Pour les amateurs d’Histoire de l’Amérique Française
Ecrit par: parati 13-11 à 20:03
Le Monde a publié un article sur le début de la présence française en Amérique du Nord.
J’espère que cet article ne soulèvera aucune polémique, ce n’est pas le but, je veux juste le partager avec vous.
Voici le lien :
http://www.lemonde.fr/archives/article/2004/11/13/et-si-l-amerique-avait-ete-francaise_386963_1819218.html
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Ecrit par: yapuka 13-11 à 20:29
Merci Parati, c’est très intéressant !
Depuis le Moyen âge , les Français ont été de piètres colonisateurs si on les compare aux Anglais ! Même encore maintenant, ce petit bout d’île a encore des influences non négligeables sur de grands pays du monde. Regardez le verso de vos billets de banque
J’ai hâte de lire vos commentaires sur le lien de Parati.
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Ecrit par: Zogu 13-11 à 20:50
Eh bien, je trouve dommage que les Français critiquent de cette manière l’aventure française en Amérique. Il y a pourtant des tas de raisons d’être fier… alors pourquoi s’auto-flageller de la sorte? A lire cet article, on pourrait croire que les Français qui ont débarqué ici étaient tous des crétins mal organisés, alors que tous les autres peuples colonisateurs ont eu du succès à leurs dépens. La vérité, c’est que la colonie française d’Amérique n’était pas une colonie de peuplement, simplement parce que la France n’avait pas les moyens sociaux-économique de laisser partir sa population.
A l’opposé, l’Angleterre a vu dans l’Amérique un moyen efficace de se débarrasser des éléments les plus extrémistes de sa société: les Puritains, qui cassaient les pieds à tout le monde. (Pour une vision romancée de la chose, lire le roman « London » d’ Edward Rutherfurd.)
Pourtant, la France a de quoi être fière! Par exemple:
– la présence, 400 ans plus tard, d’un quasi-état francophone, le Québec
– les victoires militaires du marquis de Vaudreuil
– les nombreuses victoires françaises dans la vallée du Richelieu et sur l’Hudson
– les explorations de Jolliet et de d’Iberville
– l’alliance avec les Hurons, les Micmacs et les Abénakis (ces derniers sont devenus, au contact d’un génial chef de guerre français, de valeureux guerrilleros dont les anglais de la Nouvelle-Angleterre avaient une peur bleue)
– la Paix des Braves avec les Iroquois (1701), un triomphe de la diplomatie française
– le commerce triangulaire avec les Antilles et la France
La Nouvelle-France, que ce texte décrit comme sans alliés à la cour de France, bénéficiait pourtant de l’appui du cardinal Richelieu. De brillants administrateurs ont développé l’industrie en Nouvelle-France, particulièrement l’intendant Talon.
Au Québec, nous apprenons tout cela, avec fierté, à l’école (secondaire IV)… que vous apprennent-ils donc en France? À ne pas être fiers?
Dommage, donc, que cet article résume la présence française en Nouvelle-France en une suite d’échecs cuisants:
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Mais, jamais ils ne parviendront à reprendre le dessus. La colonie restera durablement sous-peuplée, mal en cour et mal défendue contre les Anglais, jusqu’à la cession, en 1755 de l’Acadie, puis en 1763 des provinces du Saint-Laurent, et enfin, en 1803 de la Louisiane.
Évidemment, ça paraît toujours bien de citer le commentaire caustique de Voltaire à propos des « quelques arpents de neige ». Mais Voltaire était payé pour être caustique, non, alors sur la Nouvelle-France ou sur un autre sujet… il tirait son boulet de canon verbal. Voltaire: clown cultivé, talentueux et caustique… mais un animal de cour, quand même.
Et ici on peut relever dans ce texte un commentaire assez bizarre:
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Les climatologues parlent de « mini-ère glaciaire ». A l’époque, l’été indien ne durait que quelques jours.
Ça n’a pourtant pas changé! L’été indien ne dure que quelques jours. Même que certaines années, il n’y a pas d’été indien.
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Et le 3 décembre, le piège s’était refermé : la rivière charriait des blocs de glace chahutés par les marées. Le passage vers les rives était désormais impossible. Finis la chasse, la pêche, le ramassage des coquillages, la cueillette. Perdus, aussi, les légumes plantés pendant l’été sur les berges, et l’eau potable, et le bois de chauffage.
Semble-t-il qu’à l’époque, ils ne pouvaient ni marcher sur la glace prise, ni canoter sur les glaces brisées.
Addendum:
Une tranche de la société française de l’époque était intéressée à venir en Nouvelle-France: les huguenots, qui auraient voulu fuir les inévitables vagues de persécutions en France. Mais ironiquement, ils se sont vu barrer la route; les colonies leur ont été interdites par décret royal; le roi avait peur qu’ils aient du succès ici! Il voulait une colonie « 100% » Catholique. (Lire le traité historique « Des loups dans la bergerie », chapitres 1 à 4, à ce propos.)
