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Crise des 3 ans d’immigration

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Crise des 3 ans d’immigration

Béatrice
25-01-2008 à 15:49
Bonjour, bonjour, je suis nouvelle inscrite, et ce qui a motivé mon inscription, c’est de parler de choses que nous avons peut être, parfois hélas, en commun.
Je suis arrivée ici il y a 3 ans, pleine de ces espoirs de vie de la nouveauté et de la richesse, avec des défis nombreux, tous à relever. Mais voilà, je constate qu’après en général 3 ans, les immigrants se posent des questions sur leur réelle intégration et souffrent de l’individualisme d’autrui. J’ai commencé à avoir ma crise des 3 ans l’an dernier. Tandis que voilà plus de 10 ans que je connais des personnes (j’étais venue étudier ici en 1997), je constate qu’à l’arrivée des fêtes de fin d’année, personne ne m’invitait. Tous trop occupés, tous en famille. En famille ! Les racines sont loin d’ici, on demande inconciemment aux amis de devenir des membres d’une famille recomposée, la nôtre, mais on leur demande trop. Le soutien est alors présent et ponctuel, selon disponibilité, selon les priorités de chacun.

Je me suis cassée les dents avec plusieurs épisodes malheureux avec ceux que je pensais être mes amis. Une fois ou deux, au moment où ma famille me manquait un peu trop, au moment où j’allais être au chômage, au moment où j’apprenais la reprise du cancer chez quelqu’un qui m’est cher, au moment où mon moral était bas, j’ai cru pouvoir compter sur une amie proche pour retourner mon message téléphonique, deux minutes seulement, histoire de me dire qu’elle pensait à moi, enfin. Un peu d’humanité. Mais mes critères ne sont pas les mêmes, et je constate qu’elle m’a laissée tomber car elle avait mieux à faire. Plus important. Oh, l’essentiel d’une nouvelle relation, en fait. Blessée, je me suis mise à réfléchir à tout ça, à l’histoire du réseau social, à l’histoire de l’intégration, à l’histoire des gens confortables dans leur bulle dans laquelle vous être un intrus.

Quand je commence à parler de ça autour de moi, oh surprise, les immigrants que je côtoie délient leur langue, font les mêmes observations, souffrent de ces mêmes maux. L’individualisme, le repli sur soi, la volonté de ne pas se laisser toucher par la souffrance d’autrui, ou ponctuellement, avec l’assurance qu’il ne faut pas compter trop fort sur ceux qui ont mieux à penser. Dans le lot, des gens se démarquent, heureusement. Pour autant, le constat est celui de solitudes mises côte à côte auprès de bulles indifférentes souvent. Un étudiant me disait un jour « on a un I don’t care chaleureux ». Voilà.

Moi j’habite Québec, et il m’est arrivé, après avoir passé une bonne soirée avec quelques uns, de les recroiser dans la rue et de les voir me fuir quasiment au moment où je les salue avec le sourire. La première fois j’étais surprise ! C’est comme s’ils redoutaient que vous ne vous accrochiez à eux, soudain, ils ne veulent pas et changent de trajectoire…
J’en ai à dire en tous cas. Je pensais, à l’instar de plusieurs amis immigrants, que mon immigration avait été facile. Je constate qu’il me reste un bout à faire : ça passera, ou ça cassera. Alors que mon option du retour était totalement exclue, elle ne l’est plus.
Et vous ?

zohra
25-01-2008 à 16:13
salut,
ton témoignage est touchant,et sur certains aspects, je te dirais que nous avons presque tous vécu la même chose. Mais de là à remettre en cause ta vie au Québec,il y a un grand pas.
Es-tu sûre de ne pas vivre la même chose en France?? Personnellement,la france compte dans mon coeur par rapport à mon passé,et à ma famille proche. Le reste,je peux te dire que c’était ni mieux ni pire qu’ici. Au contraire, ici, j’ai trouvé un réseau de contact plus facile d’accès.
Peut-être qu’en france tu aurais vécu la même déception et la même solitude. Certes la famille compte,mais on ne reste pas toute sa vie auprès de ses parents ou frères et soeurs. Il faut bien faire sa propre vie aussi.

