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Ma maison écoénergétique au Canada

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De Zogu

Bonjour à tous! Le sujet de cet article (que je viens de rédiger) ne touche pas directement à l’immigration, mais il vise tout de même à vous informer de l’évolution rapide des concepts d’habitation verte ou « écoénergétique » au Québec. Que de chemin parcouru depuis les années 1990, où ceux qui voulaient se construire une maison « écolo » étaient franchement démunis et n’avaient accès qu’à des technologies approximatives (ou à l’opposé, extrêmement coûteuses) pour y arriver.

L’ARRIVÉE DES MAISONS « VERTES » AU QUÉBEC

Depuis une décennie, les grands projets combinant matériaux « responsables » et récupération d’énergie ont commencé à devenir visibles à Montréal. On n’a qu’à penser au nouveau pavillon de l’école Polytechnique sur les flancs du Mont Royal (certifié LEED avec récupération de l’eau de pluie, etc) et l’engouement urbain pour les toits végétaux.

Le pavillon Lassonde de Polytechnique:
http://www.bpa.ca/realisations/education/ecole-polytechnique-%E2%80%93-pavillons-lassonde.html

Toutefois, il demeure difficile pour le citoyen ordinaire de mettre la main sur une maison réellement verte (et pas juste pour la couleur des planches). Par exemple, Dessins Drummond propose depuis 2 ans des plans pour une petite et une grande maison à panneaux solaires… mais celle-ci coûte en moyenne 150 000$ de plus qu’une maison « ordinaire » de superficie équivalente et il faut, en plus, acheter et faire poser les panneaux solaires à part (déjà que tout cela est hors de prix). Ajoutons que la plupart des entrepreneurs en construction n’ont pas encore reçu une formation suffisante pour maîtriser les matériaux et les techniques.

Énorme maison écoénergétique de Dessins Drummond:
http://www.dessinsdrummond.com/detail-plan-de-maison/info/1002822.html

Comme me confiait une architecte récemment, à quoi bon installer des fenêtres à rendement supérieur si on isole mal l’extérieur des cadres. À quoi bon une maison LEED (matériaux verts) si c’est pour vivre comme un pacha ou pour chauffer des espaces « cathédrale » (plafond à 6 mètres)? Ainsi, les technologies et les modèles arrivent sur le marché et provoquent un certain engouement, en particulier chez les mieux nantis. Mais l’éducation populaire est en retard et beaucoup se font construire « vert » et « architectural », deux approches pas toujours compatibles, et le résultat manque beaucoup de cohérence.

Peut-être que je me raconte des histoires, mais j’ai souvent l’impression que l’architecture écologique, étant coûteuse, adopte trop souvent une approche élitiste et est utilisée davantage pour bien paraître que pour faire réellement un effort. Un peu comme ces gens qui supportent toutes les causes dans Facebook, sans jamais verser un sou aux organismes. M’enfin, comment justifier l’utilisation de bambou, de jute et de tek dans une maison « verte » (des matériaux qui voyages des dizaines de milliers de kilomètres), alors qu’on aurait pu utiliser de l’épinette torréfiée, de la toile de chanvre et du bois recyclé?

La question des coûts ne doit pas, non plus, être évacuée. Par exemple, une installation géothermique coûte au bas mot 30 000$ et ne sera rentabilisée qu’après 30 ou 35 ans… mais alors il faudra la remplacer, elle sera en fin de vie. Et que dire des panneaux solaires qui, lorsque mal utilisés, ne servent qu’a injecter quelques watts dans l’entrée électrique de la maison? Une goutte d’eau dans un océan de surconsommation.

Et ne parlons pas, non plus, de l’électricité sale produite dans certains états nord-américains (hors-Québec, beaucoup de mazout et de charbon), qui fait en sorte qu’en Pennsylvanie, une cuisinière électrique pollue beaucoup plus qu’un barbecue au gaz. Les choix écologiques ne sont pas évidents, par ici. J’ai vu récemment une construction très moderne, à l’architecture intégrée au paysage et toit végétal… mais il y avait un garage double et 3 voitures dans l’entrée complètement asphaltée. On n’est pas à une contradiction près!