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Ecrit par: yapuka 13-11 à 21:50
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que vous apprennent-ils donc en France? À ne pas être fiers?
Tu sais Zogu, en lisant les Français qui écrivent sur ce forum, tu dois bien te rendre compte que non, on ne nous apprend pas à être fiers de notre peuple.
Nous sommes un peuple qui a plus de 2000 ans d’histoire. A ce sujet, je te conseille de lire le « Paris » de Jean Favier, Historien de la Ville Lumière (ça fait un bon 1000 pages, mais c’est très instructif).
De cette histoire, on nous apprend presque exclusivement nos guerres. Napoléon est de loin l’homme historique le plus populaire de notre beau pays. On a tout de même inventé de belles choses, inspiré de nombreux pays, peinte de magnifiques toiles, écrit de merveilleux livres etc…
J’avoue que je ne comprendrais jamais les Français qui crachent sur leur pays pour mieux en intégrer d’autre. Je ne suis pas sûre que quelqu’un qui n’est pas fier de son pays, de son histoire puisse se faire respecter à l’étranger. Je trouverai très étrange et malsain un Québécois habitant en France dénigre le Québec.
Il en reste que je connaît très mal ce volet, qui n’est pas enseigné en France étant donné que le programme d’histoire est légèrement chargé… Je vais lire Londres, je l’ai acheté il y a quelques années et pas encore ouvert…
Merci encore Zogu pour tes remarques toujours intéressantes sur l’histoire de ton pays.
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Ecrit par: Zogu 13-11 à 21:53
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Nous sommes un peuple qui a plus de 2000 ans d’histoire. A ce sujet, je te conseille de lire le « Paris » de Jean Favier, Historien de la Ville Lumière (ça fait un bon 1000 pages, mais c’est très instructif).
C’est promis!!! Après avoir lu Londres, qui fait environ 1000 pages… pourquoi pas Paris!!! J’adore ce genre de roman. J’espère qu’on peut le trouver au Québec (chez Renaud-Bray ou autre).
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Ecrit par: yapuka 13-11 à 22:03
Le titre du livre exact est « Paris, deux mille ans d’histoire » de Jean Favier aux Editions Fayard.
Edward Rutherfurd est un romancier historique qui narre l’histoire d’un pays suivant des générations au fil des siècles c’est ça ? Il me semble avoir lu un livre de lui sur un autre pays , Ruska ça se peut ? Si c’est le cas j’ai beaucoup aimé.
« Paris » n’est pas un roman, c’est vraiment un GROS cours d’histoire, c’est fascinant. J’adore ma ville natale!
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Ecrit par: Zogu 13-11 à 23:17
Oui! Rutherfurd (quel graphie bizarre, ce nom!) est spécialiste en romans historiques. Il a écrit « Ruska », « London » et « England » si je me souviens bien. Dans tous les cas, ses romans traitent des événements historiques très bien documentés… à travers des familles et des personnages fictifs.
De la fiction historique très bien écrite. J’ai lu « London » en anglais… ça m’a pris un bon 2 mois, mais quel roman bien ficelé! J’ai appris plein de trucs historiques, entre autres sur la première vague de colonisation en Amérique britannique…
C’est quand même drôle que la première vague de colons (en Virginie) ait été surtout formée de Puritains, des protestants extrémistes qui mettaient en doute la légitimité de la couronne britannique. Pour eux, seul Dieu (et non le roi d’Angleterre) pouvait diriger les Hommes… Pas étonnant que les Anglais aient voulu se débarrasser d’eux. Après l’établissement des colons Puritains, d’autres britanniques, des modérés, sont arrivés et ont commencé à peupler la Nouvelle-Angleterre. De là, le clivage nord-sud dans les mentalités américaines.
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Ecrit par: yapuka 13-11 à 23:48
En quelques siècles, les Puritains ont repris le dessus chez les voisins on dirait sad.gif
J’ai vu la carte des Etats-Unis durant la guerre de cessession, c’est très frappant la similitude d’avec la carte des élections d’aujourd’hui !
En parlant de Puritains, la France a fait au Québec un beau cadeau au début du siècle lorsque la laïcité s’est installée. Les pires curés de France suivis des puritains ont pris le chemin du nouveau monde français. Mais bon l’histoire heureusement s’arrête là car fort heureusement ici, la religion ne dirige pas le pays.
Concernant Ruterford, je me souviens d’avoir lu « Sarum », excellent livre sur l’histoire du sud ouest de l’angleterre, surtout de Stonehenge et la construction de la monumentale cathédrale de salisbury. Incroyable histoire que celle de l’Angleterre, on peut quand même s’enorgueillir nous les Français, d’avoir été le dernier peuple à les envahir ! Bon certes c’était en 1066 mais bon, on est les derniers.