Je dois faire partie des contre exemples,car ici j’ai quelques (pas des tonnes,on s’entend) amis très proches et très précieux. Des gens qui répondent présent quand j’ai besoin d’eux et qui m’ont ouvert leur porte.

Peut-être que tu n’as pas encore rencontré les bonnes personnes. Avec le temps,et le fait de savoir choisir qui l’on fréquente ça peut changer tu sais.
En tout cas,je refuse de croire qu’un pays ou une culture soit responsable d’un isolement.
Je te souhaite de faire plein de belles rencontres.

Béatrice
25-01-2008 à 16:36
Merci Zorha, ce n’est pas que je vais reprendre l’avion demain, mais ce n’est pas exclu que je parte un jour d’ici. Ca change un peu la perspective d’immigration. C’est que je n’ai eu en France l’impression d’être laissée seule de cette façon. Je pense que la composante famille joue beaucoup ici. Je n’ai pas souffert de ce manque familial jusqu’à ces derniers temps, temps où je prends conscience d’un type de lien particulier entre les gens. Je me sens en tous cas plus proche des immigrants que des québécois. C’est la spontanéité qui parfois fait défaut : on m’a bien précisé que les visites surprises ne sont pas les bienvenues, comme c’est étrange ! Mais enfin, je suis en recherche d’emploi, et je veux essayer de trouver à Québec, même si c’est pas facile. Merci pour ce message de soutien ! Et belle continuité dans tout !

blueberry4579
25-01-2008 à 16:39
Temoignage tres interessant. Je suis d’accord avec toi sur certains points.
Mais parrallelement, en France, nous faisons probablement la meme chose que les Canadiens et les Quebecois. Quand j’etais en France, je n’avais aucun immigrant parmi mes amis. La plupart de mes amis Francais sont des gens que j’ai connu au lycee, a l’universite, voire meme bien avant. Je n’avais pas necessairement besoin d’inclure de nouvelles personnes dans mon cercle d’amis. Je pense que beaucoup de gens sont dans le meme cas.

Ici, en tant qu’immigrant, il faut se recreer un cercle d’amis, ce qui n’est pas evident. Effectivement les gens sont tres gentils et sympas, mais cela ne veut pas dire qu’ils sont prets a nous accueillir dans leur vie en tant qu’ami. Construire une relation amicale prend beaucoup de temps. Neanmoins, j’ai trouve que mes connaissances ici sont plus « ouvertes », meme si parfois c’est un peu superficiel.

Ajoutons a cela, que l’immigrant qui arrive seul aura certainement tendance a avoir plus d’attentes vis-a-vis de ses nouveaux amis que celui qui arrive en famille, precisement parce que l’immigrant celibataire n’a pas sa famille a proximite.
Comme le dit Zohra tu n’as peut-etre pas rencontre les bonnes personnes non plus.
Stephanie.

sinsnou
25-01-2008 à 18:07
Bonsoir a toutes!! et a tous oupssss llolll
Bon je trouve intéressant cette discution et j’aimerais y apporter mon point de vue …Moi je suis québécoise de naissance…j’ai toujours vécu ici et je peux dire que ces impressions ne sont pas que pour vous qui êtes arrivés ici y a quelques années…je me rend compte avec le recul que la vie sociale n’est plus ce qu’elle était ds plusieurs points..adolescente j’avais tjrs des amis(es) prête a aider…des invitations ici et là..mais les temps ont changé pour moi aussi…en vieillissant les gens autour de moi ont bati une famille…une vie professionnel et hop l’amitié est passé au dernier rang…Même moi sans m’en rendre compte je me suis éloigné des personnes qui me tenaient a coeur…Alors je me retrouve a 30 ans avec un réseau social très limité ….la famille est le coeur de ma vie sociale … je me sens parfois seule moi aussi…je me rend compte que pour la plupart des gens autour de moi c’est du chacun pour soi….ainsi va la vie faut croire!! Voilà c’étais mon point de vue …bizz

stephanelinda
25-01-2008 à 18:27
Je suis d’avis avec Sinsou
Pour la crise que tu vis, actuellement, faire une pause et notamment en profiter pour faire un séjour en France, peut peut être t’aider ? Est-ce la seule raison qui remet en cause ton immigration ?
Linda

Wlaf
25-01-2008 à 18:38
Témoignage intéressant mais tu pourrais renommer le sujet: « Peut on se faire de vrais nouveaux amis après 30-35 ans? ».

