malemutekid
20-10-2007 à 6:54
Convoqué aux bureaux de CIC rue Catherine à 9h45 mercredi dernier, j’ai prêté serment avec 78 autres personnes originaires de 44 pays (dont Afrique du Sud, Allemagne, Bosnie-Herzégovine, Burkina-Faso, Cameroun, Chine, Écosse, France, Irlande, Jordanie, Portugal, Russie, Taïwan, U.S.A.). Belle cérémonie, menée toutefois surtout en anglais – merci pour les francophones présents – par un juge anglophone détendu et souriant, mais qui n’a glissé que quelques phrases dans notre langue. Pas qu’on comprenne pas l’anglais, nous les francophones de la région d’Ottawa, mais enfin… La greffière, elle, était totalement bilingue et s’est exprimée à chaque fois que cela était nécessaire dans les deux langues.
Pour le reste, mon expérience n’est pas différente de ce que vivent tous ceux qui prêtent le serment : foule bigarrée, costards et vêtements chatoyants, sourires sur les visages, ambiance détendue… Discours touchant du juge, plein de conviction, pas trop « Mickey Mouse », qui insiste sur la nécessité de s’entraider, de s’impliquer dans la communauté, d’user de ses droits et de se tenir attentif et informé sur le monde qui nous entoure ; même si je suis resté un peu un gros c… de Français cynique, j’ai trouvé que cela avait de la gueule. Puis prestation de serment dans les deux langues officielles, la main droite levée (je ne suis ni monarchiste, ni croyant par ailleurs, mais je me fous complètement de promettre allégeance à la reine d’Angleterre).
Le moment le plus émouvant est la remise des cartes et des certificats de citoyenneté. Je suis un des premiers à les recevoir des mains du juge Brian Coburn : « Félichitachions ! », me dit-il avec son accent et un grand sourire. Je ne peux m’empêcher de sourire à mon tour, évidemment. Quand ce ne sont pas des individus absolument seuls comme moi (toute ma famille est en France, et mes collègues de travail et amis sont à leur boulot), ce sont des familles entières dont chaque membre arbore un sourire rayonnant sur le visage ; on sent que c’est un jour très important pour eux. Un grand type en costume chic, de type nord-africain, se penche vers le juge en lui serrant longuement la main et prononce quelques mots en français à son oreille. Puis il étreint ses amis présents, les yeux brillants, l’air de dire « ça y est, c’est fait ! ». Je me demande quelle histoire, quelle(s) douleur(s) peut-être, se cachent derrière ces quelques larmes. Ce moment doit être ressenti avec une joie et une émotion non feintes par ceux qui viennent de pays comme l’Afghanistan, la Palestine, la R.D. Congo ou l’Irak. Chacun retourne ensuite à sa place et on chante l’hymne national dans sa version bilingue, avec tous les enfants à côté du bureau du juge. Joli moment, là encore. Puis ce sont les photos avec son Honneur, et chacun, dont moi, repart le coeur léger et l’esprit fier.
Le processus de naturalisation a pris environ dix mois, dans mon cas, et cela fait sept ans que je suis au Canada. Que de chemin parcouru depuis que je suis arrivé à l’aéroport Pearson de Toronto, un beau jour d’août 2000, stressé, fatigué, la main tremblante, agitant au bout de celle-ci un papelard en échange duquel on allait me donner un permis de travail pour une année…
Je ne souhaite pas faire part ici de mes réflexions sur la citoyenneté canadienne, sur ce que c’est que d’être Canadien, sur le multiculturalisme, etc. Je voulais seulement raconter la cérémonie. Une chose est sûre, je suis fier de faire partie de la grande famille, maintenant… Je ne pense pas être devenu Canadien par opportunisme, je l’ai fait parce que j’adhère à un système et aux valeurs qu’il promeut. Tout n’est pas parfait, loin de là. Mais je ne me vois absolument pas retourner vivre en France ou en Europe pour le moment.
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