De Wlaf
Salut tout le monde!
Bon, ca fait plus de 6 ans que je suis inscrit ici et je crois qu’il est temps de vous livrer ma véritable experience brute de fondue une fois pour toutes Je ne vais le dire qu’une fois et chacun en pensera ce qu’il voudra, c’est en quelque sorte mon message d’adieu
Pour remettre les choses dans leur contexte :
Je suis francais d’origine, grande école x2 (Ingé + Ecole de commerce comme on dit en France), j’ai vécu dans de nombreux pays sur presque tous les continents au gré de mes jobs, et il y a une dizaine d’années j’ai décidé que je ne me sentais plus à ma place en France, ni même en Europe au sens large, et que je voulais vivre aux Etats-Unis (version cote est). Le seul truc que je n’étais pas prêt à faire c’était de lier un visa d’immigration à un job, car j’avais déjà eu l’expérience douloureuse de devoir tout quitter en moins de 15 jours sur une fin de contrat en Asie et que je ne me voyais pas fonder une famille dans ce genre de conditions instables.
Initialement j’ai donc consulté de nombreux spécialistes et envisagé toutes les options de visas possibles pour pouvoir vivre aux US dans les conditions que je souhaitais et au final rien ne m’a donné satisfaction. En clair la seule solution qu’il me restait était la loterie DV. Statistiquement, cela prendrait de nombreuses années…
C’est dans ce contexte qu’un ami m’a dit que dans mon cas je devrais considérer la possibilité d’immigrer au Canada en attendant.
Je ne connaissais initialement absolument rien du Canada, si ce n’est l’image d’Epinal que se font la plupart des français du Québec (la plupart des français ne savent même pas qu’il y a autre chose au Canada que le Québec, mais ce n’est pas le propos). Toujours est-t-il que j’ai envoyé mon dossier, qui a été accepté. Quelques mois de plus et me voilà débarquant à Montréal avec mon épouse.
Contrairement à beaucoup d’immigrants, je n’étais pas là pour améliorer ma situation professionelle, et je n’avais d’ailleurs pas de besoins financiers immédiats, ayant capitalisé des sommes relativement importantes précédemment. L’idée était plus de m’intégrer dans le mode de vie nord américain et de pouvoir enfin démarrer une famille.
Hasard ou non, j’ai très rapidement quitté le Québec en démarrant une activité basée sur Toronto, bien qu’étant en liaison permanente avec Montréal. Ce sont ces années d’expérience canadienne dont je voudrais parler ici, puisque c’est bien le sujet, mais avant tout il me faut maintenant terminer mon histoire : les années ont passées, et un jour j’ai reçu une réponse de l’US Immigration comme quoi j’avais gagné la lotterie DV. J’étais propriétaire d’une maison à Toronto, marié et un fils de quelques mois. Mon épouse et moi-même avons discuté pendant toute la soirée et nous avons conclu qu’il n’y avait pas d’hésitation possible. Nous avons déménagé dans le Massachussets et sommes très heureux depuis
Bref…
Mon expérience canadienne donc, puisque finalement si vous avez lu jusqu’ici c’est que ca vous intéresse au moins un peu :
– Le Canada est un pays relativement agréable à vivre au quotidien, mais le niveau de vie est comparativement faible par rapport aux autres pays du G8. Evidemment nul doute que cela reste attractif pour quelqu’un qui vient du tiers monde, mais il faut en avoir conscience, si vous venez d’une classe moyenne de la banlieue parisienne vous risquez d’être décus.
– Le Canada, pays inventeur du concept de « multiculturalisme », est de très loin le pays dans lequel il est le plus facile d’immigrer au monde (c’en est même limite risible), mais attention les barrières se font ensuite à l’emploi via des systèmes corporatistes ultra-protectionnistes (la quasi-totalité des métiers plus ou moins qualifiés sont régis par des Ordres…). C’est particulièrement vrai pour les diplômés haut de gamme (Master/PHD), a fortiori si ils ont de l’expérience et n’ont pas envie de reprendre leurs études à zéro à quarante ans. Si l’on est jeune et peu diplomé il y a par contre de réelles opportunités.