Si tu réponds OUI à cette question, la question de l’immigration n’est donc pas le problème.
Si tu réponds NON à cette question, ça revient à dire qu’un immigrant de plus de 25-30 ans n’a aucune chance de s’intégrer.

Dans les 2 cas, l’immigration elle même n’est pas la cause du problème.
vero68
25-01-2008 à 21:05
je ne pense pas que le problème soit lié à l’immigration mais plutôt à l’absence d’histoire commune…. du type années de collège, de lycée, de ballades aux mêmes endroits, de souvenirs météos …. J’ai rencontré ce soir Christelle qui habite st roch et qui avec ses 23 ans a décidé de rentrer en France pour retrouver les siens, pour se sentir moins seule. Ce n’est donc pas une question d’âge mais plutôt d’attente.
La vie est soit un long roman, noir ou drôle, soit un recueil de nouvelles, mais on attend de chacune de nos histoires un dénouement heureux. Dans nos rêves se créent des associations improbables de personnages que l’on a rencontrer à différents moments de notre vie, et souvent dans le réel, on aimerait bien que cela soit aussi facile. Mais le réel met plus en évidence ce qui sépare les êtres que leur humanité. Cela complique les échanges

un ami c’est celui qui vous rapelle votre rêve….
.
jrmd99
25-01-2008 à 21:46
L’intégration, c’est l’exact inverse de l’exclusion ( c’est pas de moi )

wanoo
25-01-2008 à 21:48
Bonjour tout le monde,
Je suis au Québec depuis presque 4 ans et je dois dire que beaucoup de choses écrites plus haut sont parfaitement pertinentes. Je suis pourtant bien ici au Québec. Et même si j’ai décidé de me séparer de ma femme, je ne conçois pas de revenir en France pour panser mes plaies. Ici, j’ai un travail que je n’aurai pas en France. Ici, les perspectives d’avenir me semblent plus prometteuses que je ne saurai imaginer en France. Et pourtant, la France me manque… ma famille… mes amis aussi…

Et ça m’amène aussi un autre point: on a le cul entre 2 chaises lorsque cela fait plus de 2 ou 3 ans que nous sommes immigrés. Entendre par là, il y a la fausse image idéale du Québec qui tombe, la recherche incessante d’amis pour refaire son réseau et la perte des amis outre atlantique avec qui il est difficile de garder des contacts serrés…

Des amis québécois? oui j’en ai… mais pas des amis aussi fort qu’en France. Avec ces derniers, nous avions un fort passé d’adolescent en commun. Quelque chose d’inestimable. Ici, c’est différent… il faut s’intégrer… et c’est vraiment pas facile…

En gros… bcp de mes amis sont Français par la force des choses (on se rassemble parceque nous avons les mêmes repères et que c’est facile de bitcher: on se soude dans l’adversité). Mais au final, en ouvrant les yeux, on voit que ces relations de français à français demeurent des bouées de sauvetage pour pas couler…
si quelqu’un a une solution… je prend…

schumarette
25-01-2008 à 22:05
Peut être as-tu raison et il existe une crise de trois ans ! En tout cas, moi, c’est au bout de 3 ans au Québec que je l’ai quitté pour aller dans l’Ouest. Et je ne regrette rien car je pense que c’était nécessaire pour moi afin de bien assimiler mon immigration, ainsi que les valeurs et les mentalités canadiennes, qui sont quand même assez différentes des notres.

Je pense que les autres ont raison de te conseiller d’aller faire un séjour ailleurs : c’est là que tu te rendras compte, que Ok, ça t’ennuie les gens qui ne s’attachent pas ou qui font semblant de ne pas te reconnaître pour que tu ne les envahisses pas, mais qu’après tout, il y a plein d’autres choses que tu apprécies.