Ah oui une anecdote sur nos amis les Anglais, et bien aucune famille anglaise n’a régné sur le royaume !!! Il y a eu César, les Français pendant des siècles, des ecossais, en ce moment ce sont des Hanovre (allemands) ! Même leurs devises sont étrangères (françaises) : Dieu et mon Droit, et Honni soit qui mal y pense. Comme quoi on leur a laissé quelque chose de notre longue invasion !
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Ecrit par: Zogu 14-11 à 0:12
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En parlant de Puritains, la France a fait au Québec un beau cadeau au début du siècle lorsque la laïcité s’est installée. Les pires curés de France suivis des puritains ont pris le chemin du nouveau monde français. Mais bon l’histoire heureusement s’arrête là car fort heureusement ici, la religion ne dirige pas le pays.
La migration de curés et de prêtres (surtout les Sulpiciens) a assuré une continuité dans le lien entre la France et le Québec, pendant la période coloniable britannique. Gageons que ces contacts n’ont pas eu que des effets négatifs.
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Incroyable histoire que celle de l’Angleterre, on peut quand même s’enorgueillir nous les Français, d’avoir été le dernier peuple à les envahir!
Eh bien le Canada peut se vanter d’avoir gagné toutes ses guerres contre les États-Unis!
Invasion américaine de 1775
Après que Montréal soit tombé aux mains des troupes américaines (et que Franklin ait tenté de soulever les foules… sans succès), les troupes d’Arnold et Montgomery ont attaqué Québec. Le chef des troupes britanniques du Canada, Guy Carleton, avait déjà perdu Montréal et donc 70% des effectifs britanniques. Il n’a eu d’autre choix que de monter une armée de volontaires canadiens-français pour défendre la ville de Québec. Après que les défenseurs britanniques et canadiens-français aient repoussé les troupes américaines révolutionnaires, le pouvoir colonial britannique n’a eu d’autre choix que de faire des concessions. Avoir les canadiens-français de leur côté leur assurait la défense du Canada (et ils n’avaient pas tort.. voir la guerre de 1812). C’est ainsi que le peuple canadien-français a pu obtenir des concessions politiques et culturelles… et survivre.
Guerre de 1812
L’invasion américaine a été repoussée en plusieurs points. La flotte américaine des Grands Lacs a été entièrement coulée — de nuit — par quelques canots et des bombes incendiaires! Les canadiens-français se sont illustrés dans plusieurs batailles. Quelques figures importantes: Laura Secord, Tecumseh, Salaberry de Valleyfield.
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Ecrit par: parati 14-11 à 9:59
Merci pour ces échanges instructifs (je me coucherai moins bête ce soir), j’ai pris note des livres pour me cultiver un peu plus au printemps.
Je réserve la fin de l’automne et l’hiver aux premiers habitants des Amériques et à l’histoire du Canada après l’arrivée des premiers européens.
Tous les jours nous cotoyons les descendants des pionniers et le jeudi, jour de mon bénévolat, j’en rencontre un peu plus que d’habitude, comme cette religieuse de Laval qui vient passer quelques heures, et qui descend d’un soldat de la compagnie de Vaudreuil et d’un pionnier de Lachine, ou ce descendant de gascon et cette dame dont un de ses ancêtres est originaire de Rouen… tous me font partager un petit bout de leur histoire familiale et de l’histoire du pays.
Ils sont très fiers de leurs origines françaises.
Certains débutent juste leurs recherches et ce que j’aime le plus c’est de les voir repartir heureux ayant trouvé d’où était originaire leur ancêtre pionnier (France, Irlande, Allemagne…..) et ils vont être peu à peu « contaminés » par le virus socio-historico-généalogique qui va les pousser à en savoir plus sur la vie de leur famille au cours des siècles passés.
Sortant un peu du cadre des pionniers :
Il y a aussi un canadien qui est fasciné par Napoléon, il s’agit de Ben Weider qui est le Président de la Société Napoléonienne Internationale pour ceux que cela intéresse voici le lien www.napoleonicsociety.com/
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Ecrit par: Luca 14-11 à 16:23
Merçi paparati pour ton article très interessant.
Et merçi à yakupa et zogu pour leur réponses , moi qui aime l’histoire, j’ai beaucoup appris grace à vous
Si je peux apporter ma pierre à l’édifice, je vous conseille le site www.memo.fr, un site
assez généraliste mais complet sur l’histoire
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Ecrit par: yapuka 14-11 à 17:24
Bonjour à tous,
Merci Luca pour ton lien. Il n’y a vraiment pas beaucoup de sites traitant de l’histoire du colonialisme français, qu’il soit américain, asiatique, africain, je n’en trouve pas.
Zogu et Parati m’ont donné l’envie d’en savoir plus sur l’histoire du Québec et j’aimerai connaître le nom d’un bon livre sur ce sujet. Pouvez vous m’aider ?
