Je crois que je pourrais écrire un livre entier sur l’hiver, sur l’adaptation à l’hiver surtout. Dans ma précédente chronique, je vous disais que mon troisième hiver québécois avait été celui décisif parce que j’avais fini par voir l’hiver autrement qu’à travers des lunettes roses. L’hiver n’était plus pour moi que les sports d’hivers et les paysages merveilleusement enneigés. Il était aussi devenu quelque chose auquel je devais me préparer et surtout quelque chose que je devais gérer presque au quotidien.
Ainsi, je sais maintenant que quand il neige ou qu’il a neigé, il faut toujours rajouter au moins 10-15 minutes à son trajet quand on se rend quelque part, ces minutes supplémentaires servant à déneiger sa voiture et à essayer de sortir de son stationnement si celui-ci n’est pas dégagé.
Je sais que même pour descendre ses poubelles, il faut mettre son manteau, remonter sa fermeture éclair et surtout, mettre ses bottes. Oui, oui, je suis déjà descendue en pantoufles pour remonter aussi sec enfiler mes bottes et sortir mes poubelles.
Je sais qu’on peut avoir les doigts gelées rien qu’en sortant une main de sa mitaine pour remonter la fermeture éclair de sa veste ou pour ramasser ses clés tomber par terre.
Je sais qu’il faut avoir des bottes appropriées pour marcher sur les trottoirs glissants sous peine de se retrouver, comme moi à l’hôpital, pour une entorse à la cheville. Exit les talons aiguilles mesdames, ou alors seulement quand on a deux ou trois mètres à faire entre la voiture et notre point d’arrivée
Je sais que lorsqu’il annonce une tempête de neige, il vaut mieux éviter de partir à la campagne dans Charlevoix ou dans le Bas du fleuve parce que les routes pour rentrer à Québec pourront être fermées le lendemain ce qui nous obligera à appeler notre boss le lundi pour lui dire qu’on ne pourra pas revenir travailler.
Je sais que quand on travaille, il peut être très utile de sortir tous les midis prendre une marche sous peine de déprimer à cause de l’absence de lumière. De fin novembre à fin février, en général, quand on part de chez soi pour aller travailler, il fait nuit et quand on revient aussi.
Je sais qu’il est très pratique de laisser une paire de chaussure sur son lieu de travail qu’on enfilera tous les matins. On évite ainsi de se chauffer les pieds toute la journée dans nos bottes d’hiver et surtout de traîner avec nous la neige remplie de sel et de calcium qui s’accrochent à nos bottes.
Je sais que certains habits comme les jeans sont déconseillés par grand froid. Si l’été, on évite de porter du noir parce que ça attire et garde la chaleur, l’hiver, c’est les vêtements en jean qu’il vaut mieux éviter.
Je pourrais continuer sur des pages et des pages comme ça. Ce qui me fait apprécier l’hiver maintenant, ce sont tous ces apprentissages que j’ai réalisés. Sur le moment, c’est vrai que ce n’est pas drôle de tomber, c’est vrai que ce n’est pas drôle de se trouver coincer à Kamouraska parce que l’A20 est fermée. Et si l’autoroute est fermée, ne parlons même pas des routes secondaires. Mais quand on y repense, on se dit que l’hiver québécois se compose aussi de ça : de moments qui nous font rire plus tard.
J’aime l’hiver. J’aime la neige. J’aime le ski. J’aime le ciel d’un bleu limpide qu’on ne voit qu’au Québec. J’aime la lumière unique que la neige apporte aux paysages. Et j’ai appris à vivre avec les contraintes de la neige et du froid. De toute façon, il vaut mieux car comme on dit : au Québec, soit c’est l’hiver, soit c’est bientôt l’hiver. Mais, je suis maintenant une vraie Québécoise, je vais dans le sud une semaine en février chaque année. À partir du mois de mars, je commence à chialer contre ce maudit hiver qui n’en finit plus. Et début mai, je suis vraiment heureuse de voir l’été arriver.
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