Et contrairement à ce qu’a posté Wlaf, moi je pense que c’est plus difficile pour un jeune adulte de s’intégrer qu’une personne plus âgée. En tout cas, je m’étais fait de bonnes connaissances à Chicout, et mon mari aussi, donc on n’a jamais eu de problèmes relationnels. Par contre, mes jeunes adultes, eux, n’arrivaient pas à s’intégrer dans ces « gangs » qui étaient ensemble depuis le secondaire, voir l’école. D’ailleurs, celui qui a été au secondaire à Chicout, lui avait un petit groupe de copains. Mais mes grands du CÉGEP, juste des bonjours bonsoirs, quelques discussions, mais ça n’allait pas plus loin que la porte du collège. Et pourtant, c’est à cet âge là qu’on a bien besoin d’avoir des copains, des amis. Et ce n’est pas lié qu’aux immigrants. Comme le dit Sinsnou, j’en ai déjà discuté avec de jeunes québécois ici au Yukon, et ils disaient que cela avait été pareil pour certains d’entre eux lorsqu’ils avaient déménagé. Donc…. réfléchis bien Béatrice, ce n’est peut être que la crise des trois ans !

pouet
25-01-2008 à 23:00
Personnellement, j’ai toujours trouvé ça assez facile de me faire des amis dans des activités sportives. Les liens se nouent tellement plus facilement dans l’adversité il me semble. Pour le reste, il faut être patient et surtout ne pas hésiter à prendre des initiatives. Inviter des collègues au restaurant, parler à des inconnus, … Il y a probablement des gens qui vont se sauver en courant devant cette ouverture mais d’autres qui en seront très contents. Bref selon moi pas besoin de se compliquer la vie pour se faire des nouveaux amis mais on doit faire preuve de patience et de persévérance et avant tout dégager une énergie positive.

juliette
25-01-2008 à 23:23
Comme quelqu’un l’a dit plus haut, la question est plutot comment se faire des amis après…X années:
j’ai rencontré des françaises qui avaient un grand réseau de copines car elles ont fait connaisssances aux relevailles après la naissance de leurs enfants, d’autres en allant en cours ensemble. Moi, je croyais naivement que je rencontrerai d’autres mères au portail de l’école…ben non, je n’ai vu que des bus jaunes. Alors je suis allée travailler, là je vois des gens, mais je sens bien que je ne suis pas leur amie…ça n’empèche pas de partager sur ma viellerie, les enfants qui grandissent…et eux, ils sont intégrés ici.
Alors, m’intégrer via les futurs beaux parents de mes enfants??
Moi, des québécois, j’en rencontre plein, curieux de savoir ce qu’on trouve de bien ici et qui rit de notre naiveté: que j’aime la neige en hiver, la boite à lunch…:-)
Mes copines en france, elles étaient débordées par leurs enfants-boulot -mari, on se parlait surout au téléphone…du coup, c’est presque pareil…sauf que je jongle avec le décallage horaire et que le vendredi, jour sans boulot, je passe ma journée au téléphone.
A 40 ans, mes copines ça fait 20, 25 ans que je les connais, c’est pas la traversée de l’océan qui nous sépare, c’est le cours de la vie. ici, je pensais bien que je ne me ferais pas des amies pour la vie mais des connaissances pour faire un boute ensemble….

vero68
26-01-2008 à 10:30
on pourrait se faire une soirée rencontre entre nanas de quebec
ça me plairait assez….

Béatrice
26-01-2008 à 11:13
Très éclairant ! En fait, j’ai donné un cours à l’université sur l’interculturel et j’ai demandé à mes étudiants de donner 5 caractéristiques selon eux de leur culture. Beaucoup ont dit l’individualisme. Je pense que ça touche tous les gens qui pensent à leur besoin en premier et aux autres ensuite, éventuellement. C’est vrai aussi que ça ne touche pas que le Québec, mais c’est partout, il paraît. La seule grosse différence, c’est justement de ne pas avoir sa famille ou de famille à soi. mon réseau social est ainsi peu dense, avec des gens de qualité aussi, mais tout le monde a sa vie ! Ce que je déplore, c’est juste quand on croit pouvoir compter sur quelqu’un et qu’on se heurte à son individualisme. C’est juste qu’en ce moment, je mesure les limites de mon intégration, j’en ai touché les limites. C’est un moment à vivre, dans toute immigration je pense. Parce qu’on sait bien que rien n’est parfait nulle part. Merci pour ton commentaire.