En parcourant quelques sites, j’ai remarqué que je ne connaissais pas grand chose non plus à notre épopée américaine. A part Lafayette…
Mince, moi qui me croyait une vraie pro de l’histoire de France, j’ai complètement « zappé » la colonisation. Est-ce que c’est moi où on n’apprend rien là dessus ?
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Ecrit par: stadak 15-11 à 9:32
Plus haut, la présentation qui est faite de la « victoire » du Canada à Québec devant les Américains est celle que les Anglais et le clergé ont bien voulu nous apprendre dans nos livres d’histoire. J’ai fais récemment une lecture différente de ce chapitre de l’Histoire des jeunes années du Canada qui montre que, si les Américains ont de fait perdu la guerre devant Québec, ils l’ont d’une certaine façon davantage perdue devant les Anglais que devant les Canadiens (note aux lecteurs du vieux-continents: à cette époque, « canadien » signifiait ce que « québécois » signifie aujourd’hui).
En effet, quand on lit un inventaire exhaustif de la position politique prise par la majorité des villages à cette époque au Québec, quand on lit les rapports et les comptes-rendus affolés, ou à tout le moins alarmés, qui circulaient au sein de l’épiscopat, parmi l’état-major britannique et entre divers observateurs, on se rend compte que la majorité du Canada (français) soutenait la cause américaine pour se dresser devant l’establishment britannique, et de là devant l’Église.
Nos manuels d’histoire nous enseignent que la fidélité des Canadiens leur a valu la protection de la couronne d’Angleterre. En fait, c’est le contraire qui s’est produit: c’est parce que la Couronne britannique avait été assez prévoyante pour donner terres et pouvoirs financiers au clergé canadien qu’il a pu s’assurer de son appui devant les Américains. Le clergé, redevable, avait tout intérêt à convaincre le peuple de prendre le parti de l’Angleterre, non pas pour gagner des privilèges, mais bien pour les garder !
Or, malgré tout, la colonie a passé à deux doigts de tomber au complet aux mains des Américains, forts du soutien logistique d’une bonne partie du peuple et aussi de l’appui de nombreux miliciens canadiens. « Au complet » car, ne l’oublions pas, pratiquement tout le sud et toute la vallée du Saint-Laurent, y compris Montréal, étaient sous le contrôle américain. Finalement, l’hiver québécois, essentiellement, aura eu raison des Américains.
Et cet appui canadien aux américains, de quelles motivations procédait-il ? Il y en une qui, quoique documentée, ne nous est pas enseignée : c’est la diffusion au Canada du discours des Lumières et de celui des mouvements révolutionnaires qui montaient en France et aux Etats-Unis. Bref, Voltaire et Franklin étaient écoutés (et publiés) au Canada. On ne nous dit pas ça souvent dans nos classes d’histoire.
Par ailleurs, l’autre élément de motivation, il y a longtemps que je le subodore. Comment peut-on croire que les Canadiens français aient eu tant le désir de défendre l’Angleterre moins de 15 ans après avoir été envahis par leurs armées. Si peu de temps après avoir été dépossédés de leurs terres ? Oui, dépossédés, car alors que nos livres d’histoire ne nous montrent que la fin du joug du Roi de France, ils nous cachent que, en fait, l’Angleterre avait transmis l’ancien pouvoir seigneurial entre les mains du clergé avant les tentatives d’invasion américaine, et non après. Les prêtres avaient remplacé les seigneurs, dont ils avaient hérité des seigneuries. Et l’Angleterre leur versait des rentes pour les maintenir en état de dépendance. Comme ils l’ont fait plus tard avec les Indiens. Ce que nos livres d’histoire nous apprennent, c’est que les paysans étaient heureux d’avoir été libérés par l’Angleterre de la tyrannie de Paris. Il nous restait à gober que les paysans avaient acceptés de bon grés de se plier à celle de l’Église et de Londres. Et nous l’avons gobé ! C’est ce qu’on appelle de la propagande. Car, songeons-y un instant : pourquoi croire que nos ancêtres étaient aussi aveugles, si ce n’est parce que c’est ce qu’on nous a forcé à croire ?
Le bon sens nous indique que les Canadiens avaient du logiquement voir arriver d’un bon œil une révolution venue du Sud, destinée à renverser l’envahisseur britannique. Encore une fois, la conquête n’avait que 15 ans. Aujourd’hui, c’est comme si elle datait de 1989. Le mur de Berlin. Bref, à mon avis, on nous a menti depuis 200 ans à propos de notre histoire, ce qui a eu pour résultat de faire prospérer au Québec un capital de sympathie anormalement élevé à l’endroit du pouvoir britannique. Une sympathie bien relative, mais une sympathie tout de même.
Devrions-nous nous étonner de la chose ? Les Américains ne font-ils pas la même chose en Irak ? N’est-ce pas là une « seine » pratique de pérennisation ? D’accord, la donne politique est différente, mais le procédé est très semblable.
