambulanciers, infirmières, médecins.

Le bilan de tout ça ?

Je crois qu’il faut arrêter de descendre le système hospitalier du Québec. Le problème ne vient pas vraiment de la qualité des soins, je crois, ni de l’infrastructure (dans mon cas, l’hôpital était équipé et moderne), ni du personnel. Le problème est budgétaire, donc politique. Les budgets ont été réduits. Le personnel parti en retraite n’a pas ou peu été renouvelé, le recrutement fermé ou presque. Résultat : le manque de personnel est criant, et les réinjections d’argent (même si ces réinjections ressemblent plus à du rafistolage qu’à un vrai plan de remise à flot) n’y peuvent rien. Évidemment, une telle politique ne va pas sans faire de casse : il y a eu pas mal d’erreurs médicales récemment, attribuables semble-t-il à un surmenage des équipes soignantes. À mon arrivée au Québec, j’avais vu un reportage poignant sur la situation des infirmières, qui relatait ce surmenage.
Il y a je crois une loi au Québec qui interdit maintenant les hôpitaux d’avoir un déficit à la fin de l’année.
Imaginez un truc pareil en France…
Je tire donc mon chapeau aux personnels des hôpitaux Québécois qui parviennent malgré cela à prodiguer des soins de qualité.

Seb Redflag

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