UNE VIE MOINS ÉNERGIVORE

C’est dans cette optique que nous nous sommes mis à chercher un mode de vie un peu moins énergivore. Situation actuelle: un énorme cottage (maison à 2 étages) avec garage, total de 2500 pieds carrés (2750 avec le garage). Un énorme terrain à entretenir, une grosse piscine creusée qui ne sert que 3 mois par année, mais que nous devons entretenir pendant 7 mois (filtreur de 1000 watts, énormes barils de chlore et accessoires de nettoyage en sus). Nous avons fini par avoir un gros ras-le bol, d’autant plus que nous n’utilisons pas le tiers de la superficie de notre maison. Mais nous devons chauffer toutes les pièces, à cause du système à air pulsé. Nous n’avons qu’une voiture, mais de l’espace de stationnement pour quatre. Et nous vivons au fond d’un quartier de banlieue à 1.5km du dépanneur le plus proche et à 4km des autres commerces. Difficile de vivre sans voiture, lorsque même l’accès aux parcs est rendu difficile par la présence de fossés et l’absence de trottoirs (se faire frapper par une voiture en se rendant au parc, quelle fin idiote).

Nous sommes bercés quotidiennement par le concert des tondeuses, souffleuses et par la pétarade des motos des « voisins gonflables » de 45 ans qui vivent un retour en enfance.

Voici à quoi ressemble le rêve du banlieusard moyen:
http://www.dessinsdrummond.com/reportages-photos/detail-du-reportage-photo/info/1000242.html
(Et NON ce n’est pas une maison écologique!!!)

Notre idée d’un retour à une vie un peu moins banlieusarde, éloignée des boulevards congestionnés de la couronne montréalaise, a fait son chemin. Nous avons jeté notre dévolu sur Bromont, ville de région de taille moyenne et l’une des rares à avoir adopté un plan d’urbanisme sensé. Ici, on contrôle soigneusement la densité urbaine et la protection des espaces verts. Ajoutez à cela le centre de ski, le parc aquatique (une passe de saison familiale coûte moins cher que l’entretien d’une piscine hors-terre!), la présence de dizaines de km de sentiers de rando à travers toute la ville et les environs… c’est un choix évident.

Notre point de départ pour une maison plus « verte »:
http://www.dessinsdrummond.com/detail-plan-de-maison/info/1002965.html

Malheureusement pour nous, les prix suggérés par Dessins Drummond doivent être multipliés par 1,5x (voire 2,0x) et cela n’inclut pas le terrain, l’aménagement du terrain, la finition du sous-sol (le cas échéant), etc. Au final, le projet clé en main qui coûte supposément 200 000$, finit par coûter au bas mot 400 000$. Tout cela, pour une maison déjà trop petite pour nos besoins (nous avons deux enfants et un bureau double à la maison).

Quatre autres concepts de maisons « vertes » québécoises (éolienne, solaire, végétale, passive):
http://www.modulex-international.com/fr/maison_verte.php
Ne les cherchez pas, elles sont encore très rares hors des tables à dessins!

DIFFICILE DE CHANGER LES MENTALITÉS

Il demeure difficile d’aller au bout de ses convictions lorsque chaque promoteur immobilier offre un choix limité de modèles de maisons pour « son » projet, ou encore, il faut respecter des règles très précises. Les promoteurs spécifient par exemple qu’ils veulent des modèles de maisons « champêtres » (vive les fioritures), avec mur en bois de couleur (faire approuver la couleur) et de larges moulures de fenêtres. N’allez pas mentionner que vous voulez une maison sans sous-sol, avec des panneaux solaires ou utilisant des matériaux inhabituels, le promoteur va faire une syncope — il panique dès qu’il décèle une menace à l’uniformité de son quartier-projet. Déjà qu’il pense que nous sommes des hippies.

De toute manière, nous avons rapidement déchanté après avoir consulté divers experts du domaine. Tous s’entendent pour dire qu’une maison sans sous-sol est du « gaspillage de superficie » (preuve que la pensée conventionnelle lave les cerveaux plus blancs). Oui mais… que faire si je n’aime pas les sous-sols, que je trouve déprimants, sans compter les 30 000$ généralement nécessaires pour « finir » son sous-sol; c’est de l’argent mal investi dans un espace mal éclairé, peu utilisé et souvent humide.

