Une nouvelle fois je suis indiscipliné dans l’envoie de mes chroniques. Comme excuse du jour, je vais encore sortir l’éternelle phrase : je suis débordé. Mais cette fois, ce n’est ni à cause du travail, ni à cause des rénovations dans la maison. Aujourd’hui, je suis débordé d’amour ! D’où l’apparition de préoccupations autres que d’écrire une nouvelle chronique et une difficulté supplémentaire à trouver de l’inspiration. Mais je vais me reprendre…
Après de longues tergiversions cérébrales, j’ai eu l’idée de vous narrer quelques histoires vécues au-travers de ma quête vers un réseau social au Québec. En effet, autant nous autres les immigrants nous quittons famille et amis de notre pays d’origine, autant nous avons besoin de combler se vide dans notre nouvelle terre d’accueil.
Aux nouveaux immigrants, des voies leurs diront d’emblée :
« – Créez-vous un réseau social pour trouver de la job ! »
Oui, mais….. si c’est la job qui vous permet de bâtir les fondations de votre réseau social! Si je prends mon cas, la majorité de mes amis découlent d’une job. Aussi, il est illusoire de croire qu’il est aisé de transformer des collègues de travail en amis. Cette tâche est plus fastidieuse qu’il n’y parait. De nombreuses tentatives et peu d’élu. Les amitiés sont d’autant plus inaccessibles lorsque que vous travaillez avec des personnes d’une autre classe d’âge et/ou déjà en couple. À date, les seuls emplois m’ayant permis de concevoir facilement des amitiés ont été mon travail dans un petit organisme communautaire environnemental regroupant une équipe de passionnés d’environnements (granos) et mon travail au sein d’une compagnie d’inventaire qui nous barouettait (trimbaler) de magasin en magasin, d’hôtel en hôtel. Comme dirait Coluche : « nous étions une bande de jeune on se fendait la gueule ». Forcément autant de promiscuité lie des amitiés.
Une fois arrivé au ministère de l’agriculture dans la ville d’Alma, un de mes premiers amis a été un autre collègue issu d’une autre région et célibataire aussi… D’autres ont suivis, mais ceci a été possible à force de ténacité et d’aller en avant. Personne ne viendra vous prendre par la main. Il y aura bien quelques invitations issues de la curiosité et de la politesse québécois au début, mais la flamme amicale s’éteindra rapidement si vous ne l’entretenez pas.
Certains souligneront l’idée d’étoffer son réseau social par l’adhésion à des organisations communautaires ou sportives. Pour ma part, je suis inscrit à un club de vélo de route et un club de course à pied à Alma. Ces implications ont pour résultat de connaître beaucoup de monde, de passer de bons moments. Mais en bout de ligne, ces relations amicales ne dépassent jamais les frontières des activités du club. Est-ce le simple fait que je sois mêlé davantage à des générations plus âgées ou que je ne vienne pas de la place !
L’âge est un bon point ! Une ville comme Alma est une ville plutôt vieillissante. L’âge médian est de 43,1 ans contre une moyenne de 41 ans au Québec.
Sur le tableau ci-dessous, la population y est représentée :
Ages Alma Province
15-24 13 % 13 %
25-34 11 % 13 %
35-44 14 % 15 %
45-54 19 % 17 %
Pour résumer ces chiffres, mais surtout vous donner mon avis, des jeunes de 20 ans et des adultes de plus 35 ans me paraissent nombreux. Par contre entre les deux il semble exister un vide. Ce dernier correspond peut-être au départ des jeunes de la région pour les études ou le travail. Certains reviennent avec une famille… vers l’âge de 35 ans. Je suis réellement dans une classe d’âge sous représenté. Si en plus j’y enlève les couples casaniers, il ne reste plus grand choix de rencontre, ne serait-ce qu’amicales.
En passant, la légende comme quoi au Saguenay-Lac-Saint-Jean, il y aurait sept filles pour un gars est digne de discours de fabulateurs après une soirée bien arrosée sur la terrasse d’un bar !
D’ailleurs dans le souci de rétablir un bilan migratoire positif, la région a mis en place deux organismes : Porte ouverte sur le Lac et MigrAction. Le premier accueille les immigrants en région, participe à leur intégration sociale et professionnelle par le biais d’aide pour la rédaction de curriculum vitae, la recherche de logement, la diffusion d’offre d’emploi et l’organisation d’activités sociales (soirée conviviales, visite d’attractions touristiques, randonnées…).
Le second est un organisme chapeauté par les Carrefours Jeunesses Emplois de la région (il en existe partout au Québec, mais je ne sais pas si ils ont des initiatives similaires). En plus de les aider entre autre à rechercher un emploi, ils offrent des compensations financières pour des activités (sportives) et des frais occasionnés par leur installation (déménagement, raccordement téléphone et électrique), diffuse les formations.
Ces deux organismes sont soutenus financièrement par une multitude de partenaires dont la région, la province, les Caisses Populaires Desjardins….
À ceux qui désirent s’établir au Saguenay-Lac-Saint-Jean, je vous conseille fortement de communiquer avec ces deux organismes. Je ne sais pas s’il en existe des organismes similaires au Québec. Profitez-en ils sont là pour ça !
Pour en revenir à la quête du réseau social. Je trouve que celle-ci est semée d’embûche, néanmoins, j’imagine qu’il est plus aisé de créer des affinités avec la population lorsque tu es parent d’élève. À moins que tes enfants ne se fassent aucuns amis !
Même avec mes voisins les rapprochements reste tout au plus cordiales. Nous nous envoyons la main (se saluer), échangeons quelques banalités accompagnées parfois une ou deux anecdotes récentes. Seul mes voisin d’en face sont plus chaleureux du fait qu’ils ont 80 ans, ils ont besoin d’un peu de compagnie.
Hormis eux et mes deux voisins respectifs, le reste de ma rue ne croise même pas mon regard. Chacun reste à ses affaires et chacun reste chez soi.
Une dernière option pour établir un réseau d’amis c’est de pratiquer la colocation. Ce moyen m’en a fait voir des vertes et des pas mûres. Je vous en ferais part dans une future chronique.
Après avoir lu toutes ces lignes, vous devez sûrement me qualifier de pessimiste ! Il faut dire aussi que je n’ai pas toujours eu une situation très stable. Les pires ennemis d’une vie sociale est l’instabilité géographique et professionnelle ! Or cela a été longtemps ma spécialité. Néanmoins c’est le meilleur moyen d’acquérir de l’expérience.
Aussi, je ne veux donc pas non plus vous faire peur à propos de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Après trois ans à Alma, j’ai quelques amis et de nombreuses connaissances. Je vis très biens avec cette situation. Il faut simplement être patient et adopter les attitudes qui conviennent ici… Dites-vous que même pour un québécois c’est difficile, s’il ne vient pas de la place (natif de la région).
Apprendre à être davantage diplomate, ménager son franc-parler, mettre de côté ses frustrations démonstratives… Les québécois ne veulent pas faire de vous des néo-québécois mais des néo-français qui emploient des codes de vie similaires pour éviter de leur tomber sur les nerfs.
Je n’ai pas de recette pour réussir, si ce n’est qu’il faut explorer toutes les avenues pour en arriver à développer un réseau d’amis.
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