Et pour faire le lien, en fait un lien fondamental, avec le présent fil de discussion, nous pouvons constater que les succès coloniaux anglais reposent sur une adresse admirable dans l’art de savoir doser les niveaux d’autonomie et de dépendance de leurs colonies, ce que les Français n’ont jamais su bien faire. Même dans le cas américain, dont les Anglais perdirent finalement le contrôle, il demeure que Londres a tout de même conservé un lien extraordinairement privilégié avec son ancien fief, ce qui n’est certainement pas étranger au fait que la capitale britannique soit demeurée la première place financière du monde.
Ceci dit, les Français peuvent quant à moi se féliciter au moins d’une chose : ce sont eux qui ont probablement été les plus purement animés du désir de Découverte, avec un grand D. Le plus purement. Ils ont mis au monde des Joliette, des Marquette, et combien d’autres, qui ses sont attaqués à mains nues contre l’immensité d’un continent.
Du point de vue économique et logistique, les Anglais ont gagné haut la main. Et c’est loin d’être mauvais. Tout de même, du point de vue de la témérité, de la beauté du geste de la Découverte, je crois que les Français, en Amérique, méritent la palme.
Moi, en tout cas, je suis fier d’être un héritier de cette vertu, celle de la recherche folle du dépassement de soi.
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Ecrit par: pourquoi 15-11 à 10:14
Fascinante histoire que celle du Canada et du Québec !
Il est bien dommage qu’on ne nous l’enseigne pas en France, il me semble qu’on y a été pour quelque chose !
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Plus haut, la présentation qui est faite de la « victoire » du Canada à Québec devant les Anglais est celle que les Anglais et le clergé ont bien voulu nous apprendre dans nos livres d’histoire. J’ai fais récemment une lecture différente de ce chapitre de l’Histoire
Est-ce une interprétation personnelle de l’histoire du Canada ou l’as tu lu dans un ouvrage historique ?
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Ecrit par: stadak 15-11 à 11:40
Source on ne peut plus historique, dont voici les coordonnées:
LAGRAVE, Jean-Paul de, l’Époque de Voltaire au Canada. Biographie politique de Fleury Mesplet, imprimeur, Montréal, L’étincelle éditeur, 1994, 502 p.
J’ai même trouvé un résumé:
mapageweb.umontreal.ca/melancon/the… sur le web.
Le bouquin déborde notamment de reproductions de lettres et de témoignages qui sont autre chose que les morceaux de bouts de citations auxquelles mes yeux d’étudiant furent confrontés dans mon jeune temps.
La lecture du livre de LAGRAVE a été pour moi une révélation.
Autrement, le reste de ma lecture personnelle de l’Histoire se base sur deux prémisses:
– Primo, l’histoire se répétant continuellement, non seulement on peut utiliser le passé pour prédire l’avenir, mais on peut aussi utiliser le présent pour découvrir à propos du passé ce qu’on nous a caché.
– Secundo, une explication logique de l’attitude non expliquée de nos aieux me semble au moins aussi valable que des explications tordues et illogiques enseignées par des bouquins contemporains qui n’ont fait que reprendre les idées reçues de plus anciens bouquins eux-mêmes allignés sur ce qui s’avère de toute évidence avoir été de la propagande colloniale.
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Ecrit par: Zogu 15-11 à 12:28
Une chose est certaine: si les britanniques n’en avaient pas eu plein les bras avec la révolution américaine, le « problème canadien-français » aurait été liquidé très rapidement. Le problème des britannique, c’était:
– l’aspect stratégique du Québec
– la majorité francophone (99%) sur ce territoire stratégique
– la faiblesse relative des effectifs britanniques au Québec
– la pression militaire des américains
Sans quoi nos « maîtres britanniques » auraient assez rapidement utilisé les méthodes habituelles d’assimilation rapide: dispersion, dilution, coercion culturelle (i.e. imposition de la langue, de la religion et des institutions britanniques). Des rapports de l’époque l’indiquent clairement.
Selon toi, Stadak, est-ce une bonne chose que les montréalais se soient montrés peu réceptifs aux discours de B Franklin? Car enfin, il n’y a eu aucun soulèvement à Montréal comme Franklin l’espérait, et les gens ordinaires se sont montrés polis mais froids aux propositions de cet orateur pourtant excellent. Les idéaux des Lumières c’est bien beau, mais quand une armée vient te « libérer », il y a toujours matière à douter. Un envahisseur vient toujours te « libérer », c’est un truc de propagande vieux comme le monde. On peut voir dans l’invasion de 1775 soit:
– une occasion manquée d’émancipation du peuple
– une réaction conservatrice du peuple (ils n’int peut-être pas cru à la sincérité de Franklin et ont préféré garder ce qu’ils avaient)
…selon notre lecture des événements.
