Au Yukon, l’hiver est plus rapide que le temps.
Et pourquoi Frenchpeg, qui se la coule douce sur la Côte Nord, à prendre des photos de beaux paysages et à écouter chanter les bélougas qui lui donnent plein d’inspiration pour ses futures chroniques, moi, je suis sédentaire depuis au moins 2 semaines, enfermé dans un bureau où je travaille comme un castor ? Hein ?
Et pourquoi Curveball, il se permet de ne plus nous régaler de sa chronique mensuelle, et pourquoi moi, je n’aurais pas droit à un petit répit ? C’est pas juste, tout ça….
Depuis trois jours, ça fait au moins deux heures que je recherche désespérément un sujet passionnant, entre deux réunions, pour que vous rêvassiez un peu à l’intérieur de votre petit condo citadin ou en attendant votre visa.
Cette semaine, je n’avais rien envie d’écrire. Pas d’idée. La semaine dernière non plus, mais ça s’est pas vu…. Ma blonde qui aime bien mes chroniques me l’a dit.
Cela fait quelques temps pourtant que j’aimerais bien vous parler de Dawson City, je voudrais vous emmener dans cette petite ville nordique anachronique du bout du monde. Néanmoins, j’ai peur d’être incapable de rendre l’atmosphère exceptionnelle que cette capitale de l’or, des pionniers et du tourisme estival inspire. Alors, je vais attendre d’y aller une deuxième fois pour bien m’assurer que je n’ai pas rêvé, que tout est bien réel, que ce n’était pas un mirage perdu dans la montagne, rendu palpable grâce à l’été indien et les couleurs magiques de l’automne, et puis je vous raconte tout, promis, sauf un truc qui ne vous regarde pas pis que ma blonde ne doit pas lire. Je ne vous parlerai donc pas de ma partie de strip poker dans un saloon où j’ai perdu mes bottes et d’autres habits aussi pendant que les danseuses de french cancan se dandinaient sur la scène au lever du rideau, dans leurs robes de dentelles, au son du guitariste qui jouait du piano sans se faire tirer dessus….
Ici, depuis deux jours, tout est blanc. Hier, quand je me suis réveillé dans ma cabane, je pensais d’ailleurs que c’était une blague, que quelqu’un avait posé de l’ouate partout sur la fenêtre au-dessus de la mezzanine. J’étais pourtant bien réveillé. Que c’était beau…. des gros flocons tombaient sur ma maison comme sur une carte de vœux à Noël. En une nuit, tout mon jardin et mon tas de bois étaient méconnaissables. Maintenant que le soleil est revenu, tout mon décor s’est complètement transformé. J’ai à peine eu le temps de profiter de l’automne et voilà que hier, déjà l’hiver pointait le bout du nez, en force. Et cela va durer pendant encore une petite dizaine de mois.
Ce matin, j’ai donc mis mon short et mes sandales à la lessive et puis j’ai épousseté mes pantalons, ma belle chemise canadienne en coton chaud, ma pelle et mes bottes SOREL qui avaient pris la poussière à Vancouver.
Une demi-heure après le déneigement de mon pare-brise, j’ai démarré et, sûr que j’étais sur mon sentier, j’ai roulé sur ma pelouse puis j’ai dérapé jusqu’à la route de gravelle enneigée où j’ai continué à progresser lentement, avec l’aide du 4 par 4 du Jeep, jusqu’à la vrai route, enneigée aussi. Devant moi comme sur Canal Évasion, une chaîne de montagnes majestueuses se dressait. Sur le côté, des grands sapins blancs et, derrière, mon chat qui était resté coincé sur mon pneu de secours. Un peu distrait par la tournure des événements, j’ai failli rentrer dans le wapiti qui a traversé la route en bondissant à pattes jointes avant de rejoindre les chasseurs qui l’attendaient certainement dans le bois de l’autre côté.
Ce matin, j’étais heureux comme un Yukonnais, plus encore que les autres jours. Dommage que je m’en aille à nouveau.
Bienheureux ceux qui sont en vacances à la neige au Yukon ou en Alaska. Parce que moi, je pars en voyage d’affaire à la pluie à Toronto dès la semaine prochaine. J’envie tous ceux qui seront aux sports d’hiver à Whitehorse pendant que je serai aux sports d’automne en Ontario. J’ai regardé la météo, c’est pas terrible. Même à Vancouver, ils n’ont pas prédit autant de flotte. Et dire, que je devais initialement aller à Moncton, au Nouveau-Brunswick, et profiter du plus bel automne qui soit, au cœur de la belle Acadie…. au lieu de cela, c’est sous les averses intermittentes, dans le béton froid du centre ville de Toronto, où les gens travaillent trop en mangeant du hot dog, tout serrés dans les streetcars (les petits trams comme à San Fran) et où les autoroutes sont payantes, qu’on m’envoie…. et mon voyage dans les Provinces de l’Atlantique est reporté.
La prochaine fois, c’est sûr, je vous emmène à Dawson. À moins que vous préfériez une chronique sur Toronto. Laquelle risque d’être moins passionnante cependant….
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