Bagages pour Montréal.
Me voilà donc face à ma première « page blanche ». Face à cette première chronique, qui ressemble tant, dans le fond, à ce qu’est une immigration : une page blanche dans le livre de notre vie.
J’aime d’ailleurs souvent comparer la vie à un livre. Ou devrais-je dire à un ouvrage ! Le double sens de ce terme est beaucoup plus révélateur. On ne repart donc jamais de zéro. Notre passé est là, juste inscrit sur les pages précédentes. Changer de pays, c’est commencer un nouveau chapitre, commencer de nouvelles expériences. Mais notre vécu, lui, il est toujours bel et bien présent, jamais très loin.
Évidemment, une immigration, de nos jours, ne ressemble en rien à ce qu’ont connu nos prédécesseurs du siècle dernier. Finis les vieux cargos rouillés et surchargés qui déversent un flot d’immigrants européens sur le port de Montréal. Finies les longues files d’attentes pour faire étamper son visa. Même s’il est difficile de trouver un logement à Montréal, nous avons la chance de ne pas être entassés dans des entrepôts désaffectés le temps de trouver un travail.
Loin donc de ces images de documentaires historiques, l’immigration n’en reste pas moins une aventure et ça serait une grave erreur que de sous-estimer ce qui nous attend. Nos bagages, il faut bien les poser quelque part. Notre vie, il faut bien la reconstruire. L’erreur serait de penser que notre nouvelle terre d’accueil va s’adapter d’elle-même à notre arrivée, comme si elle n’attendait que nous. C’est à nous de faire l’effort d’adaptation à un nouveau style de vie, non pas l’inverse.
L’immigration n’est donc rien d’autre qu’une grande et belle aventure. L’aventure avec son lot de bonnes, mais aussi de mauvaises surprises. Ce qui est le plus frappant, je pense, c’est de constater le fossé qu’il y a sitôt que l’on passe du statut de « touriste » à celui « d’immigrant ». On voit les choses de manière tellement différente, comme si l’on redécouvrait une nouvelle fois le Québec. Même après huit mois passés ici, je me surprends parfois à me pincer en me disant : « Bon Dieu, je suis à Montréal ! C’est tellement dingue ! ». Mes bagages à moi sont donc posés. Mais l’aventure ne fait que commencer et ma page blanche a fini par se remplir, tout comme ma nouvelle vie ici….
Jean-Philippe
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