Je dirais que B Franklin a fait une grossière erreur. Pourquoi s’arrêter à Montréal pour essayer de convaincre des loyalistes ayant fui la révolution américaine? Car enfin, à cette époque, Montréal était une ville à l’âme loyaliste (les marchands monteralers étaient nombreux et puissants). Pourquoi ne pas avoir fait la tournée des centre de population secondaires, immensément francophones et peut-être plus disposés à tenter l’aventure révolutionnaire? Des endroits comme Trois-Rivières, Saint-Jean, Terrebonne, Saint-Eustache, etc. Les canadiens-français étaient complètement désarmés à cette époque de régime militaire strict (quelques années seulement après la Conquête); les américains auraient pu les réarmer. Mais tout cela ne s’est évidemment pas produit.
Supposons que les américains aient réussi à annexer le Québec. Penses-tu que le fait français aurait pu survivre en Amérique?… Surtout quand on voit le sort des expatriés francophones des années 1880-1936, pendant les crises économiques. Ces tisserands et ouvriers qui ont tenté d’établir des communautés francophones dans le nord-est américain… et qui se sont fait rapidement assimiler. Voir l’excellente série télévisée « Les tisserands du pouvoir. »
Peut-être étions nous mieux en tant que majorité dominée au Canada, qu’en tant que minorité assimilée aux USA. Le temps a été, en quelque sorte, notre allié dans cette course à la survie culturelle. A mesure que le poids démographique des canadiens-français diminuait au Canada, leur pouvoir politique augmentait; la Confédération de 1867, malgré tous ses défauts et ses faux-fuyants, a semé le germe de l’émancipation canadienne-française, en donnant à notre peuple un début de légitimité historique et indéniable.
Je ne veux surtout pas nier ta perspective sur ces événements, Stadak; il est vrai que les événements de 1775 sont assez confus et que des compte-rendus contradictoires existent. Entre autres, il y a à Québec sur un mur une plaque qui vante la défense de la ville par les « deux peuples confondus ». C’est sûr qu’on devrait peut-être réécrire ce texte commémoratif:
« Ici en 1775, deux peuples qui ne s’aimaient pas mais qui avaient la tête dure, ont donné un coup de main incertain à l’hiver, grand vainqueur de l’envahisseur américain. Remercions ce dernier de s’être mal vêtu pour la saison, et d’avoir envoyé son grand orateur discourir avec véhémence face à des portes closes drapées de l’Union Jack, pendant que le vrai peuple cordait son bois et tricotait sa laine à l’ombre des clochers. Gageons que cet illustre fait d’armes fera tourner les éoliennes verbales dans les siècles à venir. »
Mais ne va pas croire que je me contente de répéter la propagande coloniale anglaise! Ce n’est pas mon genre. dry.gif Simplement, pour informer nos amis forumistes, je préfère faire référence à l’explication la plus documentée… celle qui sera présentée dans les manuels d’histoire de leurs enfants lorsqu’ils seront au Québec.
Quant à la guerre de 1812, les rapports sont moins ambigus et les cointributions des canadiens-français (et des femmes et des des amérindiens!!!) sont bien connues.
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Ecrit par: Par Toutatis 15-11 à 12:44
Je vous remercie pour tous ces propos fort interessants.
les Francais ne se sont effectivement pas si mal debrouilles que ca au Canada, sachant que:
1) Au meilleur de la presence francaise en Amerique du Nord, il y avait toujours 10 fois plus d’Anglais que de Francais.
2) Les Francais n’ont jamais cherche a mettre en place de systemes de colonisation a grande echelle comme les anglais.
3) Ce qui a ete motive l’aventure francaise au Canada a d’abord ete la recherche d’un passage vers l’Asie.
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Ecrit par: Zogu 15-11 à 12:45
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Ceci dit, les Français peuvent quant à moi se féliciter au moins d’une chose : ce sont eux qui ont probablement été les plus purement animés du désir de Découverte, avec un grand D.
Ouaip! Chacun sa spécialité!
Les Anglais, puissance navale, quittant leurs îles trop petites. Ils combinaient piraterie, commerce et exploration. Ils ont établi l’une des rares colonies de peuplement à avoir donné des résultats démographiques probants (avec le Brésil portugais et l’Argentine espagnole). Excellents administrateurs coloniaux, ils arrivent même à tenir l’Inde et ses dizaines de millions d’habitants avec une minuscule armée de 30 000 soldats et administrateurs. Ils n’étaient pas intéressés aux échanges culturels ou même au commerce égalitaire… mais uniquement à l’exploitation des ressources de leurs colonies.
Les Français, avec leur esprit continental. La France n’étant pas trop peuplée à l’époque, le roi ne voulait surtout pas perdre ses citoyens. Il en avait besoin pour envahir les états voisins… et pour cultiver la terre! Tel est le mode de pensée continental. Les contingents de colons — évidemment limités — s’avèrent être d’excellents explorateurs. Les Jésuites documentent de manière solide et détaillée les contacts avec les amérindiens; un aspect humain et religieux qui n’animait pas les anglais. D’ailleurs, les rapports entre Français et Autochtones ont été beaucoup plus étroits et dans certains cas, fusionnels (les Métis de l’ouest, les Abénakis de l’est).