– Le Québec en particulier est une société vraiment à part. N’espérez pas y trouver la fameuse « Amérique en français » dont nombre de français nullissimes en anglais rêvent faute de pouvoir s’exprimer correctement dans la langue de Shakespeare (Evidemment il est très difficile d’immigrer aux Etats-Unis mais une fois qu’on a la Green Card la vie est incomparable).
Que dire donc… Globalement je suis satisfait de mon épisode canadien, j’ai obtenu ce que je cherchais, c’est à dire rien, et j’ai passé quatre années calmes, ce qui m’a fait le plus grand bien. Ha non j’ai également gagné un passeport, je ne sais pas s’il me servira un jour mais on verra bien… En tous cas il a coûté cher quand même…
Sur ce je vous laisse, probablement définitivement, en souhaitant bon courage à tous ceux qui veulent réaliser leurs rêves car la route est plus longue qu’il n’y parait !
Encore que je me réserve le droit de répondre sur ce fil si besoin est
Wlaf
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De Bouclette
Merci Wlaf pour ton témoignage et je te souhaite une belle vie aux States.
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De Benoit6ft6
Un point important : Les diplomes en France confèrent un status. Ici, non. Cette seule phrase resume le sentiment que beaucoup peuvent avoir.
Ensuite concernant le niveau de vie, c’est relatif et dépendant de tes revenus. Peut etre que tu étais éloignés de certaines réalités en France.
Personellement, j’aime la vie tranquille que j’ai ici et pense bouger uniquement au moment de la retraite, probablement en partageant mon temps entre le Quebec et l’Amerique du sud.
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De Ensaimada
Merci Wlaf ! Merci pour votre témoignage qui rejoint d’ailleurs ce que disent beaucoup de Français immigrés ici et qui ont une vision idyllique et stéréotypée du Québec.
Quant au niveau de vie, alors que tout le monde dit que c’est moins cher ici, au bout de quelque temps, ils se rendent compte qu’ils y a des choses à payer dont ils n’avaient pas à se préoccuper dans leur pays et qu’en bout de ligne, c’est kif-kif (vous savez, on n’a pas besoin de gros manteaux d’hiver en Algérie, pas de besoin de pneus d’hiver à 1000 $ qui sont maintenant obligatoires, etc. … )
Je suis contente que vous ayez trouvé quelque chose qui vous convient mieux et je vous souhaite bonne chance.
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De CESAR34
D’accord avec toi sur pas mal de chose , surtout sur le fait que beaucoup de francophones croient qu’il n’y a que le Quebec au Canada.
Bon courage pour votre nouvelle vie et bonne chance
César34
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De CESAR34
RE
N’oublions pas que le fait d’immigrer au Canada pour toi ,a plus été une obligation qu’une envie ou qu’un choix.D’où peut-être ta déception.
Tu as eu la possibilité d’avoir du recul par rapport à d’autres.
Mais j’aurai surement réagit comme ça à ta place
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De Lleo
Merci de partager tes expériences, Wlaf.
Ça donne un bon aperçu pour ceux qui ne sont pas encore là.
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De Petit-Lion
Félicitations pour ton gain à la loterie
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De marianne
j’aurais bien aimé que tu developpes ces 2 points stp … si tu veux bien nous parler encore un peu !!!
je te remercie
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De sara001
Salut,
Bonne continuation Walf
J’ai une petite demande :reviens sur ce site dans une ou deux années et faite nous un petits résumé sur la vie aux USA.
Très bon courage.
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De Wlaf
Sur le premier point, je veux dire qu’il y a plus de points communs entre la Nouvelle-Angleterre et la Californie qu’entre la Nouvelle-Angleterre et le Québec voisin. La société québécoise a ses propres codes qui sont très différents du reste de l’Amérique du Nord: la problématique linguistique, les relations entre hommes et femmes, le rapport à l’argent, etc… Les seuls trucs que le Québec a en commun avec l’Ontario par exemple c’est d’une part un positionnement politique beaucoup plus à gauche que les états des Etats Unis les plus modérés, avec un poids de l’Etat assez important, et d’autre part une stratégie d’immigration similaire (portes ouvertes mais verrouillage des emplois haut de gamme), mais ca reste un socle commun bien faible pour cimenter le Canada de mon point de vue.
