Comme beaucoup de mes compatriotes français, je suis en train de vivre mes premières élections présidentielles en tant que Français à l’étranger. Je dois bien dire que… quelque part, et à tous points de vue, ça fait drôle. Dommage par ailleurs que le calendrier des chroniques ait fait en sorte que ma chronique tombe quelques jours avant, et non après ! Mais c’est ainsi. Il m’a été impossible de trouver des chiffres précis sur le nombre de Français résidant au Canada : je sais simplement qu’ils sont environ 120 000 et que 92% d’entre eux sont établis au Québec. 40 000 d’entre eux sont inscrits sur les listes électorales. Un petit nombre qui, ajouté à ceux des autres pays, pourrait bien faire la différence.
Mes collègues de travail et nos amis nous demandent régulièrement et avec curiosité : "Alors, c’est bientôt les élections ! Sarkozy ou Ségolène?" En ce qui me concerne, j’ai mon point de vue sur la question… mais en qualité de chroniqueur soucieux de maintenir un climat de paix sur le forum d’Immigrer.com, j’essaierai de ne pas trop m’épancher sur le "pour qui" et le comment de mes opinions. J’essaierai… mais je peux très bien faillir à ma tache, vous êtes prévenus ! Ceux qui me connaissent ou me lisent régulièrement, ici-même, sur le forum ou sur mon blogue, savent très bien de quoi il retourne. Il y a aussi une autre question qu’on me pose : :"Pi y’en a un troisième là… Bayrou c’est ça? C’est qui lui?" Alors là, je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec le résultat des dernières élections provinciales au Québec et plus particulièrement Mario Dumont. Je leur réponds donc que, Bayrou, c’est un peu le troisième homme, qui n’est pas vraiment de gauche mais pas vraiment de droite non plus, tout comme Mario Dumont qui n’est ni fédéraliste ni souverainiste. De là à le voir débarquer au second tour, rien n’est moins sûr, mais il est pour l’instant impossible d’écarter cette possibilité.
Il y a encore quelques semaines, j’hésitais. Je suis passé par une longue phase de doute, pendant laquelle je me posais la question de l’utilité, voire de la légitimité de mon vote, moi qui suis à 6000 kilomètres du "pays qui m’a vu naître", comme il me plait de le dire. Pourquoi devrais-je voter. Oui, pourquoi devrais-je voter pour les élections présidentielles françaises, alors que je ne réside plus en France depuis presque trois ans ? Quelle influence mon vote aura sur ma propre vie ici, à Montréal ? Pourquoi devrais-je imposer les conséquences de mon vote aux Français de France, alors que je n’habite précisément plus en France ? Ces questions sont, selon moi, parfaitement légitimes. Depuis, mes réflexions sur le sujet ont suivi leur cours, et ont abouti à la conclusion inverse : il faut que je vote, d’autant plus parce que je suis un Français à Montréal, un Français au Québec, bref, un Français à l’étranger. C’est d’ailleurs très prétentieux, voire carrément hautain je l’avoue, mais j’en suis venu au constat suivant, que j’assume pleinement :: moi qui suis un Français établi à l’étranger depuis presque trois ans, mon point de vue sur la France a changé. De l’extérieur, mon regard s’est aiguisé. J’ai une bien meilleure idée de la façon dont La France est perçue à l’étranger, et à vrai dire, je n’en avais aucune idée il y a trois ans. De même, je distingue avec des yeux neufs ses forces, et ses faiblesses. Mais surtout, fait-il l’admettre, ses faiblesses. Maintenant que j’ai des yeux pour voir, il faut que je fasse profiter la France et les Français de cette connaissance, que les médias français aveuglés, aveuglants et si partisans refusent d’admettre. Une façon de le faire, c’est en votant. Et j’y vais, c’est maintenant décidé, les 21 avril 5 mai prochains.
Je me dis aussi de temps en temps que j’aurai aimé être en France pour suivre avec plus d’assiduité tous les débats en lien avec les élections. Regarder A vous de juger sur le site de France 2, pendant 2 heures, sur un petit écran en 320 sur 240, non merci. Et je n’ai qu’un iPod de troisième génération, blanc, avec une molette tactile certes mais sans écran couleur ni possibilité de regarder des vidéos. Je n’ai pas non plus le courage, ni l’envie, de brancher le laptop sur la TV, pour nous bloquer une soirée télé à regarder un débat passé date… Alors, à défaut de pouvoir suivre de façon régulière les émissions politiques qui me manquent tant, je me suis récemment remis à regarder le JT chaque soir, histoire de connaitre les "faits saillants" de la campagne du jour, en plus de lire plus régulièrement les principaux quotidiens français sur le web. A un point tel que maintenant, nous l’enregistrons, afin d’être certain de pouvoir le visionner en rentrant à la maison. C’est dire !
Les élections en France sont donc un sujet qui attise vraiment la curiosité des Québécois et des médias québécois, à un point que j’étais loin d’imaginer. D’une façon générale, au Québec, si l’on est comme moi un fidèle auditeur de Radio Canada ou du FM parlé de Montréal, ou un fidèle spectateur de la première chaîne de Radio Canada, il est difficile de ne pas entendre parler de la France au moins une fois par semaine, pour x raison, et ce en dehors de tout évènement particulier comme la crise des banlieues ou le lancement du nouveau Airbus A380. Inutile de dire donc qu’en ces temps d’élections, le sujet est maintenant quasiment quotidien. On entend régulièrement un journaliste ou un envoyé spécial parler des dernières déclarations qui ont fait jaser. Et quel plaisir, quelle joie de pouvoir profiter de l’objectivité des médias québécois, elle qui contraste tellement avec les médias en France… Bien entendu, Ségolène soulève les foules ici aussi, peut-être même encore plus qu’en France d’ailleurs, puisque elle est… une femme. La déclaration d’un certain Laurent Fabius, "Mais qui va garder les enfants ?", avait fait grand bruit ici, et pour cause. En France aussi, heureusement, cela dit. Et enfin, chose certaine, même les Français de Montréal ne sont pas complètement à l’abri du tapage médiatique de gauche : les quelques invités français que j’ai eu l’occasion d’entendre chez Christiane Charette ne se sont pas privés pour vanter les mérites de la future présidente "Royale". Attendons 14 heures dimanche qui vient, nous en saurons déjà un peu plus.
Pour terminer, pour ceux que ça intéresse, ceux qui ont un blogue, un laptop et l’envie de bloguer sur les élections françaises, ou tout simplement ceux qui ont envie d’être là, ce dimanche se tiendra au Café Méliès un rendez-vous de blogueurs. L’expérience a l’air intéressante, et c’est l’occasion de se retrouver entre Français, principalement. Un jour comme celui des élections présidentielles, je ne vois pas de mal à ça.
Bon, sinon euh… j’ai manifestement failli à ma tâche de chroniqueur – voir premier paragraphe – tant pis.
Allez ! Français de Montréal, Français du Québec, Français du monde : votez !
Leave a comment