Les Portugais, urbains et raffinés. De grands et infatigables explorateurs, de bons commerçants aussi. Assez curieusement, ils n’ont jamais dédaigné le métissage (triple métissage européen-africain-autochtone au Brésil, voir l’excellent livre « Maîtres et esclaves » de G Freyre) et n’ont pas pratiqué le génocide. Leurs contacts et leurs rapports privilégiés avec les dirigeants des empires orientaux de l’époque (Inde, Chine) ont fait d’eux les maîtres dans la diffusion des sciences et des cultures. L’épopée des jésuites portugais à la cour chinoise est fascinante.
Les Espagnols, arrogants et encore brûlants de la fièvre de la Reconquesta. Avides d’or et de domination des peuples, ils ont détruit toutes les civilisations brillantes de l’Amérique du Sud et du Mexique. Faut l’faire!!! Génocide, exploitation, esclavage, conquête, destruction… il s’agit peut-être de l’épopée la plus brutale de l’Histoire.
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Ecrit par: stadak 15-11 à 13:14
Oh boy ! Ne t’inquiète pas, Zogu, je ne t’ai certainement pas soupçonné d’être un répéteur de propagande.
D’ailleurs, s’il serait assez logique de déduire de mes propos que je crois que le sort du Québec eut été plus rose sous l’emprise américaine, eh bien loin de moi cette idée.
En fait, j’aurais plutôt tendance à croire que notre sort eut été pire. En tout cas, il est probable que le fait français eut été absorbé par la machine américaine. À tout prendre, nous étions probablement mieux d’être une minorité de 25 % qu’une minorité de 5 %.
Dans mon intervention, je souhaitais souligner simplement que notre histoire a été vraissemblablement écrite, ou en tout cas fortement orientée, en partie dans un but de propagande, dans un but d’affaiblissement des pensées collectives.
Les Québécois auraient-ils pris une mauvaise décision en choisissant de suivre les Américains ? Peut-être. Probable. Une chose est certaine, moi qui ait 40 ans, moi qui ne suis me semble-t-il pas le dernier des niaiseux, le dernier des biens-informés, j’ai ignoré jusqu’à tout récemment l’ampleur de la sympathie dont la cause américaine avait jouie au Québec et j’ignorais à quel point la colonie britannique avait faillie basculée aux mains des américains, la forteresse de Québec ayant été pratiquement leur ultime rempart contre l’envahisseur américain et contre les milices canadiennes, parce que, comme l’immense majorité des Québécois, je crois, on m’a mal informé quand j’étais plus jeune. Et pourtant, les professeurs d’histoire au Québec étaient pour la plupart très indépendantistes, dans les années 70-80. Et probablement encore aujourd’hui.
C’est dire si le travail ancien de propagande aura bien fait son oeuvre. Et encore aujourd’hui, qu’enseigne-t-on aux plus jeunes ? À partir de ce que je puis vérifier de ce qu’ils ont appris une fois rendus au cégep ou à l’université, je doute que les choses se soient améliorées. J’aurais même tendance à croire qu’elles ont empirées.
Ceci dit, tout nationaliste que je suis, je considère que, somme toute, l’aventure canadienne a été profitable aux Québécois. Cependant, à mon avis, un peuple vit et grandit comme un être humain.
Ainsi, dans bien des sociétés modernes, au Québec par exemple, il n’est pas rare que de jeunes adultes se complaisent de façon inconsidérée en « mode Tanguy » dans les jupes de leurs mères et au crochet du porte-feuille paternel, à l’âge où leurs aïeux avaient déjà fini de conquérir le Monde. Est-ce souhaitable ? Le confort y est. C’est certain. Mais pour ce qui est de faire progresser la société, on repassera.
De la même façon, ce n’est pas parce que le Québec a vécu dans le relatif confort du placenta canadien, puis dans la douceur tranquile d’une chambre à coucher du deuxième étage de la maison canadienne, que ça veut dire qu’il doive y passer le reste de son existence.
Ce qui est triste ici, c’est que le Québec s’est fait laver le cerveau de telle sorte qu’il a oublié complètement qu’il avait déjà flirté avec l’idée de se prendre un appart en ville. Il a oublié que ses « parents adoptifs » l’avait ramené à la maison avec une bonne fessée en lui disant que la place des enfants était à côté de leur coffre à jouets, bien au chaud dans les bras de maman.
Et aujourd’hui, le Québec, ne s’étant pas rendu vraiment compte qu’il était devenu adulte, ne peut se résoudre à se séparer de son coffre à jouets, ni à quitter les bras de sa maman adoptive. Comment diable trouverait seul à quelle place se trouve la pinte de lait dans le frigidaire ? Mais comment saurait-il se bâtir lui-même une maison, alors que c’est papa qui est le meilleur pour cogner du marteau ?