zohra
26-01-2008 à 11:15
Via le forum tu pourrais rencontrer du monde,même s’il y a plus de français.
Sinon,adhère à un club,une association. MOi c’est ce que j’ai fait,et avec ma gang on fait plein d’activités,des sorties etc…régulièrement.

Béatrice
26-01-2008 à 11:26
Pour être moins synthétique, je dirai que c’est une question de culture, et d’interculturalité. On peut se faire des amis à tout âge, mais je me rends compte qu’à Québec, peut être n’est ce pas vrai dans les autres villes du Canada, mais les gens qui ont l’habitude de voir ou de cotoyer des étrangers sont rares. Ceux qui ont voyagé un peu, c’est rare aussi. Québec n’est pas une population très brassée, l’étranger se voit ou s’entend par son accent, et est tout de suite renvoyé à son statut d’étranger « tu es française ? Les français parlent avec beaucoup d’anglicismes », et c’est parti pour un tour ! Et c’est 50 fois par an, minimum.

L’immigration repousse les limites de l’individu coupé de tout repère et en recherche de repères. Les deux premières années sont intenses car on construit, on découvre, on retrouve, etc. Ensuite, la troisième année, on connaît son quotidien, on a un réseau, vient alors le moment où on a des baisses de moral, qu’on réalise aussi ce qu’on a quitté, pour certains le retour est impossible, etc. Puis on se retrouve confronté à un déséquilibre entre ceux qui ont leurs repères depuis toujours, et ceux qui ont de repères neufs et pas très solides. Et là, comme le dit l’adage, on reconnaît les vrais amis. Et puis, l’écrémage se fait. J’ai aussi été très déçue par des amis français qui ont intégré cet individualisme et qui n’étaient plus intéressés par mes baisses de moral, et qui m’ont tourné le dos. Les exemples, on en a tous des tas et des tas. Mais on ne peut pas tranché aussi facilement. L’immigration est une épreuve, choisie ou non, une épreuve à vivre une fois coupé de ses racines. C’est à cause de ça que moi j’ai vu où étaient les limites de mon intégration. Et ça fait réfléchir.

Béatrice
26-01-2008 à 11:42
wanoo, ce dont tu parle, on appelle ça le regroupement communautaire. Je n’ai pas d’amis qui datent de l’adolescence en France, ce qui nous lie, mes amies et moi, ce sont des périodes de vie où on s’est amusé, soutenu, dans toutes les situations. Rien n’a changé après le mariage de deux d’entre elles d’ailleurs, et même si on ne se voit guère qu’une fois par an, le contact est là, il reste fort, avec le même niveau de confiance et de confidence. Ce qui fait mal parfois, c’est de constater que si on ne va pas bien, les gens autour ont tendance à naturellement changer de sujet, ou téléphonent moins. Une de mes amies ici, pourtant proche, me faisait la remarque un jour « bon ben quand tu auras des bonnes nouvelles, tu m’appelleras ! » J’ai répondu « les nouvelles sont ce qu’elles sont, je n’y peux rien ». Mais le niveau de réception n’est pas le même. Je pense que pour l’immigration, il y a des choses qu’on ne comprendra jamais. Il faut alors les accepter. Par exemple : accepter que les gens n’aient pas envie d’entendre nos problèmes, accepter qu’ils ont mieux à faire, accepter qu’ils aient leur vie, trouver des moyens de rebondir par ailleurs, trouver les interlocuteurs adéquats de temps à autre, profiter des occasions de sourire. Je pense qu’ici on demande à nos amis d’être des substituts de famille, et c’est trop, et ils ne veulent clairement pas. Alors je sens bien souvent du détachement au moment où il faudrait resserrer les liens; il faut l’accepter. La crise est celle-ci, trouver des moyens de s’organiser par ailleurs. On se replit sur soi, un peu. Le piège, en tous cas pour moi, c’est de devenir comme ça, individualiste. Et je le refuse ! Donc, je reste ouverte, j’évite les raisonnements qui me font préférer rester chez moi au lieu d’aider un ami qui en a besoin. Il n’y a pas de solution. La différence, c’est qu’une fois qu’on touche les limites de son intégration, il faut trouver le moyen de les surmonter absoluement, parce que sinon, on met tout son espoir vers un retour incertain. J’ai une de mes amies qui est dans ce cas. J’en ai une autre qui ne peut envisager le retour dans son pays. Et tout ça permet aussi de nous comprendre. Les gens d’ici n’ont pas tous, certains oui, mais pas tous envie de savoir ce que signifie l’intégration. Et n’en ont aucune idée. J’ai moi l’impression qu’en France on est plus sociable, parce que je n’ai jamais sentie ce degré de solitude. C’est un long débat, qui mérite d’être mené à l’heure de ces foutus « accommodements raisonnables » que je ne peux plus entendre !
Autour de tout ça, oui, il y a de l’espoir !