Chaque argument pro-environnement rencontre une forte résistance de la part des constructeurs, qui sont souvent mal à l’aise avec les concepts évoqués. Une maison semi-enterrée… vous voulez rire! Orienter la maison vers le sud… interdit par la municipalité, qui veut des maisons toutes alignées à exactement 35 pieds de la rue! De l’asphalte beige… ça ne cadre pas dans mon projet de quartier uniforme! Etc.

Idem pour le terrain: acheter une maison neuve, c’est ajouter un autre 30 000$ environ pour le terrain (pavage du stationnement, nivellement, pelouse, trottoirs, arbres et aménagement paysager, clôture, etc). Ces dépenses et tracas, nous n’en voulons pas. Mais d’un autre côté, nous ne voulons pas habiter un appartement sans terrain dans une tour bétonnée au centre-ville. Comment avoir accès à de la verdure sans se taper l’entretien d’une immense et capricieuse pelouse?

Des projets verts, en avez-vous vu beaucoup hors de Montréal? À part le boomer un peu excentrique qui s’installe des panneaux solaires et une petite éolienne dans le fond de sa cour, c’est rare. À Montréal, il y a de réels efforts de conversion d’immeubles entiers (3 à 8 appartements) dans une optique écologique. On voit des reportages chaque mois sur telle ou telle initiative. Et voilà le noeud du problème: les installations écologiques ne sont absolument pas rentables lorsque utilisées par une maison unifamiliale. Impossible de les rentabiliser pendant leur durée de vie utile (10 ans pour les panneaux solaires, 15 ans pour les éoliennes, 35 ans pour la géothermie).

Toit végétal à Montréal:
http://www.ecosensual.net/drm/portfolio/projetpilote1.html

INTÉGRER POUR RÉDUIRE LES COÛTS

De plus en plus de promoteurs offrent des maisons écoénergétiques, de diverses manières (éoliennes, solaire, etc), mais ils se limitent à deux types de projets: les tours urbaines (logements, condos) visant surtout les retraités et les maisons unifamiliales de type chalet de luxe. Dans la seconde catégorie, le succès n’est pas toujours au rendez-vous, comme en témoigne le projet « Les boisés de l’Héronnière », lancée en grandes pompes et qui semble avoir ensuite manqué de souffle:
http://www.maisonalouette.com/french/ecoterra/041107/ecoterra-heronniere.htm

Comment, alors, rendre les projets d’habitations écoénergétiques viables sans transformer l’habitat humain en fourmilière bétonnée?

Arrive alors le concept de Passivhaus, développé initialement en Allemagne et qui s’est répandu dans le nord de l’Europe, où le climat froid justifie la rationalisation du chauffage et l’optimisation du cycle thermique. Qu’est-ce qu’une maison passive, ou « passivhaus »? C’est une maison qui n’utilise qu’une petite fraction de l’énergie utilisée par une maison « ordinaire » de superficie équivalente. Les stratégies sont multiples:
– grand chauffe-eau à énergie solaire, permettant l’accumulation d’énergie thermique
– géothermie permettant la circulation d’air à température constante (généralement 16 degrés), température ajustée ensuite pour correspondre à la zone de confort (une thermopompe fait un travail minimal pour ajouter ou retrancher quelques degrés)
– récupérateurs de chaleur dans les sorties d’air et d’eau
– plan de maison tirant profit des cellules de convection naturelles (cages d’escaliers centrales ouvertes sans contremarches)
– maisons en rangée permettant de mieux isoler et partager les systèmes coûteux
– absence de sous-sol
– orientation optimale sud pour les grandes fenêtres et nord pour la façade aveugle
– intégration à un environnement naturel (arbres matures, potagers, absence de clôtures)
– isolation thermique supérieure (fenêtres certifiées, etc)
– matériaux respectueux de l’environnement

Le secret de la réussite d’un projet de « maison passive » réside dans l’intégration et le partage des coûts. Un système de géothermie peut fournir une maison, deux maisons, six maisons à coût presque constant (ce qui diminue drastiquement le coût par unité). En répartissant les coûts et les systèmes sur un certain nombre de maisons en rangée (idéalement quatre à six maisons), on obtient une « grappe » de maisons avec une gestion optimale de l’énergie.

