Quelle est la différence entre la recherche d’emploi au Québec et en France?
Ecrit par: Silmaril 21-07 à 5:08
Bonjour,
J’aimerais avoir quelques informations sur la différence entre la rechercher d’emploi au Quebec et la France.
Comment sont les recruteurs, les cvs etc..
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Ecrit par: O’Hana 21-07 à 8:26
Salut Silmaril,
Je n’ai, à proprement parlé, jamais à eu faire vraiment de recherche d’emploi lorsque je résidais encore en France mais je peux te parler lorsque c’est le cas au Québec. Cela pour dire qu’il faut prendre mes propos avec la prudence que cela exige.
De mon expérience, le maître mot en recherche d’emploi ici est le réseau de contacts. Le Québec représente en effet un petit marché (7 millions d’habitants) avec, en schématisant, d’un côté seulement deux grands centres urbains (Montréal et Québec) et de l’autre côté, une multitude de moyens et petits centres (Trois-Rivières, Drummondville, Sherbrooke, Gatineau, Saguenay, etc). Cette dichotomie favorise donc le marché caché : pour Sherbrooke par exemple, n’est pas rare en effet de voir les employeurs diffuser officieusement leurs possibilités d’emploi avant d’y aller formellement par les réseaux institutionnels (Emploi-Québec, DRHC, Jobboom, etc).
La « flexemployabilité » est de plus en plus courante aussi au Québec de ce que j’en vois, ce qui est la combinaison de la flexibilité et de l’employabilité. La mondialisation des marchés, la technologisation accrue, la réorganisation des façons de travailler font en sorte que les employeurs recherchent une main-d’oeuvre qui soit souple (les emplois à temps partiel, à contrat à durée déterminée deviennent de plus en plus la norme alors qu’ils étaient marginaux avant) et dont l’employabilité soit élevée.
Ainsi, ce n’est pas tant le diplôme ou la formation que le chercheur d’emploi doit actualiser mais bien ses compétences et ses habiletés : aujourd’hui, il est pratiquement incongru de ne pas maîtriser un logiciel de traitement de texte ou de ne pas être capable de naviguer sur internet par exemple (sans parler de la maîtrise de l’anglais). L’employabilité réfère donc à la capacité d’offrir une valeur de travailleur potentiel la plus élevée possible. Le diplôme ne servant, en fait, que de filtre dans une première étape de sélection pour un poste donné.
Autre particularité du Québec : la forte présence d’espaces professionnels fermés. Je fais référence ici aux fameux ordres professionnels qui sont de véritables organisations élitistes et corporatistes et qui constituent un obstacle majeur à toute personne (immigrante ou non) qui désire occuper un emploi réglementé si elle n’a pas la formation prônée par l’ordre professionnel concerné.
Une idée à relativiser aussi est l’annonce en grandes pompes d’Emploi-Québec des quelques 640 000 emplois à pourvoir d’ici 2006 environ (45% de remplacement pour des départs à la retraite et 55% de création de nouveaux postes). Il faut savoir qu’Emploi-Québec met ici dans le même sac les emplois permanents, les emplois à temps partiel, les emplois sous contrat, etc. Sans parler des emplois certes créées par des entreprises au Québec MAIS qui ne seront pas à pourvoir au Québec car beaucoup d’entreprises décentralisent leurs activités outre-mer comme beaucoup le font de par le monde.
Bref, la « flexemployabilité » est, selon moi, de rigueur pour effectuer une recherche d’emploi au Québec, phénomène appuyé en ce sens par les normes du travail (délais de préavis très réduit, pas de contrat de travail à signer dans bien des emplois, mobilité extrême de la main-d’oeuvre, etc). Mon intention n’est pas de te décourager loin de là. Seulement tenter de te brosser un portrait réaliste de la situation. Situation qui, d’ailleurs, n’est pas particulière au Québec.
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