vero68
26-01-2008 à 11:42
J’ai fini la lecture des chroniques birmanes de Guy Delisle hier soir (BD) et dans une bulle était écrit [b]`ayant [b]pris la décision de partir, j’ai pu me détendre et finalement, comme ça se passait mieux, j’ai décidé de rester`[/b][/b]
ça m’a évoqué plein de choses….

Equinox
26-01-2008 à 11:48
Bon je suis mal placé, mon métier fait que j’ai beaucoup d’amis….
Mais se servir des amis, seulement pour les baisses de moral. c’est tannant pour eux, à la longue, non ?

Béatrice
26-01-2008 à 11:59
CITATION(Equinox @ 26-01-2008 à 10:48)
Bon je suis mal placé, mon métier fait que j’ai beaucoup d’amis….
Mais ce servir des amis, seulement pour les baisses de moral. c’est tannant pour eux, à la longue, non ?

Commentaire : Ben voyons c’est pas ce que je pense du tout ! Les amis c’est pour tout le temps, quand ça va bien, évidemment, et quand ça va moins bien aussi. Je décris une crise, celle des trois ans d’immigration, pas ma façon d’être tout le temps. La crise, par définition, ce n’est pas joyeux, mais ça passe, ça fait réfléchir, grandir. Je suis un vrai réceptacle de confidences, parfois bien difficiles à entendre tant la souffrance de certains est profonde sur ce qui les touche. C’est pas pour ça que je vais passer mon chemin jusqu’à ce qu’ils aillent mieux !

Je parle donc à un niveau plus général. Evidemment, c’est facile d’être là pour des gens heureux de vivre, mais dans la vraie vie, tout le monde ces moments là ne sont pas les seuls à devoir être vécus. Quand on en est au bilan, on regarde. C’est vrai que ces temps ci je vois beaucoup ce qui est négatif… J’avoue. Mais j’avoue aussi que je suis fatiguée de toujours devoir donné le change pour ne pas embarrasser les gens que je pense proches de moi. Je sens juste que certains n’ont envie d’entendre que des choses joyeuses pour ne pas ternir leur quotidien, ne pas se laisser toucher par la souffrance d’autrui. Et c’est contre ça que je gueule.

Je dirai, pour répondre à ta question, que si quelqu’un ne vient te voir que quand ça ne va pas, oui c’est un peu lourd, on a juste l’impression d’être utilisé. Mais quand une personne est là, qu’elle va bien, puis moins bien, puis mieux, etc, c’est une continuité. Et là, je ne vois pas ce qui est tannant, justement.

Azarielle
26-01-2008 à 12:16
Ce que tu décris, il m’est arrivé de le sentir malgré que je n’ai jamais vécu d’éloignement de mes racines et des miens. Je crois que dans la vie de chacun, il y a des hauts et des bas que ce soit au niveau personnel ou professionnel. On parle des différentes étapes difficiles au boulot ou dans la vie de couple.

Chacun réagit aussi différemment à ces bas, les hauts ne posant que très rarement problème.