Habitat passif dans Wikipedia:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Habitat_passif

Le programme CEPHEUS (Cost Efficient Passive Houses as EUropean Standards) existe en Europe pour faire la promotion de projets de type Passivhaus, mais il n’existe encore rien d’équivalent en Amérique du nord. Même pas en Californie, paradis des innovations énergétiques et château-fort d’écologie expérimentale (souvent des initiatives individuelles plus que collectives, au niveau architectural). Si un mouvement naît en Amérique, il débutera probablement du côté de Portland (côte ouest, état de l’Oregon), avec la fameuse mentalité « Cascapedia ».

NOUS SERONS DES COBAYES

Après des mois de recherche infructueuse, début 2010, nous avions donc un peu abandonné nos idéaux et nos grands projets, qui nous semblaient incompatibles au final (terrain sans entretien, maison sans sous-sol, principes énergétiques coût raisonnable, etc). Une maison d’un demi-million n’est certes pas dans nos moyens. Après la tentative d’achat d’une maison tout à fait ordinaire près d’un golf, nous avons exploré du côté des condos mais sans grande conviction.

Les maisons vertes au Québec, c’est encore une question de « démonstration », c’est une rareté:
http://www.tourneemaisonsvertes.org/

C’est alors que nous avons découvert, tout à fait par hasard, un PROJET COMPLET de maisons correspondant exactement à ce que nous recherchions depuis tout ce temps. Il était là, bien en évidence, au beau milieu de la ville de Bromont. Un total de 84 unités de maisons unifamiliales « passives » avec panneaux solaires et géothermie, en grappes de 5 ou 6 maisons, dans un boisé juste derrière l’hôtel de ville, en bordure de la rivière Yamaska (qui est propre à cet endroit). Comment ne pas tomber en amour? Nous avons acheté notre unité, qui fait 1850 pieds carrés sur 3 étages, avec garage intégré et 3 balcons. Tout le bataclan Passivhaus est offert: panneaux solaires pour un énorme chauffe-eau commun souterrain (eau chaude pendant 4 jours en cas de panne d’électricité), géothermie, isolation optimale, etc.

On nous garantit une diminution de 60% des coûts énergétiques comparativement à un cottage de superficie équivalente, avec un rendement qui pourrait atteindre 80%. Aucune improvisation ici, tout l’équipement électronique est importé directement d’Allemagne. La « salle des machines » est dans un cellier sous l’unité d’extrémité, bref discrètement enterrée sous la dalle de béton et accessible par un escalier extérieur.

Ils offrent aussi des unités de condo, mais cela ne nous intéressait pas. La maison en rangée correspond exactement à l’idée que nous nous faisions d’une maison optimisée pour NOUS (deux enfants, bureau à la maison, pas de « salle de cinéma »).

Nous allons vivre dans un boisé protégé par le Ministère de l’environnement, avec nos sentiers et belvédères sur le bord de la rivière. Et même un accès aux pistes cyclables régionales, sans compter l’épicerie et les restaurants de la rue principale à distance de marche. Le rêve, quoi!

Notre future maison est dans ce projet:
http://www.parcsurriviere.com/

Puisque nous sommes dans la première phase du premier projet de cette envergure au Québec (maison livrée en avril 2011), nous serons en quelque sorte des cobayes. Mais nous serons aussi, en quelque sorte, des « évangélistes » de la construction Passivhaus, concept pratiquement inconnu au Québec. Je vous encourage à faire des recherches sur les maisons et projets correspondant à vos idéaux, si cela vous tient à coeur, lorsque vous arriverez au Québec. Merci et bonne journée… sous le soleil!

———

De Benito

Salut Zogu,

Article très intéressant, très complet.
Il vrai que beaucoup de gens se comptent des histoires avec leurs dites valeurs écologiques … qui ne vont surtout pas changer leurs habitudes de vies énergivores.

Je trouve ce projet de maison en rangée vraimment captivant, espérons qu’il soit contagieux. Quels genres de prix pour les condos et maisons ?

Benito

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