Sur le deuxième point, il y a plusieurs aspects: le climat évidemment, et le pouvoir d’achat : la plupart des produits et services sont plus chers ou equivalents au Canada par rapport aux Etats-Unis alors que les salaires sont nettement inférieurs et les impôts supérieurs. Il y a des exceptions, comme partout, mais ca reste la règle générale. Enfin, les jobs supérieurs sont beaucoup plus facilement accessibles aux Etats-Unis où il n’y a que très peu de métiers reglementés (et ce n’est pas pour autant que les ponts s’effondrent ni que les traducteurs font n’importe quoi). Et il n’y a pas d’équivalent à la bonne blague du « manque d’expérience canadienne » quand on recherche un emploi.
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De egl
Pas d’accord du tout, le Québec (et probablement le Canada) traite 50 fois mieux ses classes moyennes que la France qui les laisse s’enfoncer à la vitesse grand V.
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De Benoit6ft6
C’est quoi un emploi supérieur pour toi ? J’aimerai avoir ta définition de supérieur. Pour moi si c’est en terme de responsabilité et de salaire, je peux te dire qu’une fois passé le cap des 8 ans sur place, les portes s’ouvrent à égalité.
Ensuite, les habilités politiques sont aussi importantes que celles des compétences pour évoluer dans les hiérarchies.
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De kiki75
Déjà si ils savent que le Québec c’est au Canada c’est pas mal non ?
Blague a part, je trouve cette généralité assez nulle, je trouve que question géographie et ouverture vers le reste du monde, on n’est pas les plus mal lotis.
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De Wlaf
En gros je parlais de la quasi-totalité des métiers qui sont reglementés par pur corporatisme: ingénieurs, avocats, experts comptable, architectes, géomètres, médecins et infirmiers évidemment, mais aussi traducteurs, agent immobiliers, agents d’assurance, opticiens, paysagistes, profs, etc… la liste est longue et elle représente près de 30% des emplois au Canada (et probablement 90% des emplois payés plus de 80k)
Sinon oui effectivement je veux bien croire qu’au bout de 8 ans en ayant refait toutes ses études les portes s’ouvrent, encore heureux… On peut bien sûr également monter dans la hierarchie par les postes administratifs et commerciaux ou même les jobs d’informaticiens non ingénieurs qui ne sont pas (encore) reglementés, mais le fait est qu’aux Etats-Unis la plupart des professions non médicales ne sont pas reglementées et qu’il ne faut pas des années de galère pour exercer son métier. Et il faut être réaliste on n’est pas prêt à faire les mêmes concessions à 35-40 ans qu’à 25 ni à mettre toute son expérience et ses diplômes à la poubelle.
Prenons par exemple le métier de traducteur, aux US tu peux pratiquer sans faire partie de l’ATA (American Translators Association), bien sûr d’un point de vue marketing il vaut mieux en faire partie, et pour en faire partie il suffit d’avoir un diplome supérieur quelconque (dans n’importe quel domaine) et de passer un examen qui dure 3 heures, après tu es bon ou tu es mauvais mais si tu es bon tu peux être opérationnel en quelques jours/semaines. Au Canada il faut faire des études spécialisées pour faire partie d’un Ordre à la con, sans quoi tu n’as quasiment pas la possibilité d’exercer. Pour certains Ordres c’est même pire tu n’as pas la possibilité d’exercer du tout sans en faire partie.
Mon message vient d’une constatation, c’est un bilan brut de fondue et comme je l’ai déjà dit je savais exactement à quoi m’attendre et je n’ai pas spécialement été déçu, personnellement j’ai obtenu ce que j’étais venu cherché, ni plus ni moins. Je ne suis pas parti par dépit mais parce que c’était prévu comme cela dès les départ. Maintenant le fait est que malgré une vie agréable la bas, rien ne m’a poussé à modifier mes plans initiaux.
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