Moi je m’isole, mes ami(e)s appellent et je ne leur réponds même pas. Je sais que je ne dois pas faire ça, mais j’avoue que c’est plus fort que moi. Alors je me force à faire des trucs différents, je suis des cours. J’ai suivi des cours de jardinage, de scrapbooking, de fabrication de colliers, d’aquaforme, d’aérobie, etc. Je sors de mon isolement en voyant des nouveaux visages. Ça me fait du bien.

Pour moi de faire une chose nouvelle, différente de ma routine est salvateur. Et quand je reviens plus en forme auprès de mes ami(e)s, j’ai de nouveaux sujets de discussion et de nouveaux loisirs!

Bon courage, je ne sais pas si tu ressens cette sensation désagréable depuis longtemps, mais rassure-toi, les mois de novembre à février sont souvent difficiles sur le moral des gens. Il y a ce qu’on appelle les dépressions saisonnières, peut-être as-tu plusieurs facteurs qui influencent ton moral.

Les journées ont déjà commencé à s’allonger, tu dois déjà le savoir, le printemps au Québec est un si beau moment à vivre. On se dirige vers ça, lentement, mais sûrement.

mission.qc
26-01-2008 à 17:57
Premièrement , je voulais te souhaiter Bonne chance Beatrice Pour le futur.
Pour la suite, je vais te dire ma pensée peut être que tout va pas te plaire …c’est la vie on pas être d’accord sur tout.
Le titre de ton message m’a interpellé « la crise des trois ans », la célèbre crise de l’amour ….. finie la nouveauté et bonjour l’exaspération mais bon dans tous les domaines il existe cette crise amitité, char, amour, travail, etc….

Mais je ne crois pas que tu as un problème lié à l’immigratiom mais plus au manque d’amitié peut être d’affection…çà vient avec. tu parles que les gens ici sont individualistes ….c’est ce que l’on a fait en immigrant vis à vis de nos amis, qui eux vaient peut être besoin de nous … on est même surement égoiste un peu aussi.

les amis d’enfance, on découvre, on joue, on teste, on fait les premières conneries, les premieres fêtes, les premieres amours … jamais jamais on ne vivra çà à l’age adulte. à l’age adulte c’est dormir car on se lève demain, s’occuper de nos enfants, de nos parents … le temps avec les amis diminue plus on vieillit et revient ensuite quand les enfants sont partis.

Je te cite « L’individualisme, le repli sur soi, la volonté de ne pas se laisser toucher par la souffrance d’autrui ». Il faut comprendre que les amis n’ont pas le role de psy. Ils sont la pour nous épauler mais pas pour tout entendre et tout le temps.
Je suis une très bonne oreille mais des fois j’invite certains amis qui vont passé une soir;ée entiere à parler de leurs problèmes . et oui je les evite car comme je leur dit, moi apres je me sens coupable de devoir t’aider de trouver une solution, je culpabilise…. donc le transfert de souffrance est sur moi et du coup j’aide pas l’autre en résolvant ses problêmes … mais est ce que la personne qui va me livrer sa souffrance à penser un quart de seconde que l’autre souffre peut être aussi mais il ne va pas le dire …. les amis c’est fait pour le fun aussi … de plus, si tu as rencontré tes amis ici lors de soirée, je ne suis pas sur qu’il veulent assumer un role de support…. enfin c’est pas le but premier en tout cas… souvent ce role est assumé par les mais d’enfance ou la famille.

Je te cite « l’étranger se voit ou s’entend par son accent, et est tout de suite renvoyé à son statut d’étranger « tu es française ? Les français parlent avec beaucoup d’anglicismes », et c’est parti pour un tour ! Et c’est 50 fois par an, minimum.
 » ne t’ais tu pas dit qu’il voulait juste te parler, juste faire un premier pas, c’est maladroit je te le concede mais c’est juste une approche, si tu les rembarre,pas sur qu’il vont vouloir te revoir