Tout comme cet ado qui vient livrer le journal chez moi le samedi matin. Vient-il à pied, croyez-vous ? En vélo ? En skate ? Que non. Il fait les rues de Cap-Rouge dans le mini-van de papa qui, au volant, d’un air sage (et ennuyé), attend fiston, aux côtés de maman, qui est du voyage elle aussi. Toute la famille livre le journal, en équipe, en char, avec fiston qui fait dix mètres aller-retour entre la banquette chauffée du mini-van de papa et de la boite à malle de ses clients.
Voilà une image qui sied bien à un large 50 % de ce peuple qui aime s’endormir les nuits électorales en écoutant un chapitre de « Alice au Pays des Plusse Meilleures Merveilles du Monde ».
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Ecrit par: la tuque 15-11 à 14:19
Bonjour à tous!
Je voudrais juste mettre mon grain de sel à la discussion pour parler de « l’absence »de la représentation de la Nouvelle-France dans les manuels scolaires français.
Quelques questions se posent de manière incontournable:
d’après les propos d’un universitaire de l’université de Moncton (Jacques Paul COUTURIER pour ne pas le nommer)
La France est bel et bien présente aux yeux des écoliers canadiens.Mais qu’en est-il du Canada pour les jeunes français?
Si une partie de l’histoire canadienne est française, la France intègre-t-elle à son histoire son passé nord-américain dans les manuels scolaires?
Les manuels scolaires actuels ne traitent pas du Canada.
La démarche est difficile: les contraintes en effet sont nombreuses quand il s’agit de décider ce qui doit figurer dans les pages d’un manuel scolaire ( trop de guerres ,de traités etc…) il faut faire des choix!
Cependant la dimension canadienne de l’histoire française est occultée, laissant
un immense trou de mémoire dans la tête des écoliers français!
Or, la Nouvelle-France est un élément patrimonial français ; les jeunes français devraient pouvoir le découvrir lors de leur entrée à l’école , et non pas en écoutant
tel ou tel chanteur québécois sur les ondes
Ce que la France a accompli aux Amériques aux 17e et 18e siècles ,c’est de transplanter une partie d’elle même dans un nouveau monde , changeant le cours
relatif de l’histoire du monde.Ce n’est pas rien…
LA TUQUE . un amoureux du Québec
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Ecrit par: pourquoi 15-11 à 15:14
QUOTE
Cependant la dimension canadienne de l’histoire française est occultée, laissant
un immense trou de mémoire dans la tête des écoliers français!
Plutôt la dimension française dans l’histoire canadienne, mais bon tout à fait d’accord avec toi. Note que c’est pire qu’un trou de mémoire, je viens de lire sur un autre fil, 1976 : fin du colonialisme anglo saxon. 1976 !!!!!
J’ai un sacré boulot à faire du côté histoire du Québec moi
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Ecrit par: Zogu 15-11 à 15:56
Attention… ici, Stadak est un peu « 2e degré ». Disons que les québécois vont comprendre à quoi il fait référence.
Pour votre information, quelques dates du XXe siècle:
1948: Le Canada devient un pays. Il conserve le drapeau colonial britannique.
1963: Le Québec vote la première loi linguistique, la loi 63.
1965: Le Canada se dote d’un vrai drapeau.
1970: Crise d’octobre; des terroriste québécois (FLQ) prennent des otages. La loi martiale est en vigueur au Québec et l’armée investit la province. La voie terroriste est rapidement abandonnée et désavouée par le peuple.
1974: Le Québec vote une loi linguistique à plus grande portée (mais plus modérée), la loi 22. Le français, langue officielle au Québec.
1976: Le Québec élit un parti indépendantiste pour la première fois. La loi 101 pour la défense du français est adoptée.
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Ecrit par: stadak 15-11 à 17:21
Oui, il faut me lire au 2ème degré. Mais pas complètement. En 1965, en pleine révolution tranquille, mon père, jeune ingénieur civil, était obligé de travailler en anglais à Lauzon, en face de Québec, à la Davie Ship Building.
Ça, mes petits amis, à cette époque-là, c’était du colonialisme anglo-saxon. Parce que Québec était une ville déjà très largement francophone.
La révolution tranquille a remis bon ordre là-dedans, mais il a fallu attendre le Parti Québécois pour que le Québec francophone puisse se débarasser de ses dernières chaines. Ou à peu près.
Avant 1976, ne venez pas me dire qu’on se sentait dans une métropole résolument francophone à Montréal.
D’ailleurs, ma mère me rappellait encore récemment une anecdote: en 1969, nous étions allé sur le site de Terre des Hommes. Deux ans après Expo 67. J’avais 5 ans. Nous étions dans la « ballade », ce petit train qui parcourait le site et, face à nous, était assis un monsieur français. Il était en vis… (texte tronqué)
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