Pharmaciens sans frontières
Alors comme ça, le Québec serait prêt à aller chercher des pharmaciens à l’étranger alors qu’il s’agissait depuis longtemps d’une profession fermée à l’immigration. À première vue, si cela peut permettre à certains de réaliser leur rêve d’installation au Québec, aux pharmaciens québécois de partager une charge de travail excessive et aux patients de bénéficier de meilleurs services, tant mieux. Toutefois, on peut aussi se poser quelques questions.
Tout d’abord, n’est-ce pas un aveu implicite du manque de pertinence des pratiques récentes de l’immigration? Après tout, en se coupant volontairement de ressources humaines venant de l’extérieur, le système de santé s’est lui-même placé en situation de pénurie de main d’œuvre. Et il est difficile de croire que personne n’avait remarqué que la baisse des admissions aux programmes scolaires allait déboucher sur un nombre de nouveaux diplômés inférieur à la quantité de postes à combler. Pour la gestion proactive, on repassera !
D’autre part, ne peut-on pas supposer que ce soudain volte-face correspond à un besoin de sortir de l’enlisement, le résultat important plus que la manière ? Ainsi, lorsque le président de l’ordre des pharmaciens parle de « piste probante à court terme« , cela ressemble fortement à une mesure d’urgence. Et lorsqu’il précise que « l’augmentation des admissions dans les facultés se fera sentir dans quatre ans environ« , je suis tenté d’interpréter ceci comme « on leur ouvre la porte aujourd’hui, mais on les jettera par la fenêtre plus tard !«
Comme bien souvent, les intérêts partisans mènent en partie les débats. L’ordre professionnel doit contenter ses membres et le gouvernement fait face au double mécontentement de la majorité des usagers et des professionnels du système de santé. Comme ce fut déjà le cas avec des infirmières, un petit quota d’immigrants pourrait constituer une solution rapide et peu coûteuse. Mais face à l’urgence de mettre en place une mesure, leurs intérêts seront-ils pris en compte? Ou, en d’autres termes, veut-on de nouveaux citoyens ou une roue de secours ?
Fabien
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