Je trouve le message d »Azarielle a une bonne image de ce qu’est l’amitié et je suis ur que ses amis en cas de pépin serait là pour l’aider car, elle revient comme elle dit en pleine forme pour eux, et en cas de down , ils ne se diront  » tiens qu’est ce qui se passe encore ». comme le dis Doc Equinox, à la longue ……

Moi c’est très facile, je suis un solitaire, mes mais d’enfance enfin j’en ai que deux, et bien on se téléphone de temps en temps et çà nous convient . quand un a un problême on accourt. Ici j’ai des amis très très loyaux, mais je suis avec une bande à mon image très très cash, on parle des vrais choses et on se voit 4 – 5 fois par ans et çà convient à tous.
En suite, j’ai des connaissances et je suis tellement inconstant qu’on se voit pas beaucoup, ( pas vrai la gang !! surtout pour les 2 pierrot !!)

Enfin l’amiétié c’est comme l’amour c’est trop conpliqué pour avoir une recette , pour avoir des conseils mais une chose est sur le manque fait souffrir mais moi je me dit toujours une chose quand l’un ou l’autre ne marche pas : le problême est peut être moi.

Enfin voilà, je veux pas te donner raison ou te faire ton proces car je te connait pas mais en tout cas bon courage …. ah si un consil : prends çà tranquilement!

a+

Béatrice
27-01-2008 à 22:40
mission.qc, merci pour ce message, tous les avis sont bon à prendre. Comme je dis, c’est la crise des 3 ans d’immigration, le moment où on voit les différences, où on les sent, où on les vit. Comme je le disais à un autre intervenant dans le forum, les amis vont bien, moins bien, pas bien, mieux, etc, et c’est dans une continuité. Je ne trouve pas ça trop en tous cas, car je suis comme ça. J’accompagne présentement une personne dans son cancer, une autre personne dans un deuil, une autre encore, bref. Ces personnes là ont besoin de parler, de dire leur souffrance, avec leurs mots et ça les soulage. Je ne les éviterai pas parce que ce qu’elles vivent est grave, je ne me retirerai pas non plus.

J’ai, par chance, des amis super ici aussi, mais je décris surtout une crise avec quelques uns qui me semblaient proches, mais ont filé au moment où j’en avais vraiment besoin, pour une fois. Je pense que l’amitié n’est qu’à double sens, sinon, elle se vit à un autre degré. J’ai aussi des connaissances, et c’est très bien comme ça. Mais ce que je décris ne concerne vraiment pas que moi. Des couples immigrants avec enfants, des personnes seules, des couples, des hommes, des femmes, bref. L’immigration est un nouvel enracinement dans un ailleurs méconnu que l’in découvre. Il est normal que certaines valeurs sociales diffèrent, il est normal qu’il y ait des différences, tout cela est normal, mais il est un moment où on les accepte, d’autres où on a l’impression de les subir.

Quand je suis arrivée il y a 3 ans, je me souviens très bien qu’une de mes grandes amies ici vivait cette crise, et faisait, comme elle disait, une « québéquite aiguë ». Je ne la suivais pas là-dedans, je ne comprenais par de quoi elle parlait, je la trouvais excessive pour tout, elle me dépeignait un tableau si noir de son immigration ! Sans aller jusque là, je ressens mes limites. Quand j’en parle, tellement d’immigrants me disent « ça fait 20 ans que je le sais », « hé oui, c’est dur », « j’ai compris que je ne pouvais pas compter sur lui/elle », etc. Ca m’a juste ouvert les yeux sur ce que je vivais aussi. Et cette crise est nécessaire à l’implantation. Vitale. On ne connait ensuite que mieux l’endoit où on s’établit. Ensuite, il faut faire les efforts adéquats pour s’y sentir bien. Accepté. Il est là le défi. Et, quelles que soient les raisons ou motifs, j’exècre par dessus tout et du fond du coeur cet individualisme qui pour moi ne peut pas se justifier; et je refuse de le devenir pour m’adapter. Alors, il me faudra prendre la mesure de mes amités. Maintenant, je le sais. Ce n’est qu’ici que je l’ai ressenti aussi fort. Il est normal que tout ne soit pas positif. Pour autant, c’est au moins une réalité de l’immigration.

bref, bref… Voilà !

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